Innovant, inédit, fascinant. Le premier comedy club virtuel a vu le jour au festival Lillarious. L’occasion de tester l’humour en VR.
Créée par Grégoire Furrer, fondateur du Montreux Comedy Festival, et son équipe, la première édition de Lillarious s’est déroulée à Lille du 1er au 5 février. Au programme : conférences sur le monde de l’humour, spectacles et comedy club virtuel.
Samedi 4 février. 14h. La galerie du centre commercial Westfield Euralille est bondée. Au rez-de-chaussée, un espace a été aménagé par les équipes de Lillarious : quatre bulles en plastique sont disposées aux quatre coins de cet emplacement. Intrigués par ce dispositif, les passants s’arrêtent. A l’intérieur de chaque sphère transparente, un fauteuil avec un casque de VR posé sur la table.
Responsable de projet XR pour GF Production, Sarah Lion supervise l’équipe de bénévoles. Ingénieure en réalité virtuelle, elle est à la tête de ce tout nouveau comedy verse composé de différents éléments propices au rire : « Tout d’abord, la place du village présente plusieurs animations autour de l’humour, explique-t-elle. On organise des jeux comme le pictionnary ou des tirs au panier de basket. On a également aménagé des espaces pour nos partenaires et des écrans géants pour diffuser des extraits de spectacles comme ceux de Montreux par exemple ».
« On a relevé le défi ! »
Depuis le début du festival, le comedy verse connaît un véritable succès. Curieux de tester ce nouveau dispositif, les passants se prennent au jeu. Chaque session dure 10 minutes : « Le public est gentil, bienveillant et à l’écoute, constate Sarah Lion. Parfois, les gens arrivent un peu timides ou bien avec des prérequis et des stéréotypes sur la réalité virtuelle. Mais ils ressortent avec le sourire. On a relevé le défi ! ».
Venue passer le week-end à Lille, Virginie vient de découvrir ce premier comedy verse : « Je n’avais jamais testé la VR, je connais seulement de nom par mes enfants. J’ai hâte de réessayer ! ». A ses côtés, Alexandra, 42 ans, ôte son casque VR : « J’étais dans une arène avec des sièges. Quelqu’un nous présentait les jeux et nous expliquait comment manipuler les manettes pour attraper des objets et se déplacer dans ce monde virtuel. C’est une belle découverte ».
En général, la réalité virtuelle est visible seulement par le biais des jeux vidéo. Avec ce comedy verse, elle est liée à autre chose : l’humour
Plusieurs bénévoles passent de bulle en bulle pour voir si tout se déroule bien : « C’est intéressant de voir comment les gens réagissent à la VR, observe Laurie, 24 ans, bénévole pour le festival. En général, la réalité virtuelle est visible seulement par le biais des jeux vidéo. Avec ce comedy verse, elle est liée à autre chose : l’humour ».
Faire du stand up posé dans son canapé
15h : le spectacle de stand up virtuel peut commencer. Casque sur la tête, les spectateurs sont immergés au cœur de la Grand’Place de Lille reproduite en images de synthèse. Assis dans des gradins, ils font face à un écran géant sur lequel seront projetées des images qui serviront aux sketchs des différents humoristes. Au centre de l’arène, l’avatar de Yann Stotz, maître de cérémonie. Pour chaque représentation, il est accompagné de trois humoristes.
« Les humoristes sont chez eux, souvent posés dans leur canapé, ajoute Sarah Lion en souriant. Ils savent à quelle heure se connecter. A 15h, ils nous rejoignent pour leur session d’impro. Pour accéder et suivre le comedy verse, ils peuvent le faire soit à travers un casque de réalité virtuelle, soit à travers un mobile, une tablette ou un PC ».
On ne pourra jamais remplacer le spectacle vivant et ce n’est pas notre but.
Accéder au spectacle en réalité augmentée via ces différents dispositifs a été possible grâce à Engage VR, une des seules plateformes de monde virtuel qui le permet : « Tout le monde n’a pas un casque de réalité virtuelle ! », souligne Sarah Lion. Cette plateforme a également permis à certains spectateurs souhaitant rejoindre le show, de le faire depuis chez eux. Soit avec un casque de réalité virtuelle, soit depuis le site Engage VR.
« La réalité virtuelle est un médium pour rire »
Côté artiste, ils adhèrent avec enthousiasme au concept de réalité virtuelle : « Beaucoup d’artistes qui se sont prêtés au jeu ont aimé cette nouvelle technologie parce que c’est un nouveau médium pour rire, évoque Sarah Lion. Ils retrouvent leurs amis qui habitent parfois loin. Et puis, c’est aussi l’ « effet waouh » car ils se retrouvent dans un autre monde avec un avatar. On ne pourra jamais remplacer le spectacle vivant et ce n’est pas notre but. On voudrait juste compléter quelque chose qui existe déjà pour permettre aux artistes d’avoir un autre espace de créativité ».
On est précurseurs ! Mais comme pour toute nouveauté, c’est encore au stade de recherches et de développement
Ce nouveau dispositif permet de créer des spectacles à distance : « Je trouve que c’est un bon moyen de désengorger le stand up, décrit Laurie. La plupart des humoristes sont à Paris et au moment de leur tournée, on ne peut pas forcément aller les voir quand ils passent dans notre ville ».
Un projet qui fête sa première année
Ce projet de recherche et de développement a été lancé depuis un an. Au cours de cette année d’expérimentation, plusieurs dispositifs ont été mis en place lors de différents événements. Chaque expérience a favorisé le franchissement d’une étape dans le développement de ce projet : « On a testé ce dispositif à Cannes auprès de jeunes et à Montreux avec des artistes. Ça s'est très bien passé ! Aujourd’hui, on le teste avec le grand public à Lille », annonce Sarah Lion.
Quant à la conception du projet, les équipes ont dû faire face à plusieurs difficultés : « Techniquement, les mondes virtuels ne sont pas stables pour le moment, explique Sarah Lion. On est précurseurs ! Mais comme pour toute nouveauté, c’est encore au stade de recherches et de développement donc il y a parfois des erreurs, des problèmes techniques ou des freins technologiques ».
Un projet novateur et prometteur en pleine expansion : « On travaille sur ce projet depuis un an seulement alors on est très contents de pouvoir le montrer, s’enthousiasme Sarah Lion. Il faut continuer ! ». Les prémices d’un futur fascinant. On a hâte de voir la suite !
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©Photo de couverture : Montage photo / Lillarious