" Vu à la fois comme un monstre, un messie, une star, un cobaye de laboratoire, un cadeau, une plaie, un punching-ball, un demeuré, un homme idéal... Voici l'histoire de Golri, l'enfant né en riant". Dans son spectacle Euphorique, Bruno Salomone joue plusieurs personnages à la fois. Un exercice auquel ce comédien est habitué. En effet, ce comédien a joué pour la télévision, le cinéma. Il a même fait des doublages voix pour des dessins animés comme Les Indestructibles. Entretien avec un vrai caméléon.
Comment vous vous êtes organisé pour écrire ce spectacle ?
Au départ, j’avais des personnages que j’avais déjà dans le précèdent spectacle et que j’avais envie de refaire vivre. J’avais ce truc-là, de l’enfant qui est né en riant et qui rie tout le temps. J’avais envie de raconter une histoire avec cela. Sa mère qui raconte comment il a été conçu. C’est une jeune cagole qui va à l’enterrement de vie de jeune fille de sa meilleure amie. Elle a séquestré le futur père de son fils dans les toilettes d’une boîte de nuit, avant de la bourrer de viagra et qu’elle a violé. Tout cela pour un pari. Ensuite, neuf mois plus tard, cet enfant né. Sauf qu’elle n’avait pas vu venir le coup, car ne pensait pas être enceinte. Elle décide alors de mettre l’enfant dans un colis postal et il arrive chez une grosse caillera qui a la haine contre cette société.
Le sketch est quelque chose qui semble revenir, à l’heure où le stand-up est très répandu...
C’est quelque chose qui se perdra jamais selon moi. Quand tu es au ciné, on te raconte une histoire. Quand tu es petit, on te raconte des contes ou des fables. C’est l’idée. L’histoire qu’on te raconte, avant d’aller te coucher, c’est exactement la même chose. Sauf que je le fais avec une situation comique. Qui dit situation comique, dit sketch. C’est un fil rouge avec des choses qui reviennent. Ce que je voulais faire dans mon spectacle, c’était une fusion de tout cela. C’est-à-dire qu’il y ait du stand-up, et qu’on soit dans l’esprit sketch one-man show. Tout en ayant une continuité avec une histoire. C’est un trois en un.
Vous avez commencé par les café-théâtres avec la bande du carré blanc, l’ancêtre des comédies club, pouvez-vous nous en dire plus ?
Tout a commencé au carré blanc, d’où le nom de la troupe La bande du carré blanc. C’était fou, car on était sur la même longueur d’onde. Quand j’ai vu Jean Dujardin, j’ai un flash artistique, lui aussi d’ailleurs. C’était réciproque, on s’est tout de suite entendu artistiquement. Il y a vraiment eu un truc fusionnel.
Vos représentations n’étaient pas trop rock’n roll parfois ?
À l’époque, notre producteur, nous faisait jouer dans un endroit où il y avait que des bikers en banlieue. C’était dans l’Essonne. Un soir, un imitateur était venu faire des vannes. Il y avait un mec du public qui avait un pansement sur la tête. L’imitateur a dit au spectateur en question : « Le patch ce n'est pas là qu’il faut le mettre ! ». Le spectateur s’est levé et lui a collé une droite. Après, va faire rire. Même si pour nous cela s’est bien passé. Une fois, on avait joué dans une crêperie. On arrive et on se dit : « Elle est où la scène ? ». La patronne me montre, un tiroir au sol, un espace de 50 centimètres carrés. Pendant que les gens mangeaient leur crêpe, la patronne commentait en live à voix haute. Elle disait avec son accent pied noir : « Ca ce n'est pas drôle, mais après vous allez voir, la blague est drôle ». C’était donc des conditions particulières. Au final, cela reste des super souvenirs. Finalement tu te rodes, et tu sais comment réagir devant l’imprévu.
Vous faisiez aussi des petits sketches pour la télé, dans l’émission Farce Attaque. Vous étiez des YouTubers, avant l’heure en quelque sorte.
Nous faisions des sketches et des petites scènes de deux, trois minutes. Avec Jean Dujardin, on allait de ville en ville et on parlait face caméra. On arrivait toujours à trouver des situations nouvelles avec des nouveaux personnages. C’était déjà des mini-scènes. C’est là-dessus que j’ai trouvé l’idée du personnage Saturnin, qui est une racaille. Un personnage que j’utilise toujours dans mon spectacle.
Vous avez joué pour les formats : la télé, la scène ou le cinéma. Quel est celui où vous êtes le plus à l’aise ?
C’est différent. Cela équivaut à comparer du sucré et du salé. Ce que j’aime bien dans la scène, c’est que c’est immédiat. Une fois que tu es lancé, tu es en chute libre. Tu ne peux plus revenir en arrière. Donc t’es parti, tu es dans un acte physique. En communion avec les gens. Tu sors du spectacle, tu as l’adrénaline qui retombe. C’est un état de transe que tu ne retrouves pas au cinéma ou à la télé. Je préfère le one-man-show, car on peut embarquer les gens dans son univers.
Vous avez fait beaucoup de voix pour des doublages ou pour la télé avec Burger Quizz. D’où vient ce tropisme pour cet exercice ?
Depuis tout petit, je fais des voix. Je faisais le sifflement du chef de gare pour faire démarrer les trains. Un jour, j’ai même failli en faire démarrer un comme cela. D’ailleurs, je soûlais mes potes. Les filles ne me regardaient pas pareil. J’avais l’impression que c’était pas bien et que c’était presque un défaut et que c’était relou. J’ai pu travailler sur Les indestructibles, Un monstre à Paris ou bien Une vie de chat. C’est hyper excitant de pouvoir donner vie à un dessin avec sa voix.
Bruno Salomone et sa voix dans les Indestructibles (ATTENTION SPOILER !!!)
Quelles sont vos références humoristiques ?
J’ai toujours été fasciné par les humoristes. À l’époque, j’allais acheter des vinyles de comique. Tu pouvais faire du scratch avec Coluche. Je les écoutais tous : Coluche, Pierre Desproges. Plus tard, Elie Kakou, Albert Dupontel. J’écoutais tout le monde, tout ce qui passait. Les imitateurs aussi, il y avait Jacques Baudoin. Celui qui faisait la voix de Polux, dans Le manège enchanté. Notamment l’hilarologie à travers de le temps : les rires en fonction des âges en partant du bébé au vieillard en passant par l’adolescent.
Et parmi les plus récents ?
François Damiens, Flaubert qui fait la voix pour ma bande-annonce. J’ai bien aimé la série Bref de Kyan Khojandi. Surtout la manière dont tout était découpé et la façon de raconter l’histoire. D’un seul coup, cela attire l’oeil. Vu qu’on s’ennuie très vite aujourd’hui. On a l’habitude de voir tellement de choses que pour nous surprendre faut y aller.
Bonus :
Le site Internet de Bruno Salomone.
Sa page Facebook.
