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Je t'aime à l'Italienne : Amour mixte et conséquences

         "Carlo et Farid, deux amis d’enfance, sont des dragueurs invétérés. Seulement Carlo a oublié de dire à Farid qu’il sort avec sa soeur Aicha depuis 2 ans. Comme les 2 amoureux ont décidé de se marier, Carlo va avouer sa relation secrète à son meilleur ami". Voici le scénario de "Mariage à l'italienne", la pièce Kader Nemer et Hugues Duquesne. Originaires de Lille, ces deux amis de longue date ont créé une pièce décapante autour de la question du mariage mixte et de l'amitié. 

Comment vous-vous êtes rencontrés ?

Kader Nemer : Il était à sa quatrième seconde (rires ndlr). A Lille, Dans le lycée, il y avait une troupe théâtrale, dont il faisait partie et m’a proposé de la rejoindre, même si j’étais réticent. Je lui ai sorti : « Le théâtre c’est pour les bastringues ». Finalement, j’ai changé d’avis et chaque année on proposait un spectacle de fin d’année. C’était une belle aventure. 

Hugues Duquesne : La troupe est devenue une bande de potes mais après avec la motivation, nous n'étions que deux. C’est là qu’on a écrit notre premier spectacle et qu’on est monté á Paris. Kader y était déjà allé plusieurs fois et m’avait proposé de faire le trajet avec lui. On a cherché un appart, même si quand je le visitais je proposais à Kader de rester en bas (rires). On a trouvé notre bonheur, on a eu un appart mais pour payer le loyer on était assistant social. 

KN : Quand on est descendu à Paris, on a commencé par jouer dans des bars. On jouait au chapeau. On débarquait dans ces bars et on jouait sans que le public soit vraiment informé. Parfois tu avais des client ivres qui nous disaient « Mais ferme ta gueule ! »

HD : On faisait croire au public qu’on s’embrouillait vraiment. Je prenais le public à partie en leur faisant croire que j’allais lui annoncer à Kader que je sortais avec sa soeur. Les gens se prenaient au jeu. Cela avait créé une ambiance folle.

Votre carrière vous a emmenés à Montréal ?

KN :  Ce fut une très bonne expérience, car on a gagné un prix. Là-bas, les gens peuvent te faire une standing ovation juste pour une blague. Dans la salle, il y avait le directeur du French Festival. Il est venu nous voir en nous proposant  d’y jouer. On a accepté de jouer pendant un mois, sachant que tous les soirs, on devait proposer un spectacle au public même si c’était en anglais. Ceci nous a permis de gagner un prix à « Juste pour rire ». Derrière, on a enchaîné sur un spectacle en franglais. On demandait au public s'ils voulaient qu'on joue en français ou en anglais au début de chaque spectacle.

Quelles sont vos influences humoristiques ?

KN : On a été influencés par des humoristes qui marchent très bien encore aujourd’hui comme Gad Elmaleh, Dany Boon, Elie Semoun et Dieudonné.

HD : On a grandi dans les années 80, avec les Inconnus, les Nuls et leurs parodies. 

Comment est venu l’idée de la pièce ?

Hugues Duquesne : En 2001, lorsque je suis arrivé avec Kader à Paris. On avait un duo qui s’appelait Les Goubéens.. Dans ce spectacle, il y avait un sketch où je lui annonçais que je sortais avec sa soeur. Ce sketch marchait très bien donc on s’est dit qu’il fallait en faire une pièce. L’année dernière, on s’est dit qu’il fallait s’y mettre. On a écrit pendant un an. A raison d’une fois par semaine minimum avec des séances de quatre, cinq heures. Dès qu’on a trouvé un théâtre, on s’est décidés à jouer cette pièce. 

KN : Cela n’était pas forcément évident car on avait chacun nos projets respectifs, même si le fait de bosser à deux permettait un échange d’idées. On était motivés car on savait que l’idée était superbe et qu’on avait toujours voulu en faire une belle pièce, voire un film (rires ndlr). Ce qui était incroyable, c’est qu’on avait chacun une petite base d’écriture. On avait commencé chacun de nos côtés. On a pu ainsi réunir des idées. 

