Lolo, enfant roi ou Tanguy génération Y ?
Il semblerait que le dernier film de Julie Delpy soulève une nouvelle fois la question de l'émancipation de l'enfant devenu grand, déjà relevée par Etienne Chatiliez dans "Tanguy" en 2001. Le parallèle entre les deux films est rapide et finalement pas si étroit que ça.
En effet, si le film du début du 2ème millénaire s'intéressait au personnage proche de la trentaine, éternel étudiant vivant chez ses parents, celui de 2015 est plus tourné vers la vie d'une mère célibataire de 45 ans re-découvrant l'amour et sa sexualité. Le combat est différent. Violette (Julie Delpy) doit non plus s'imposer en tant que mère face à son fils mais en tant que femme indépendante face à un jeune adulte. L'acceptation que la mère soit capable d'être une femme aux désirs si naturels, désacralise son statut et rend l'accueil d'un autre homme au sein du couple, mère/fils, difficile.
En 2008, Elie Chouraqui s'était penché sur la question aux côté de Barbara Shulz, Marc Lavoine et Gérard Darmon avec "Celle que j'aime", mais avec moins de panache. Malgré des acteurs parfaits dans leur emploi, le scénario malheureusement simpliste et sage ne nous avait pas fait tant voyager. Que ce soit dans l'esprit machiavélique que peut développer un enfant lors de ce genre de situation ou dans la frustration de l'homme rejeté par l'enfant roi, on est resté sur notre faim. Entre hystérie et lassitude, Elie Chouraqui nous avait moins séduits que Barbara ne les faisait tous tomber...
Mais revenons à notre mouton et à cet Éloi qui donne de l'eczéma à notre Danny Boon national en tentant de détruire l'histoire d'amour de sa mère. Dans ce dernier film, Julie Delpy mélange les codes sociaux de deux mondes opposés en réunissant un informaticien et une directrice artistique de défilé de mode hors pair, confrontant ainsi ses personnages à plusieurs combats. Le choix de la réalisatrice semble s'être porté sur la transposition de la difficulté à rencontrer l'amour, liée à notre évolution sociale. Désormais, à 45 ans, bon nombre de personnes se retrouvent célibataires avec ou sans enfant et la construction d'une histoire face à deux vies déjà bien établies devient le nouveau défi sociétal du 21ème siècle. L'écriture de Julie Delpy appose une touche de légèreté et de burlesque dans cette problématique moderne donnant à ses personnages une ampleur comique mais réaliste, laissant le sourire du spectateur collé à son visage.
Le casting est un sans faute. On aime et adooooore Karine Viard en bonne grande gueule affranchie. Danny Boon tient à merveille le rôle du touchant mais pas trop, du maladroit mais pas trop, du séduisant mais pas trop, du mec normal mais pas trop, bref j'aimerais vous en dire plus mais pas trop. Vincent Lacoste est pile dans les mesures de l'ado teigneux, égoïste et finalement perdu. Et Julie Delpy orchestre avec brio sa troupe en se laissant berné par le petit homme de sa vie pour finir par briser les schémas qui s'étaient imposés à elle sans même qu'elle s'en rende compte.
On aime et on recommande ce doux plaisir d'automne qui va éclairer nos soirées et nos salles de ciné dès ce 28 octobre.