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Jérôme Niel et Axel Maliverney : "Il faut imaginer que le personnage de Jérôme, c’est Paris Hilton qui bosse tout en bas de l’échelle dans un hôtel Hilton"

Tournée au Grand Hôtel de Cabourg, la série Groom est de retour pour une seconde saison. A l’occasion de sa sortie sur YouTube le 25 mars, on a eu la chance d’interviewer Jérôme Niel (alias William) et Axel Maliverney, le showrunner de cette série pour en savoir un peu plus sur les coulisses du tournage.

Comment l’idée de réaliser Groom vous est-elle venue ?

Axel Maliverney : Avec Jérôme, on fait des vidéos depuis 10 ans maintenant. En 2013, le Festival de Montreux nous a proposé de réaliser un format humoristique pour la semaine du festival. On était très contents ! On a trouvé un concept où Jérôme serait groom et rentrerait en interaction avec les différentes personnalités sur place qui joueraient leur vrai-faux rôle (Groom Service [n.d.l.r]).

Ensuite, on a eu envie de soumettre l’idée à Canal +. On leur a proposé que, dans le cadre du festival de Cannes, le groom interagisse avec les acteurs présents.

Une fois ce format court réalisé, je me suis dit qu’on pourrait en faire une série avec dix épisodes de 22 minutes chacun. J’adorais regarder H sur Canal + quand j’avais 15 ans et c’est ce qui m’a donné envie entre autres, de faire une série au format plus long.

YouTube est venu nous voir au Studio Bagel en nous demandant si on avait des idées ou envie de faire des séries. Je leur ai présenté Groom et ils l’ont accepté. J’ai donc proposé à Robinson Latour, Adrien Ménielle et Florent Bernard avec qui je travaillais déjà au Studio Bagel, de me suivre sur cette série et de l’écrire ensemble.

Jérôme, toi tu joues le personnage de William dans Groom. Comment le décrirais-tu ?

Jérôme Niel : C’est un personnage qui évolue au fur et à mesure de la série. C’est pas un mauvais bougre [rires] mais au début de la saison 1, c’est quand même un p’tit con. Et puis, petit à petit, il va s’intégrer dans l’équipe du Grand Hôtel et apprendre à bosser, ce qu’il n’a jamais fait. Certaines de ses valeurs vont changer et d’autres vont apparaître, comme celle d’avoir plus l’esprit d’équipe ou d’être moins égoïste. 

Quel effet cela t’a-t-il fait de revêtir le costume de groom pour cette seconde saison ?

J.N : C’était génial ! En plus, on est une des rares fictions à avoir été renouvelée par YouTube Premium. Il me semble qu’ils en ont renouvelé seulement deux sur toutes les séries qu’ils ont produites dans le monde, donc on était vraiment ravis de repartir à Cabourg pour cette nouvelle saison. 

On tourne dans un hôtel ouvert, très feutré et très calme.

On a tourné un an et demi après la première saison, et ce n’est pas que je n’y croyais plus mais le temps commençait à être un peu long. Je me disais : « bon bah écoute on verra ! ». Axel lui continuait les différents rendez-vous avec les Américains. Il y croyait toujours.

Et comme j’ai participé à l’écriture de trois épisodes pour cette saison, j’étais beaucoup plus investi. C’était vraiment plaisant à faire.

© Laura Gilli

Justement, comment s’est passé le travail d’écriture de la seconde saison ?

A.M : Pour cette saison 2, il y a donc Sophie-Marie Larrouy (alias SML [n.d.l.r]) et Jérôme qui se sont joints au travail d’écriture. En ce qui concerne l’histoire, on ne partait pas d’un point de départ. Les personnages principaux existaient déjà donc toute l’étape où il faut les présenter n’était plus à faire. On s’est demandé ce qu’on voulait raconter et ce qu’on voulait développer davantage. Plutôt que d’axer sur les guests qui interviennent dans les épisodes, on a eu envie de développer plus en profondeur les intrigues entre les personnages, toutes les choses qui se passent entre eux plutôt qu’avec les clients.

Et quelles sont les autres différences avec la saison précédente ?

J.N : Ce qui change de la saison 1, c’est qu’on a tourné en dehors de l’hôtel. L’épisode 4 que j’ai écrit avec Robinson Latour se passe entièrement à l’extérieur du Grand Hôtel. Et on espère que ça vous plaira !  

A.M : Oui, on a joué en huis clos pour la saison 1 et pour la saison 2, on a eu envie d’élargir l’univers de la série, de faire sortir les personnages. On voulait voir comment ils s’habillent dans la vraie vie, comment ils sont en dehors du Grand Hôtel. Même si tout ce qui se passe à l’extérieur reste dans le cadre de leur taffe.

Comment s’est passé le tournage de cette saison au Grand Hôtel ?

