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Jason Brokerss : "Il n'y a aucun mensonge dans mon spectacle"

Débarqué tard dans le stand-up, Jason Brokerss en est déjà à son deuxième spectacle avec 21eme seconde à l'Apollo Théâtre. Cet humoriste roi du contre-pied se livre sur sa vie avec ironie. Entretien avec un artisan de l'humour. 

Comment est venu ce pseudo ?

Quand je me suis inscrit sur Facebook, je ne voulais pas mettre ma vraie identité. Finalement, c’est resté lorsque j’ai commencé à faire de la scène. Tout le monde a commencé à m’appeler Jason. Du coup, je me suis dit « cela a l’air cool », je vais le garder.

D’où vient cette passion de la scène ?

C’est quelque chose que j’ai commencé assez tard. J’avais 27 ans et je travaillais comme commercial pour des compléments alimentaires. Après avoir terminé mes études et travaillé en banque. Au début je faisais cela pour rigoler et me détendre après le boulot, poussé par des amis. Ensuite, cela a commencé à devenir sérieux, alors que je n'avais pas du tout prévu cela.

De quoi parlait votre premier sketch ?

Je ne m’en souviens pas, cela devait être nul ou beaucoup moins bien que ce que je faisais aujourd’hui. Du moins j’espère. En tout cas, je me souviens que c’était au Paname dans le plateau Le labo du rire, devant pas beaucoup de personnes, limite je ramenais mes potes c’était pareil (rires).

Comment a réagi votre famille concernant votre choix de carrière ?

Bien. Tout le monde m’a soutenu. En même temps, personne n’était surpris. Ils sont tous venus me voir sur scène, sauf mes parents. Un jour je voudrais qu’ils viennent, même si mon père veut toujours venir, alors que ma mère a peur de voir son fils devant beaucoup de personnes. Après, je n'ai pas trop envie par pudeur.

Vous avez fait vos premières armes au Paname mais vous jouez aussi sur des grosses scènes. Quelle différence ?

Je prends du plaisir sur les deux configurations. Dans les grosses salles c’est plus facile, donc je n’ai jamais la pression. Dans une petite salle, si les gens ne rigolent pas c’est plus amplifié. Ensuite l’avantage d’un lieu comme le Paname, c’est que tu croises beaucoup d’humoristes. Tu peux y aller à n’importe quelle heure tu peux croiser des humoristes et discuter.

C’est comme cela que la rencontre avec Fary s’est faite ?

Oui c’est dans ce lieu. Cela a collé tout de suite, aussi bien sur le plan artistique que relationnel. Je venais de débarquer dans le milieu et m’a proposé. Je n’ai pas hésité a collaborer avec lui. Cela fait maintenant trois ans que cela dure, donc on peut dire que cela marche. J’ai ma petite équipe, dont je suis proche. Fary donne un avis sur l’écriture. Dès que j’ai des idées ou inversement on s’appelle. On se parle tous les jours au téléphone, même si on ne se voit pas. On peut même s’appeler à 4 heures du matin, pour se dire « tiens, j’ai pensé à un truc ».

Vous avez d’autres personnes sur qui vous reposez ?

C’est de l’échange permanent. Il y a tout d'abord Fary bien-sûr. Ensuite, il y a Thomas Wiesel avec qui je parle beaucoup. C’est un mec qui vient de Suisse. Sans compter Alban Ivanov, qui m’a donné beaucoup de judicieux conseils. Il m’a dit « Amuse-toi sur scène », vu que j’étais trop porté sur la technique. Cela m’a permis de gagner des années de travail. C’est marrant mais les gens qui m’ont donné envie de faire ce métier sont des personnes avec qui je bosse.

Quelles sont les choses qui vous inspirent et qu’il faut suivre ?

Je regarde beaucoup de spectacles. Je regarde aussi sur Internet, ce qu’il se fait aux Etats-Unis. J’aime bien ce que fait Djimo, il vient de débarquer et il est très très drôle. Il est complètement perché et a une carte à jouer s'il continue dans cette voie.

Dans votre spectacle vous parlez beaucoup de vous, est-ce autobiographique ?

Tout ce que je raconte est vrai, il n'y a aucun mensonge dans mon spectacle. Tout ce que je raconte m’est arrivé, notamment le fait que j’ai demandé la main de ma femme, sur la scène du Point Virgule. Elle a vraiment dit oui, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs ?

Quand vous voyez l’explosion du stand-up, vous pensez qu’il nous manque quoi par rapport aux Etats-Unis ?

De l’expérience. Là-bas c’est un art  qui existe depuis 100 ans. Ils ont beaucoup plus la culture du stand-up, c’est ancré dans les moeurs. On sort tout juste de l’humour à sketches, cela commence à venir. Il y a plein de belles choses qui se font. Il y’a un virage qui va s’opérer très bientôt, avec une nouvelle génération qui arrive : Fary, Ahmed Sylla, Haroun. Ils donnent une bonne image du stand-up et montrent ce qu’il est vraiment et pas que de communautés qui parlent de leurs origines. On est des miroirs de la société. On est là pour décrire la société de manière drôle ce qu’il se passe dans le monde. C’est dommage qu’on ne soit pas encore respectés. Les gens pensent qu’on ne travaille pas, alors que pour écrire un spectacle d’une heure, on part de rien. C’est un art à part entière.

Justement vous ne parlez pas d’actualité…

Je pense y venir bientôt. C’est quelque chose dont tout le monde parle. Notre métier c’est de la dédramatiser. Pour faire rire sur les autres sujets, c’est plus difficile que la politique car il faut prendre le temps de contextualiser la chose.

Vous avez emmené votre spectacle dans plein de lieux différents. Quel est votre plus belle expérience ?

La Réunion, j’ai beaucoup aimé la mentalité là-bas. Culturellement, on devrait prendre exemple sur eux. Là-bas c’est top, j’ai envie d’acheter une maison et de finir mes jours là-bas. Il fait toujours beau. Le public est chaud. Je n’étais pas connu quand je suis arrivé là-bas, pourtant ils m’ont accueilli comme si j’étais une rock-star. Dès que tu mets un pied sur scène, ils t’acclament. jason-brokerss Retrouvez Jason Brokerss à l'Apollo Théâtre dès le 15 septembre pour son nouveau spectacle "21eme seconde". Vous pourrez également le retrouver sur Netflix pour un spécial Sa page Facebook et son Twitter

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