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Jean-Pierre Montanay, une rencontre aux petits oignons !

Sortez vos sac à dos et préparez vos papilles ! Jean-Pierre Montanay va vous faire voyager ! De rencontres humaines en découvertes culinaires, l'équipe du We Love Comedy Magazine a eu la chance de croiser son chemin.

D’abord journaliste puis grand reporter pour Europe 1, il a parcouru la planète. Il y a vu des guerres, des conflits, mais a vécu à travers ses périples quelques moments plus paisibles, voire gourmands. Puisque le voyage, c’est aussi pour lui la découverte d’une cuisine d’ailleurs. Des trouvailles exotiques qu’il présente aujourd’hui dans des livres mais aussi et surtout au grand public. C’est entouré de femmes qu’il met en lumière des grands chefs et des recettes sur le plateau du « Grand 8 », aux côtés de Laurence Ferrari et ses chroniqueuses.

[caption id="attachment_4074" align="aligncenter" width="639"]©JPMontanay ©JPMontanay[/caption]

Vous avez été grand reporter de guerre et avez parcouru le monde ! Comment on vit une telle expérience ? Est-ce qu’on arrive à en sortir indemne ?

Mon rêve c’était d’être journaliste un peu comme Tintin, aller me promener aux quatre coins du monde pour voir ce qui s’y passe. Effectivement, j’ai été amené à aller sur des terrains de guerre. Notamment en Bosnie où c’était la guerre du conflit Yougoslave qui venait d’éclater. Je suis aussi allé en Tchétchénie, en Afrique. C’est assez curieux mais pour moi la situation de guerre hypertrophie tous les sentiments et toutes les impressions. La peur est décuplée, la haine est décuplée et pareil pour l’amour. Aimer un être cher sous les bombes c’est encore plus fort que de l’aimer en tant que tel. Ce sont donc des situations très fortes parce que la douleur des gens est encore plus forte et parce que les espoirs quand ils naissent sont encore plus forts. Il faut pouvoir gérer cette situation qui est très dure. Tout ça sont des situations très fortes qui marquent. Il y a beaucoup de journalistes qui se passionnent pour la guerre, pour qui ça devient une adrénaline, une cocaïne même, c'est-à-dire une drogue. Ils ne peuvent plus s’en passer.

Est-ce qu’on arrive à se détacher de ce que l'on a vécu lorsque l'on rentre chez soi ?

C’est un peu comme interroger un type qui travaille au SAMU et qui ramasse des corps qui se retrouvent fauché à l’angle d’une nationale. Quand on voit des scènes très fortes et quand on est journaliste, le but c’est aussi de se blinder. C’est ne pas être dans l’émotion. Sinon on fait vite une overdose d’émotion et on meurt. Donc il faut se protéger. Il ne s’agit pas de ne pas avoir d’émotion, mais il faut se construire pour résister à ça.

Hormis les reportages de guerres, est-ce qu’il y a un reportage qui vous a marqué de manière plus positive ?

Un jour en ouvrant le magazine le Point, je suis tombé sur un drôle de type qui était tout nu, plein de cendres, ce qu’on appelle un « sâdhu », un moine hindou. J’ai découvert ensuite que c’était un français qui venait de Montpellier et qui était parti là bas en Inde pour faire du buisness. Il avait une double vie là bas puisqu’il était aussi sâdhu. Je l’ai rencontré et effectivement c’était une rencontre assez positive. Ce type était incroyable. Il faisait du business dans le textile mais de façon assez éthique. Le reste du temps il vivait toujours à poil, il avait épousé les mœurs et le coutumes de l’Inde et il vivait dans son petit ashram. C’était une sorte de jardin d’Eden. Il y avait des poivriers, l’écorce des arbres c’était de la cannelle. Il y avait des plantes partout, des fleurs et les femmes faisaient de la cuisine végétarienne avec des épices indiennes. Il y avait un lac où on pouvait se baigner. Il n’y avait pas beaucoup de confort mais il pouvait faire du yoga, de la méditation. J’ai eu la chance de passer deux jours avec lui. En deux jours j’ai pu endurer la sérénité des lieux en pleine forêt. C’est vraiment un excellent souvenir, d’autant que le personnage était très attachant.

jp montanay d8

 

Comment on passe de grand reporter à chroniqueur culinaire sur D8 ?

