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[Focus sur] l'octochap de Louis Chappey : « J’envoie une minute de stand up par jour pendant un mois »

Pour le mois d’octobre, Louis Chappey s’est lancé un défi : diffuser sur Instagram, une minute de stand up par jour. Dès le matin, sous le contrôle de son poto huissier, l’humoriste tire une contrainte au hasard parmi cinq établies au préalable : anecdote, actu, impro, blagues neuves ou sûres. A partir de là, il écrit une minute de stand up qu’il teste le soir même dans les différents comedy clubs. Focus sur l’Octochap.

Comment cette idée est-elle venue ?

Je me suis inspiré du rappeur Le Motif. En août 2020, il s’était lancé le défi de faire un son par jour pendant un mois, juste avant de sortir son premier EP. Ça lui a permis de partager sa musique, de se faire connaître et surtout, de faire en sorte que son projet final soit écouté. J’ai tout suivi et j’avais beaucoup aimé ce format-là. Au début, j’ai même essayé de faire la partie vlog que Le Motif réalisait également tous les jours. Mais finalement, ça me prenait trop de temps, je ne vais pas tenir sur la longueur. Je pense que je vais sortir un vlog tous les cinq ou sept jours à présent.

Comme je commence à préparer mon spectacle, je me suis dit qu’il fallait que je partage plus de stand up sur mon Instagram. Souvent, quand tu fais du stand up, tu ne publies pas tes passages sur insta. Tu rentres vite dans un truc où tu te dis : « Je vais balancer du matos quand ce sera vraiment bien ». Mais au final, ça ne veut rien dire. Parfois, tu te retrouves à faire des captations que tu aimes plus ou moins, parce que ce n’est pas évident et qu’il y a des conditions. Quelques fois, tu fais de meilleures performances la veille ou le lendemain alors que le jour de la captation, tu es moins bon. Donc pour ne pas tout miser sur ces captas, je me suis dit que j’allais en diffuser moi-même. 

 

Pourquoi vous êtes-vous lancé ce défi ?

Pour me faire connaître. Je voulais aussi marteler aux gens qui me suivent sur insta que je fais du stand up et leur donner envie de venir me voir sur scène. Me lancer ce défi ne m’a pas fait écrire plus régulièrement parce que je le fais déjà pas mal mais ça me fait tester beaucoup plus. Et il y a aussi autre chose que je n’avais pas prévu : je pense que je vais garder pas mal de minutes de stand up que j’ai publiées et les allonger pour mon futur spectacle.

Comment vous organisez-vous pour filmer ?

J’ai un pied de caméra pas ouf et des humoristes très solidaires qui me filment assez régulièrement. Ils sont adorables ! Je les remercierai tous à la fin de l’Octochap dans un long générique. Parmi eux, il y en a aussi qui me filent des vannes. Des fois, avant de jouer, je discute avec eux, ils me demandent quelle est la contrainte du jour et on en parle. J’arrive avec une idée et on m’apporte une sur-idée, une punchline, une blague. Parfois, on se croise en loges et on discute vite fait mais d’autres fois, on se pose vraiment pour écrire ensemble.

Pourquoi avez-vous choisi différentes contraintes ?

En septembre, j’avais déjà fait un pilote de ce projet : je faisais une minute de test par jour. Mais sans contrainte, c’était trop difficile de se dire : « Ce soir, je fais une minute de ce que je veux ». Au final, les contraintes m’aident.

 

Quand j’en ai parlé autour de moi, certains stand uppeurs m’ont dit que je devrais juste mettre « anecdote, impro et actu » parce que ces trois thèmes sont compréhensibles et qu’il est plus intéressant de proposer de nouvelles choses à chaque fois. Mais j’ai quand même ajouté « sûr », c’est-à-dire des blagues qui ont déjà été testées plusieurs fois et qui marchent parce que frérot, ça dure 30 jours, laisse-moi avoir des jours de repos où j’envoie des blagues sûres [rires].

Quelle contrainte est la plus difficile ?  

Honnêtement, ça se vaut et ça dépend du jour. Ce qui est vraiment difficile, c’est quand une contrainte est tombée un jour et qu’elle retombe le lendemain. Après, je n’ai pas l’habitude de raconter des anecdotes donc cette contrainte n’est pas évidente pour moi. Je ne sais pas si c’est la plus difficile mais c’est celle qui me fait le plus flipper. En même temps, j’ai raconté des anecdotes qui ne seraient peut-être jamais sorties si je n’avais pas tiré cette contrainte.

