
La consult’ de Melody #25
Vous connaissez cette phrase ? « Ce soir, pas plus de 2 verres ! » Quand on se persuade de garder le contrôle de nous-même pour maintenir un semblant de vie saine et responsable. Sauf qu’à force de faire barrage, la moindre brèche fait exploser la digue et déverse un peu trop de tequila. Beaucoup trop. C’est comme ça qu’hier soir, j’ai descendu en moonwalk la pente vers la gueule de bois.
Heureusement, le lendemain c’était dimanche et j’aurais dû me sentir soulagée de pouvoir ramasser chaque petite parcelle de ma sobriété afin de ranimer l’adulte responsable décédée hier soir après la première bouteille de vin. Sauf que le dimanche n’est plus ce qu’il était. Finie l’insouciance de la journée canapé sans se laver ni s’habiller, à longer les murs de l’appartement dans le noir en fuyant les miroirs comme un vampire. Finie la satisfaction de manger n’importe quoi pour éponger le poison alcoolisé comme un remède infaillible qui finit par achever notre mutation en sombre merde. Finie la tranquillité de la solitude honteuse à se remémorer heure par heure le fil de la soirée et s’entendre se répéter comme un mantra « plus jamais ! ». Finie l’inactivité dominicale traditionnellement observée pour se remettre d’une semaine de dur labeur ou tout simplement, d’une semaine.
Désormais, le dimanche doit être productif dans son inactivité. Il faut se promener, bruncher, faire les brocantes, le marché, s’inviter, se téléphoner, et même pour certains…préparer sa semaine ! Je ne connaissais pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire d’ailleurs « préparer sa semaine ». Je prépare une valise moi, mais une semaine je la subis. Pour moi, le dimanche, c’est sacré. C’est bien le seul rite religieux que je veux bien respecter d’ailleurs. Mais les traditions se perdent manifestement. Et c’est regrettable. D’autant qu’une gueule de bois, pour le coup, ça se prépare !
Le moindre impératif ou la moindre contrainte se transforme en supplice. Quand le corps se réveille, bien trop tôt, pour réclamer réparation et hydratation, force est de constater que le frigo est vide. Aucun aliment n’est suffisamment gras ou sucré pour satisfaire la pulsion démoniaque de la faim creusée par l’alcool. « Plus jamais ! » Il faut donc parvenir à se mouvoir dans des vêtements suffisamment confortables pour s’extraire du lit et se mêler au monde qui continue de tourner quand on voudrait arrêter le temps.
Dans la rue et le Franprix, les gens sont réveillés, joyeux et en pleine forme. On croirait qu’ils sont heureux, c’est insupportable. « Plus jamais ! » Dans les rayons il faut choisir ce qu’on veut manger. Il ne faut pas faire d’erreur, la décision est cruciale. En cas de doute, on prend les deux. Et merde ! Il y a la queue à la caisse. Des crampes dues au vin blanc apparaissent au niveau des mollets. Vieillir c’est moche. Attendre debout, lutter contre la faim, la fatigue et la nausée, c’est nul ! Un supplice je vous dis. « Plus jamais ! » Le téléphone est assailli de notifications et de messages nécessitant une concentration douloureuse et quasi impossible. Sauf en cas d’extrême urgence, il est inutile de prendre le risque de se confronter à la réalité. Se maintenir en vie et en équilibre relève déjà de l’exploit. On réalise qu’on aurait dû se faire livrer. La surestimation, quel vilain défaut. « Plus jamais ! » Surtout qu’il va falloir cuisiner. « Plus jamais ! » La médication par les lipides arrive enfin. Il est déjà 15h et maintenant il faut écrire une chronique ! « Plus jamais ! » « Plus jamais ! » « Plus jamais ! » En le répétant trois fois, peut-être que ça marchera…au moins jusqu’à samedi prochain !
Love, Durex et Lexomil
Melody
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