file.jpeg

Jean-Philippe de Tinguy : un artiste multi-facettes

L'équipe du We Love Comedy Magazine a rencontré Jean-Philippe de Tinguy, artiste, au charme, au génie et à la sensibilité, dignes d'un poète du 19ème siècle ! 

Capable de faire rire, rien que par le silence, il écrit, joue sur scène, produit et anime des émissions de radio et réalise des vidéos, tout en amenant son public à réfléchir sur soi et sur des questions, plus ou moins existentielles. Partez à la découverte de cet artiste multi-facettes !

Raconte-nous tes débuts dans le milieu artistique.

Tout a commencé à Bordeaux. Dés l'enfance j’ai pris des cours de théâtre, d’improvisation, de mime, de diction. En arrivant à Paris (en 2001, pour faire une école d'ingénieur du son), j’ai continué les cours de théâtre, dans différentes écoles, mais également (et surtout) de clown. J’ai fait pas mal de clown avec la compagnie de Théâtre du Faune, à Montreuil, notamment avec Fred Robbe.

Comment es-tu es arrivé à la radio ?

Parallèlement à mes cours de théâtre, j'ai donc fait des études dans le son, et je me suis mis à bosser pour Radio Nova, dés 2004 ! J’ai commencé par des remplacements et puis j'y travaillé à plein temps pendant plusieurs années ; en tant qu’ingénieur du son, réalisateur et producteur d'émission, mais aussi comme faux reporter, personnage dans des sketchs (écrits par Armel Hemme), chroniqueur… et maintenant animateur.

La fibre artistique a toujours existé en toi ?

J’ai toujours fait de la musique, des montages son, des émissions de radio, écrit des textes, tout seul chez moi, en autodidacte. J’adore la technique, le matériel, les mode d'emplois, apprendre tout seul à utiliser les différents outils, les logiciels… savoir produire une vidéo, du début jusqu’à la fin : écrire, jouer, monter l'image et le son, mixer, faire la musique… Je trouve intéressant de connaître et maîtriser chaque étape. Cela permet également de savoir parler à l’équipe technique, de mieux décider chaque étape.

Ton personnage sur scène est-il un reflet de toi, dans la vraie vie ?

J’ai l’impression de laisser parler la partie psychotique et folle qui existe en moi. C’est la facette la plus folle de moi même ! À travers la scène et l’écriture, je laisse cette facette vivre librement. La création artistique est un véritable travail thérapeutique, ça me fait chercher les vrais sujets qui me tracassent et pour lesquels il y a des nœuds en moi. Il y a une sorte d’exploration, d’enrichissement, d’apprentissage, aussi bien sur soi, que sur des techniques, et sur la vie tout court. Je ne vois pas cela comme juste faire de l’humour. Ce n’est pas cloisonné, je n’ai pas l’impression de ne faire qu’un truc, tout se mélange.

Sur scène, tu pratiques également le mime.

Petit, le mime est le premier truc que j’ai fait. J’aime beaucoup faire comprendre les choses sans avoir à les dire. Je serais incapable de commencer un sketch avec une phrase trop explicite. Lorsqu'on mime, le spectateur se projette beaucoup, son attention augmente au fur et à mesure. Ce ne sont pas des idées, que je lui donne tout de suite, tout cru. J’aime quand cela n’est pas tout de suite évident à comprendre. Donc les mimes, ça vient de là, pour capter leur attention. Au début, en me voyant arriver sur scène, ils sont parfois un peu dubitatifs, parce que je commence par du silence verbal, mais pas corporel. Le corps écrit autant que les mots, on travaille beaucoup sur cet aspect-là avec mon metteur en scène, un danseur de haut vol, Thierno Yudat.

Explique-nous ton concept de vidéos : « Bien clair entre nous » 

Avec mon ami et binôme, Maxime Mallet, on a fait 65 vidéos à deux, pendant un an, vers 2011-2012. Notre challenge était d’en produire deux par semaine. Excepté le générique (Julien Lassort), on faisait tout à deux : l’écriture, l’interprétation, le cadrage, le montage… On apprenait en faisant, c’était vraiment une sorte de laboratoire. Au fur et à mesure des vidéos, on a découvert, notre personnalité, notre univers. Ce qui inspire notre écriture c'est l’état psychologique et l’humeur dans lesquels on est au moment où on s'y met, ce qui nous traverse aujourd’hui, ce qu’on vit, et on cherche comment l'exploiter, pour en faire quelque chose.

