Dramaturge, comédien, showman, chef de troupe. Romain Bouteille était tout ça à la fois. Sa campagne a annoncé le 31 mai au soir qu'il venait de rendre son dernier souffle. Qui sait, il est peut-être avec Coluche et Patrick Dewaere à refaire le monde comme au bon vieux temps.
Romain Bouteille avait 81 ans et souffrait de problèmes respiratoires. L'homme laisse derrière lui un sacré héritage. Coluche, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Renaud, Gérard Lanvin sont autant d'artistes qui ont croisé la route de ce drôle de bonhomme à la dégaine taillée à la serpe. Avec celui qui arborera plus tard la salopette sur scène, il crée en 1969 le Café de la Gare. Le début d'une belle aventure.
En cette fin des années 60, la France vit une profonde mutation socioculturelle. Mai 68 est passé par là. Venu des USA, le mouvement du Flower Power s'infuse dans toute l'Europe occidentale. Pour une nouvelle génération de saltimbanques, il est temps de créer un nouveau type d'expression orale. C'est le défi que se lancent Romain Bouteille et Coluche en montant leur petit café-théâtre. En quelques années, ils multiplient les spectacles faussement improvisés, ne se fixant aucune limite. Et surtout, pas d'interdit.
Homme de théâtre à vie
Coluche accédant au vedettariat, leurs destins artistiques s’éloignent. Romain Bouteille demeurera un créateur de pièces de théâtre (une trentaine à son actif). En 1980, pour déconner, il se lance dans le one-man-show avec une pièce intitulée Je m’appelle Harry Dave. Expérience qu'il renouvellera en 1984 avec L’Esprit qui mord.
Entre ces multiples créations scéniques, Romain Bouteille participe à des films, le plus souvent pour des petits rôles. On le retrouve chez Louis Malle, Jacques Demy ou Costa-Gavras. Joël Séria en fait un curé rigolard aux côtés de Jean-Pierre Marielle dans la comédie culte Les Galettes de Pont-Aven. Une carrière bien remplie pour cet artisan du théâtre comme il se définissait lui-même.