C’est simple. Reporter c’est un métier, et la cuisine, c’est une passion. Une passion qui est née très tôt. Et mon métier n’a fait que nourrir cette passion puisqu’il m’a permis de voyager. En voyageant j’ai pu me nourrir dans tous les sens du terme. Je me suis nourri physiquement mais aussi intellectuellement et spirituellement à travers les différentes traditions les diverses nourritures étrangères. J’ai profité des expériences de reportages pour m’intéresser à d’autres cuisines et d’autres pratiques. Plus je voyageais, plus j’avais envie de cuisiner exotique, plus j’avais envie de connaitre des produits et des savoir-faire. Et un jour, tout simplement cette passion était connue et reconnue par d’autres confrères. Quand Laurence Ferrari a monté son émission et qu’elle avait besoin de quelqu’un pour incarner la cuisine, elle a pensé à moi. Mais je ne suis pas chef, je ne suis pas journaliste culinaire, je suis juste quelqu’un qui aime parler de la bouffe.

Aujourd’hui vous faites des chroniques culinaires dans « Le Grand 8 » présenté par Laurence Ferrari. Comment ça se passe ?

Ce qui a de drôle c’est que c’est une émission de filles et celui qui cuisine, c’est un mec ! Donc on renverse un peu les clichés qui ont encore la vie dure en France. C’est une émission de divertissement, on ne se prend pas au sérieux. C’est aussi une émission bienveillante où on ne cherche pas à piéger les gens ou à les mettre mal à l’aise. Moi dans mon petit espace je reçois des chefs et j’essaie de les mettre en confiance. Les invités sont contents de venir et de revenir parce qu’ils sont bien traités. Les chefs sont contents de venir puisque c’est gratifiant pour eux.

Parmi toutes les femmes sur le plateau du Grand 8, laquelle est la plus gourmande et friande de vos recettes ?

La plus gourmande sur le plateau c’est Roselyne Bachelot ! Elle a un petit côté rabelaisien, elle aime jouir de la vie, des plaisirs. Elle est un peu ronde, elle s’en fiche de sa ligne et de son régime. Elle est curieuse de tout et a envie de connaitre d’autres saveurs. Donc oui, c’est de loin la plus gourmande. Les autres sont un peu plus difficiles. Certaines font des régimes, d’autres sont intolérantes au gluten.

 

grand 8

 

 Vous avez écrit un livre sur Le Poulpe. Pourquoi avoir choisi de faire une ode au poulpe ?

Quand on allait en Bosnie dans les années 90, on s’arrêtait à Zagreb qui est la capitale de la Croatie. Une ville pacifiée. C’était la dernière étape avant d’aller à Sarayevo, là ou la guerre sévissait. C’était la dernière journée où on pouvait profiter de la belle vie et de la bonne bouffe. Et on avait l’habitude avec certains collègues de s’arrêter à un vieil hôtel qui avait un peu de cachet, déserté par les touristes. Ca s’appelait le « Palace Hotel ». Et à cet endroit, il y avait une salade de poulpe qui s’appelait « octopus salad ». Et je trouvais cette salade formidable ! J’y suis retourné plusieurs fois et à chaque je pensais à cette salade. C’était le coup de foudre avec le poulpe que je ne connaissais pas. C’est devenu une petite habitude avec les collègues. Cette salade est restée dans mon esprit. Donc je suis allé en Espagne pour voir comment on cuisinait le poulpe. Et je me suis demandé pourquoi en France on en mangeait pas. Comment on le trouve ? Où on le trouve ? Donc j’en ai acheté puis j’ai commencé à en cuisiner. Mes copains adoraient que je leur fasse du poulpe. Puis il s’est trouvé il y a deux ou trois ans dans le cadre de ma chronique je discutais avec une responsable des éditions Hachette et finalement je lui ai parlé de mon idée de faire un livre sur le poulpe. Elle a trouvé l’idée formidable et m’a mis en relation avec des directrices d’éditions. Au début j’ai été accueilli fraîchement, et puis je leur ai détaillé mon projet et parlé de mes voyages, de mes envies. Et le projet a été accepté à l’unanimité. J’ai été assez touché. C’est devenu un livre très personnel. Il a été très vite épuisé, mais normalement il va ressortir en mai avec une nouvelle édition un peu moins coûteuse !