L’objectif principal n’était pas d’être forcément drôle, mais d’abord de partager quelque chose. C’était également thérapeutique, pour nous et pour les autres (j'espère). Si c’est drôle, tant mieux. Ça parle souvent des angoisses, des peurs, de ce qui bloque, comment entrer en contact avec les autres, comment cela se fait qu’on passe de deux personnes à un couple... On aborde de nombreux thèmes, des questions drôles, d’ autres plus existentielles… On aimerait bien reprendre cette aventure, en la cadrant un peu plus. Je travaille aussi avec Charlotte Creyx et Céline Goussard, sur un concept vidéo, entre Strip Tease et Solange te parle.

https://www.youtube.com/watch?v=ISOZsluneHo&feature=youtu.be

BCEN / Comment se sentir en sécurité ?

A travers quelle activité tu te sens le plus épanoui ? Si tu devais en garder une seule ?

Pourquoi devoir en choisir une ? Tout se nourrit. Faire du montage vidéo, ça m'apporte quelque chose; quand je suis sur scène, idem. Toutes les formes de création se nourrissent entre elles. Chaque étape est enrichissante pour les autres étapes. Quand on sait bien monter, on sait mieux écrire, parce qu’on sait mieux anticiper les choses. Dans le fond, ce qui me passionne le plus, c’est l’apprentissage. J’adore apprendre, je trouve ça très stimulant. J’ai juste l’objectif d’apprendre et de prendre du plaisir en apprenant, m’enrichir. Et cela me fait souvent rencontrer des gens. Ça élargit ma culture tout en élargissant mon réseau social et en me donnant des nouvelles envies. C’est sans fin.

 Un auteur ou un courant littéraire qui inspire ton écriture ?

Bukowski et Pessoa ! Ils sont dans l’exploration de ce qu’ils vivent. Les deux m’inspirent énormément, il y a en eux quelque chose de très brutal et poétique qui relie le ciel et la terre, l’intérieur et l’extérieur, le dur et le doux. Les deux à leur manière m’inspirent, même si ils sont trè s différents : Bukowski, très soulard, traverse brutalement les choses, Pessoa, très introverti, solitaire. Je les ai découvert ces dix dernières années. Je lis beaucoup depuis que je suis petit. Dans la littérature, il y a beaucoup de choses qu’on ne trouve pas ailleurs. On est au plus près de ce que peuvent vivre les gens. Lire un livre, c’est comme une rencontre, discuter avec quelqu’un, l'observer.

On passe maintenant, à la phase plus intellectuelle de l’interview ! (RIRES)

 Si tu rencontres une jolie fille dans la rue, quelle serait ta technique de drague ?

Je n'ai pas de technique.

Je ne suis pas chasseur, je suis très sensible à ce qu’il se passe dans la vie. Ce qui m’intéresse c'est le présent ; la seule chose qui existe. Le passé et le futur ce sont des concepts qui nous éloignent de là où on est, j’essaye d’être le plus présent possible...

Je fais de la méditation. J’aime tout ce qui se raccroche au présent. La meilleure technique, si il y en a une, c'est d’être là, très attentif à ce qu'il se passe vraiment.

J’ai écrit un petit bouquin qui tourne beaucoup autour de la rencontre avec les filles (sous un pseudonyme, Ferdinand Sauvage) « Je crois que vous me plaisez » , dans lequel je découvre que je peux choisir d’aller parler aux gens. Même si c’est très timide et maladroit, je trouve ça incroyable de pouvoir prendre la main sur les choses, décider, y aller...

 Si tu avais un pouvoir magique, ce serait lequel ?

J’ai déjà tous les pouvoirs magiques que je veux : rêver, aimer, manger tout le chocolat que je veux et rire avec les autres !

À quelle période historique aurais-tu aimé vivre ?

La préhistoire parce qu’il n’y avait pas encore les mots (maux ?). Juste le corps, la nature, la vie brutalement sur terre, comme ça, sans aucun structure ni société, ni rien, pas d’organisation, pas de trottoir, pas de conditionnement de la société.

Un conseil de film à nos lecteurs ?

La grande bellezza de Paolo Senrrotino ! C’est très poétique et plein de moments gratuits nourrissent beaucoup le film; des moments où on se demande ce qu’il se passe. Il ne se concentre pas seulement sur le récit. Quand il réfléchit à une question, il regarde en même temps la pluie tomber, et il amène le spectateur à la regarder avec lui, il voit des personnes qui passent au loin, des personnes qu’il ne reverra plus jamais. Il y a beaucoup de vides qui ont l’air vides mais qui nourrissent énormément le film. J’adore les interstices, ce qu’il y a entre les choses, entre les mots, entre les respirations. C’est ce qui me fascine le plus.

 

 

 

Retrouvez Jean-Philippe de Tinguy dans « Le Dernier Jean-Philippe », tout l'été du vendredi au samedi au Point Virgule. Mais également au Paname-Art Café, tous les mardis à 22H30 !

Retour au blog