Ce lundi, Le Grand Journal a fait sa rentrée sur Canal+.Si l'émission a presque tout changé avec l'arrivée de Maitena Biraben, on a pu retrouvé le bien aimé Petit Journal et les chroniques de Catherine & Liliane. Mais aucunes traces des Guignols de l'info, le programme historique qui fête ses 27 ans cette année.
Assisterait-on à la fin d'une légende ? Depuis l'annonce en juillet dernier d'un passage à un format crypté des Guignols de l'info, de nombreux fans ont exprimé leur inquiétude en partageant une pétition qui a su mobiliser plus de 115 000 signatures.
Alors que le Grand Journal tente encore de se sauver comme il peut depuis le départ de Michel Denisot en 2013, les célèbres marionnettes, reconnues encore comme les derniers bastions de l'esprit Canal, se font de plus en plus discrètes dans les grilles de programme de Canal+. Finit la diffusion en clair à 19:50, retrouvez maintenant les Guignols de l'info à 20:50, en crypté donc. Un bouleversement controversé alors que Bertrand Méheux, ancien patron du groupe Canal, a récemment laissé sa place à Jean-Christophe Thiery, patron de Bolloré Médias.
Une nouvelle version courant octobre.
En plus d'une nouvelle case horaire, c'est une nouvelle formule qui sera proposée avec une émission plus "large" qui quittera son cadre de journal télévisé pour intégrer le téléspectateur dans les coulisses de la rédaction des Guignols. Par ailleurs, la politique française laissera le gros de la ligne éditoriale à un traitement plus important de l'actualité internationale. Canal promet à ce niveau une diffusion quasi mondiale via les plateformes numériques du groupe Vivendi.
Mais le plus important, c'est la fin de l'éternel marionnette de Patrick Poivre d'Arvor qui se fera plus discrète dans l'émission, soit sept ans après l'éviction de son original...
Malgré toutes ses annonces, l'émission est encore loin d'être présente sur notre petit écran. Si elle a déjà loupé sa rentrée, les premières diffusions ne sont pas prévues avant le mois d'octobre alors que le tournage des premières séquences vient tout juste de commencer.
Coup marketing, ou fin de l'esprit Canal ?
Le timing est tellement parfait que le lien est facile à faire entre l'arrivée de Vivendi à la tête du groupe Canal et la fin des Guignols. Vincent Bolloré, nouveau président du conseil de surveillance, ne se cache pas : « Je préfère quand ils sont plus dans la découverte que dans la dérision. Parce que parfois, c'est un peu blessant ou désagréable. Se moquer de soi-même c'est bien. Se moquer des autres, c'est moins bien». Pourtant, la chaîne se défend. Le passage en crypté serait un simple coup marketing pour attirer les téléspectateurs vers les formules d'abonnement, tandis que l'émission reste en clair le dimanche.
Par ailleurs, difficile de ne pas comprendre la direction de Canal quand on voit les audiences du journal satirique, assez révélatrices d'une fin de cycle annoncée. Si les fidèles sont nombreux à manifester leur soutien, l'émission ne pèse plus autant dans le paysage audiovisuel français. Aujourd'hui, les Guignols c'est 113k d'abonnés sur Twitter, contre 554k pour Le Petit Journal ou 1,41 M pour Touche Pas À Mon Poste (rassurez-vous, Canteloup arrive tout juste à 3k follower). Une discrétion sur les réseaux sociaux qui ne plaît pas vraiment à la direction. Pourtant, PPDA le disait lui même « Vous regarder l'ancêtre d'Internet, bonsoir ».
On peut imaginer que cette perte de visibilité est probablement liée à son décalage avec une chaîne qui n'est plus aussi transgressive et le traitement ironique d'une actualité qui n'intéresse (malheureusement) plus vraiment le grand public. Déjà orphelin depuis la mort d'Alain de Greef (à l'origine notamment de Nulle Part Ailleurs, Groland et mentor de Karl Zéro ) en juin dernier, le fameux « esprit canal » pourrait connaître ses dernières émissions à travers cette nouvelle version des Guignols de l'info.