Une recette pour nous réconcilier avec le poulpe ?

Je conseille de faire cuir le poulpe dans l’eau bouillante, de ne pas le faire trop cuir. Le couper en petits morceaux. Tout ça sur un lit de pommes de terre. De la fleur de sel, de l’huile d’olive et du paprika. C’est très simple mais très bon.

La musique idéale pour cuisiner ?

Moi j’aime bien écouter la radio en cuisinant. Même si on est concentré sur le plat, on a encore la capacité à écouter des choses. Après je ne suis pas un grand mélomane. J’ai quelques groupes fétiches comme ça que je pourrais écouter en cuisinant mais en faisant plein d’autres choses aussi. Notamment les Rolling Stones !

 

poulpe montanay

Le plat idéal pour un dîner en amoureux ?

En amoureux il faut penser à l’autre. Donc on peut éviter tout ce qui pourrait détériorer l’haleine. L’ail par exemple c’est peut être contre-indiqué ! Il faut des choses qui soient surprenantes parce qu’il faut surprendre l’autre. Si c’est une femme qui va vite, elle pourrait me faire du poulpe ! Je pourrais facilement tomber amoureux (rires). Et si c’est moi qui suis aux commandes, je ferais plutôt des coquilles st jacques sur un petit lit de poireaux. C’est très fin et féminin. Les coquilles st jacques ça incarne assez le repas en amoureux.

Le plat que vous détestez ?

Je pense que je suis très curieux de tout. Je préfère mille fois m’égarer dans un petit resto de gare plutôt que d’aller manger dans un restaurant étoilé. Donc j’ai goûté beaucoup de choses et je suis capable de manger beaucoup de choses à n’importe quelle heure de la journée. Après c’est vrai que j’ai pu goûter des choses assez curieuses. Des abats en Chine, des méduses. Un jour j’avais beaucoup peiné à boire du lait de chamelle en Mauritanie. Mais je n’ai pas mémoire d’un plat que je n’aime pas. Ca ne m’arrive jamais de ne pas finir une assiette.

Le plat qui vous rappelle votre enfance ?

Les épinards à la béchamel ! J’adorais ça ! Mes parents et ma tante m’en faisaient. Du coup j’en fais toujours et notamment à mes enfants. Il y a aussi le poulet rôti qui me rappelle mon enfance. Mon père cuisinait beaucoup mais faisait des choses très simples et traditionnelles. Tout ce qui est cuisine exotique est arrivé ensuite.

Est-ce que pour vous la cuisine est une arme de séduction ?

Je pense. Moi qui cuisine tous les jours avec du monde autour, sur un plateau télé, je sens bien que ça plait un peu. C’est peut-être pas aussi fort qu’un musicien qui peut séduire une assemblée ou une fille en jouant du piano. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, je sens que dans l’œil des filles il se passe quelque chose quand un homme cuisine. Le fait d’avoir un homme qui cuisine et qui s’y intéresse, elles sentent qu’elles vont peut être pouvoir être chouchoutées avec des bons petits plats. Donc oui, je pense que c’est une arme de séduction ! Mais après ça dépend toujours de la fille qui est en face, bien entendu !

Pitié, donnez-nous une solution pour ne plus jamais pleurer quand on coupe un oignon ?

J’en ai pas parce que je ne pleure pas quand je coupe un oignon ! Ce qu’on peut faire c’est faire attention à le couper de haut en bas. Mais on m’avait qu’il fallait faire attention à ne pas remonter le couteau pour ne pas faire remonter les petites vapeurs. Mais je n’ai pas de remède miracle. Désolé (rires) !

 

Retrouvez les chroniques de Jean-Pierre Montanay dans "Le Grand 8" du lundi au vendredi, dès 10h45 sur D8.

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