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La consult' de Melody #7

21 octobre 2021

7ème séance

Aujourd’hui sort le 39ème album d’Astérix et Obélix, célèbres guerriers gaulois truculents. Je dois dire que ça me fait toujours un p’tit truc. La sortie d’un nouvel Astérix, c’est un peu ma madeleine de Proust. Je visualise l’étagère de BD dans les toilettes du premier appartement de ma famille. La collection de mon père. Les Gaston, Michel Vaillant, Blake et Mortimer, Les Passagers du vent et bien sûr, l’intégral d’Astérix et Obélix. Je ressens l’odeur du cuir de ce canapé d’angle immense et affreux, vert anis, trônant devant la baie vitrée du salon. Je me remémore la relecture, encore et encore, de ces aventures avant de découvrir les dessins animés puis mon penchant précoce pour l’ennui et la mélancolie. Savant mélange précurseur de ma dépression future. J’ignore d’ailleurs si la lecture intensive d’Astérix a eu un effet de causalité sur cet auto diagnostic mais le fait est que ces BD ont bercé mon enfance. 

Ces personnages coincés entre maturité et jeunesse, figés dans le temps, jamais vieux, éternels mais sans aucune évolution. Emprisonnés dans leur rôle. Le petit malin, le gros benêt. Pardon ! Un peu enveloppé... Toujours à l’aventure et avec la certitude d’en revenir glorieux. Quel mensonge quand j’y pense !

Personnellement, je me suis brûlée les ailes de l’insouciance à ma rentrée en 6ème, en descendant du bus. Sans casque et sans moustache, affublée d’un cartable plus gros que moi et tâchant de ne pas perdre l’équilibre dans les marches aux dimensions encore disproportionnées pour mon gabarit prépubère, je m’élançais vers l’aventure scolaire du secondaire. Seule contre tous, défiant l’inconnu, pleine de cette insouciance trop longuement entretenue, j’avançais inconsciente. Quand un inconnu, de mon âge, sans aucun motif connu, encore à ce jour, m’asséna une gifle monumentale. Avec le plus grand calme du monde, le gamin a exécuté son geste, sans injonction ni revendication, dans un silence brisé seulement par le son de sa main contre ma joue. Dans un silence d’humiliation et de surprise j’ai continué mon chemin, avec l’idée en tête que le banquet final de ma journée n’aura pas la saveur escomptée et qu’une potion magique c’est pratique mais qu’il va falloir trouver la recette et vite. 

À ce jour, j’ai testé plein de combinaisons différentes pour lutter contre l’ennui et la détresse. Ma moustache a commencé à pousser et mon casque s’est un peu cabossé mais ma formule s’équilibre peu à peu. Mon village d’irréductibles luttes et résiste contre de nouveaux ennemis, avec une potion de déconstruction. J’en bois aussi régulièrement. Les effets sont parfois déplaisants, la clairvoyance est souvent douloureuse. Mais le village s’agrandit, il devient de plus en plus fort et des batailles sont remportées. 

La semaine dernière, l’affaire du siècle, regroupant 4 organisations de protection de l’environnement, obtenait gain de cause par le tribunal administratif pour réparer le préjudice écologique dont l'État est responsable. L’issue de ce procès oblige le gouvernement français à prendre toutes les mesures nécessaires afin de compenser l’excès des émissions de CO2 constaté entre 2015 et 2018. Et il va devoir mettre le turbo (électrique) parce qu’il a jusqu’au 31 décembre 2022. 

Hier, des lois de protection des animaux ont été votées interdisant la vente de chiens et de chats en animalerie, l’élevage de visons, l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques dans un délai de 7 ans et des animaux marins dans les parcs aquatiques dans 5 ans. Repoussant ainsi la pression des lobbies. 

Cette semaine, le procès en appel d’Alexandra Richard dans l’Eure, accusée de meurtre sur son compagnon violent, continue de poser les questions nécessaires sur la protection des femmes par la justice et de lever le voile sur cette réalité sociale. Verdict ce vendredi… 

Ces évènements sont des avancées significatives dans la construction de cette nouvelle société. Et encore de nombreux sujets sont à l’ordre du jour. 

Changer notre façon de penser, de percevoir, de voir le monde et tout ce.ux qui nous entoure.nt. Les fondations sont ancestrales et très solides, difficile de tout détruire. Il n’y aurait plus rien sur quoi se baser alors. La mémoire est fragile et nécessaire. C’est ce qu’on nous a appris à l’école. Le devoir de mémoire. Le combat du XXème siècle a été de se souvenir de l’horreur des deux guerres mondiales et des trop nombreux génocides opérés dans la seconde moitié de ce même siècle, finalement autant barbare et plus meurtrier que les croisades étudiées au collège. Ce combat continue. 

Pour "ne pas reproduire". Et pourtant… 

L’humain moderne a-t-il tant évolué que ça ? S’est-il autant élevé au-dessus des fautes et des drames passés ? La guerre se meut sous n’importe quelle forme pour attiser nos pires aspects tout au long de l’histoire de l’humanité. Est-ce que cela changera ? Il y aura toujours des trophées, que ce soit des terres ou des marchés commerciaux. Finalement, cela a toujours été. Rien n’a vraiment changé… 

Alors peut-on reseter l’Histoire ? Tout annuler. La question est posée. 

Sans passé y a-t-il un avenir ? Sans mémoire y a-t-il des rêves ? 

Le démantèlement pierre par pierre est lancé. Gros chantier. On aurait bien besoin d’un peu de potion magique…

Heureusement, Panoramix a rasé sa barbe, troqué son chaudron et changé de recette. Wes Anderson nous livre son dernier rêve. L’effet demeure. 

Love, Durex et Lexomil

Mélody

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