Que vous apporte ce défi ?

A mon humble échelle, il y a quelques personnes qui se sont abonné.e.s donc ça me fait plaisir. Ce défi crée un mini engouement autour du spectacle, ce qui est très cool. Et j’ai découvert une nouvelle manière de tester. D’habitude, j’écris avec des potes ou tout seul et puis, je teste ce que j’ai écrit bien plus tard, quand j’en ai envie. Mais maintenant, c’est : j’écris/je teste direct le soir !

J’ai raconté des anecdotes qui ne seraient peut-être jamais sorties si je n’avais pas tiré cette contrainte

Ce défi me permet aussi d’écrire par étape. En construisant mon spectacle, je vais peut-être me rendre compte qu’il me manque dix minutes. Mais écrire dix minutes d’un coup, c’est très angoissant. Du coup, tu procrastines. Alors que si je me dis : « J’écris juste une minute pour le soir-même », je peux le faire. Au bout de dix fois, tu as tes dix minutes. Ce défi m’apporte énormément artistiquement, plus que j’aurais pu imaginer.

Quelle est la journée type de Louis Chappey pendant l’Octochap ?

Déjà je me lève, la base [rires]. Et comme l’Octochap m’a rendu accro à Instagram, je regarde si la vidéo que j’ai postée la veille a été likée. En me lançant ce défi, je voulais me diffuser sur Instagram et finalement, c’est Instagram qui s’est diffusée en moi. J’ai des statistiques incroyables, notamment le temps passé sur l’application qui a augmenté plus que mes abonné.e.s ! Pourtant, à chaque fois, avant de m’endormir, je me dis : « Demain, tu te lèves, tu prends un café, tu lis le journal, tu fais une heure avant de prendre ton téléphone ». Et bien sûr, je ne le fais jamais… Ensuite, je tire la contrainte. Soit j’appelle le poto huissier, soit il passe à la maison. Une fois que je connais la contrainte, j’écris. Soit tout seul, soit en discutant avec des amis stand uppeurs.

Le soir, j’essaie de me filmer pour faire une bonne minute. C’est plus simple quand j’ai plusieurs scènes parce que je peux rater une fois et améliorer la seconde. Quand je n’ai qu’une scène, c’est un peu plus tendu, plus fragile. Entre les plateaux, j’ai souvent un peu de temps –tu peux parfois attendre 40 min d’un plateau à l’autre - donc je fais mes montages vidéos, je mets les sous-titres. Idéalement, j’essaie de faire le moins de montage possible. Je fais aussi attention au sujet des blagues que je prends. J’essaie de changer et de varier les thèmes en fonction de ce que j’ai déjà fait dans les minutes de stand up des jours précédents.

 

Comment choisissez-vous vos sujets ?

Si la contrainte, c’est « actu », j’ouvre google actu et j’en choisis une qui n’est pas spécialement marrante au départ mais à partir de laquelle je vais trouver des blagues pour la rendre drôle. Je ne veux pas parler de personnes qui prennent déjà toute l’attention sans avoir un angle intéressant. Pour la contrainte « neuf », j’ouvre mes notes et j’en choisis une que j’aime bien. Pour le « sûr », je publie quelque chose qui existe dans d’autres captations.

Ce défi m’apporte énormément artistiquement, plus que j’aurais pu imaginer

Si je tombe sur « anecdote », je cherche une anecdote atypique que j’ai déjà eu l’habitude de raconter dans la vie. Des fois, à force de raconter une anecdote, tu la rôdes sans le faire exprès ! Et enfin, pour « impro », il n’y a rien à préparer puisque c’est de l’interaction avec le public.

L’Octochap deviendra-t-il un rendez-vous annuel ?

J’aimerais bien ! Plus je le fais, plus j’apprends à le réaliser. Je sais maintenant comment mettre des sous-titres, j’ai compris qu’il fallait un titre bien visible sur la première image, je vais investir dans un petit micro qui va améliorer le son. Idéalement, on refait Octochap 4K bientôt !

Quels sont vos prochains projets ?

En novembre, je joue quatre fois mon 50 minutes au Barbès comedy club. J’aimerais aussi développer d’autres formats sur internet autour du stand up, continuer les chansons, écrire ou jouer dans un court métrage,… faire plein de projets qui touchent à différents domaines artistiques !

Retrouvez l'Octochap sur le compte insta de Louis Chappey. 

©Capture d'écran : insta Louis Chappey

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