Concernant la mise en scène, elle est assez rythmée avec beaucoup de musique. Pourquoi ce parti pris ?

KN : Une pièce c’est comme une partition musicale. Il  y a une rythmique qu’on doit mettre en place. Cela se sent dès le début, lors de l’écriture. On est à cheval là-dessus, car une pièce bien rythmée, cela peut être la clé de la réussite. C’est pas évident d’instaurer cela quand on écrit à plusieurs. L’avantage c’est qu’avec Hugues on se connaît depuis longtemps. On a fait beaucoup de théâtre ensemble et nous avons aussi pas mal joué dans les café-théâtre. Dans ce style-là, l’interactivité est primordiale. La musique permet de donner de la pêche. 

HD : C’est un choix voulu. J’aime beaucoup mettre de la musique dans les spectacles. On s’est retrouvés là-dessus. C’est la culture populaire. Pleins de choses dans lesquelles le public peut se retrouver aussi. Que ce soit la musique ou des références au cinéma, voire la société. Toute cette culture des années 80,90, dans laquelle on a grandi. A cette époque, on se retrouvait tous autour de ces références comme IAM ou NTM en musique par exemple.

L’écriture va-t-elle évoluer au fil du temps ?

HD : On assiste à toutes les représentations, donc cela évolue tous les jours, elle est tout le temps en réécriture. On est précis sur l’écriture vu que le message a beaucoup d’importance, on se prend la tête sur chaque détail. 

KN : On ne souhaite pas non plus être plus moralisateur. Il ne faut pas que les gens se sentent trop agressés avec cette pièce. On veut permettre aux gens de passer un bon moment, tout en suscitant chez eux une réflexion grâce à l’écriture. 

D'où vient l'idée des personnages ?

HD : Le personnage Farid a été créé de toute pièces, alors que Carlo, il existe vraiment. D’ailleurs on attend qu’il vienne voir la pièce. Beaucoup d’éléments de la pièce sont inspirés de faits réels, notamment quand on parle des vacances à la Grande Motte. Pour faire plaisir au public, il faut tout d’abord se faire plaisir soi-même. 

Pourquoi la pièce compte trois personnages, joués chacun par deux acteurs différents ?

KN :  On a une tournée qui commence, du coup on va être obligés de faire jouer deux équipes de comédiens : une à Paris, l’autre en Province. On est beaucoup dans le visuel. Ainsi chacun des comédiens peut jouer son personnage avec son propre style. 

HD : On est fiers du résultat. Avec cette pièce on peut venir en famille, ce qui est important. Avec ce métier, on a appris qu’il fallait apporter plusieurs lectures pour les spectateurs. Tout le monde peut y trouver son compte. 

L’accueil du public est très bon. Cela vous a surpris ?

HD : Oui, car cela a pris très vite. Les gens qui viennent à la fin sont ravis. Les avis sur le internet sont très bons. A tel point que des salles nous ont appelés en province uniquement sur l’affiche et le pitch, sans avoir vu la pièce. Il se passe vraiment quelque chose avec cette pièce. Je pense que les gens ont besoin de voir cela en ce moment. 

Quel message souhaitez-vous faire passer avec cette pièce ?

KN : Cette pièce c’est aussi une histoire d’amitié entre Carlo et Farid, deux personnes aux origines différentes. Lorsque les problèmes font surface, ils se raccrochent à ce qu’il y a de plus profond et l’amitié est oubliée. Il suffit d’allumer la télé pour voir qu’il y a une tension en France. On sent aujourd’hui le moindre petit fait divers peut devenir quelque chose de catastrophique et qu’une peur s’installe. Le message est plein d’optimisme. Il montre aussi que la peur entraine le rejet.  

HD : Le message c’est le vivre-ensemble. Personnellement, je vois qu’on est dans une société qui devient communautaire. Si on peut déjà rire ensemble dans une même pièce avec un public varié, c’est déjà un plaisir pour nous. 

Je t'aime à l'Italienne

 

 

Retrouvez "Je t'aime à l'italienne" avec Marie Bouvet, Lydie Melki, Jean-Marie Damel, Antoine Rabaul, Medhi Maramé et Farid Chamekh. Le Samedi et le Dimanche à 18h, au théâtre de Dix heures.

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