file.jpeg

Jean-Claude Muaka : "La musculation a forgé mon esprit"

 Avec son physique de bodybuilder, Jean-Claude Muaka en impose sur scène. L'humoriste qui pousse la fonte depuis dix ans, présente actuellement son seul en scéne. Dans son spectacle, il est question de fitness mais également d'autres sujets qui lui tiennent à coeur. Entretien avec un comédien aux punchlines musclées.
 
Comment avez-vous commencé dans le stand-up ?
 
J’ai un parcours atypique, je ne suis pas rentré dans le théâtre jeune. J’ai passé un bac professionnel comptabilité. Après cela j’ai compris que je ne pouvais pas faire cela et que je risquais de devenir un meurtrier, manger des gens, enfin quelqu’un de bizarre (rires ndlr). Je ne savais pas quoi faire. J’ai eu la chance d’avoir un professeur de français qui organisait des ateliers théâtre. Il voyait que j’étais heureux quand je montais sur scène. Il m’a dit « J’ai l’impression de me voir en plus jeune et j’ai fait l’erreur de ne pas réaliser mes rêves en cherchant la sécurité». J’ai suivi ses conseils et me suis inscrit en fac de théâtre à l’Université Paris 3. J’ai commencé à étudier mais je trouvais cela trop théorique. Je voulais pratiquer.
 
Quel a été le  véritable déclic ?
 
Pendant mon cursus, j’ai rencontré un mec qui habitait Sarcelles sur qui on faisait un reportage. Sur le tournage, j’ai fait rigoler tout le monde à l’heure du déjeuner. Lors de sa diffusion à la télé, Eric Checco, un metteur en scène a réussi à me contacter et m’a proposé de faire un essai pour une adaptation d’Othello de Shakespeare. Quand il m’a parlé de cela, au début je ne savais pas trop mais il a insisté. Finalement j’ai eu le premier rôle et j’ai accroché. De là, j’ai enchaîné les scènes et me suis rapproché du stand-up. Cela fait maintenant depuis septembre 2015 que je joue pour mon "One-man costaud".
 
Quels sont les sujets qui vous inspirent ?
 
La vie en général. J’ai un message particulier que je rappelle aux spectateurs : c’est d’être heureux.  Pour moi c’est le but de l’être humain sur terre. Il ne vient pas pour galérer. On vient pour rechercher le bonheur. On n'a qu’une vie, on n'est pas des chats. Pour moi, un humoriste c’est comme un philosophe, bien plus qu’un rigolo. J’ai envie que tu viennes passer un bon moment mais qu’à la fin tu te dises « Finalement, c’est pas bête.» Après, chacun peut se faire son propre avis.  J’ai envie d'être un leader d’opinion à travers l’humour.
 
Comment vous travaillez vos sketches ?
 
J’ai toujours fonctionné avec un cahier. Pour écrire mes sketches, cela peut partir d’une phrase qui est venue un an avant. Pour mon spectacle, la plupart des sketches ont été écrits en un mois. Mais j’avais commencé presque trois ans avant. Le truc c’est que je ne fonctionne que sous la pression. Quand on m’a dit que la salle était payée, je n’ai pas arrêté de gratter pendant un mois.
 
Vous travaillez seul sur vos sketches ?
 
Je travaille toujours avec mon producteur : Prince Calixte. Il voulait partir dans la production donc on fonctionne ensemble. Sinon, il y a un cercle de gens autour de nous sur qui on teste nos vannes pour avoir des retours.
 
Quels sujets vous souhaiteriez aborder ?
 
J’ai envie d’aborder le thème de la vie de famille. J’aimerais aller plus loin dans mes opinions politiques. Quand je vois les aberrations de certains politiques comme ceux qui parlent du porc à l’école... J’ai grandi avec des gens de toutes origines, j’étais bien avec eux. Je vois qu’aujourd’hui, beaucoup de gens montent dans les extrêmes.
 
Quelles sont vos influences ?
 
J’ai grandi à Villeneuve Saint-Georges.  En 1993, j’avais huit ans et j’ai été marqué par Le flic de Bervely Hills, avec Eddy Murphy. J’ai tellement rigolé que lorsque je suis parti me coucher, j’étais bien. Je me suis dit, cela fait du bien de rire en fait. L’année d’après, j’ai vu The Mask avec Jim Carrey, pareil. J’avais jamais pensé faire cela mais en grandissant, je me suis dit que je voulais donner aux gens la sensation que m’avait donnée ces deux mecs sur scène. Après, il y a eu Chris Tucker, Louis de Funès. Même si Eddy Murphy reste celui qui m’a vraiment donné envie de faire ce métier.
 
Pourquoi faites-vous des vidéos sur Internet en plus de la scène?
 
A la base, je regardais cela pour me divertir et j’ai décidé de faire mes vidéos. J'ai voulu inventer un personnage tortionnaire qui donne des cours. Je m’amuse à faire des vidéos sur Internet. Finalement, j’ai eu raison. Grâce à cela, beaucoup de gens sont venus à mes spectacles. Je regarde aussi Tonio Life ou Wil Aime.
 
 
Un épisode de sa websérie Coach Muaka
 
Une pièce que vous souhaiteriez faire ?
 
J’aimerais beaucoup faire une pièce sur Chaka Zulu. C'était un grand empereur, l’équivalent d’Alexandre le Grand en Afrique. J’aimerais en faire une adaptation au théâtre. Après pourquoi pas faire un film au cinéma. Il y aussi d’autres choses dans la culture africaine. Pour l’instant, je ne parle pas trop des mes origines congolaises, là je suis plus dans une présentation. Je voulais parler des gens.
 
Vous parlez de la salle de sport dans votre spectacle, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
 
Si je vous parle aujourd’hui avec autant d’assurance, c’est grâce à la salle. Avant j’étais quelqu’un d’introverti. La musculation a forgé mon esprit. Sous la barre de 100 kilos, si t’es pas fort dans la tête, c’est un problème. Je dois beaucoup à la salle.
 
L’anecdote qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?
 
Le jour où je suis allé voir Prince et que je lui ai dit, je veux faire mon spectacle. C’était en mars 2015. J'étais tellement dans un délire. Je pensais que j’allais me battre tout seul et ne pas réussir et bien à ce moment. On se connait depuis des plateaux qu’il faisait en 2009, depuis on ne s’est plus lâchés.
 

Retrouvez Jean-Claude Muaka tous les Vendredis à 21h30 au Théâtre Darius Milhaud (Paris)

Retour au blog