A.M : On tourne dans un hôtel ouvert, très feutré et très calme. Il y a aussi le passage de clients qui sont exigeants puisqu’ils paient une chambre 5 étoiles et veulent le service qui va avec. Alors nous, on essaie au maximum de ne pas les déranger. Ce qui veut dire qu’on a le bar ou le hall de telle heure à telle heure, et qu’on peut tourner dans les chambres seulement certains jours. Toutes ces contraintes ne facilitent pas le tournage. Et ce serait bien sûr plus simple si on tournait dans un hôtel fermé. Mais un superbe hôtel comme celui-ci fermé, ça n’existe pas. On s’est donc adapté au mieux à leurs contraintes tout en tournant ce qu’on avait prévu.

La saison 1, c’était un peu le dépucelage d’un énorme projet pour la quasi-totalité de l’équipe.

Et je trouve que cette saison 2 a été plus sereine que l’autre saison parce que l’équipe était la même que pour la saison précédente. On a commencé tous ensemble alors on avait envie de progresser tous ensemble. Pendant la saison 1, on a appris énormément sur ce qu’il fallait faire ou ce qu’il ne fallait pas faire. Alors pour cette seconde saison, on a gagné beaucoup de temps et c’était beaucoup plus confortable.  

Quel est votre souvenir le plus marquant sur ce tournage ?

J.N : Je n’ai pas un souvenir en particulier mais plutôt une impression. La saison 1, c’était un peu le dépucelage d’un énorme projet pour la quasi-totalité de l’équipe. C’était un des projets les plus ambitieux qui nous ait été donné de faire. On partait pour deux mois de tournage, en colo. On rentrait juste le week-end, un jour et demi, et on repartait.

Ce qui fait que c’était aussi un dépucelage, c’est qu’on était plus stressé. Ça allait un peu plus dans tous les sens. On était trop content mais on se disait : « oh ptn… ». J’avais les mains moites si tu vois c’que j’veux dire. On a essayé de faire du mieux qu’on pouvait même si ça ne se passe jamais comme on voudrait [rires]. Et au final, on y est arrivé !

Pour ce deuxième round, on avait un peu plus d’expérience et quand on est mieux préparé, je trouve que le plaisir est démultiplié. En tout cas pour moi, j’ai pris plus de plaisir pour cette seconde saison. C’était un plaisir contrôlé. Et comme j’ai écrit trois épisodes pour cette saison, je les avais plus en tête. Quand tu te joins au travail d’écriture en étant comédien, tu as vraiment le truc dans le crâne donc c’est mieux pour aborder le tournage.

Tous les jours où on devait tourner dehors, ils annonçaient de la pluie, ce qui est la pire configuration possible !

A.M : Un premier élément marquant pour moi, c’est qu’on a travaillé avec Sophie Mounicot qui joue Clara dans la série H. Je suis très content d’avoir tourné avec l’une des comédiennes qui joue dans la série qui m’a donné envie de faire Groom. Il y avait comme une sorte de boucle bouclée.

Et puis, sur la fin de la saison, on a tenté des choses très ambitieuses dans la réalisation ou dans la mise en scène. Alors personnellement, ça a renforcé l’envie de faire des projets plus ambitieux avec plus de temps et de moyens. J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur les deux personnages de Jérôme et Constance (alias Clémence [n.d.l.r]). Comme on a fait évolué les personnages dans des intrigues plus personnelles et plus profondes, on a aussi tourné des séquences plus fortes. Et les accompagner, chercher avec eux pendant ces séquences-là, m’a vraiment donné envie de m’attaquer à des histoires d’amour profondes. Que ce soit pour Groom, pour une autre série ou un film.

Quelle scène a été la plus difficile à tourner ?

J.N : La scène sous la pluie dans l’épisode 10. C’était la première fois pour moi que je tournais sous de la fausse pluie et c’était une expérience de fou ! T’avais des énormes tuyaux qui te balançaient de la flotte et bon bah fallait y aller [rires]. Et tu te doutes bien qu’au mois de novembre, il ne faisait pas très chaud [rires]. Mais c’était génial ! C’était physiquement difficile, parce qu’il faisait froid et qu’on était trempés, mais comme on était 6 ou 7 à être dans le même bateau, on en rigolait.

A.M : Effectivement, pour cette scène il y avait notamment Constance qui était en robe très courte et qui était trempée. Moi, j’étais en manteau donc tout allait bien mais c’est sûr que pour vous c’était des conditions plus difficiles.

Il faut imaginer que le personnage de Jérôme c’est Paris Hilton qui bosse tout en bas de l’échelle dans un hôtel Hilton. 

De manière générale, le tournage des parties en extérieur était vraiment compliqué. Tous les jours où on devait tourner dehors, ils annonçaient de la pluie, ce qui est la pire configuration possible ! Donc pour chacune de ces séquences, il a fallu écrire des versions B à dégainer au dernier moment si on devait tourner en intérieur. Par exemple, dans l’épisode 1, il y a une fête autour d’une fontaine dans le château du héros. On avait prévu une autre version dans le château si on ne pouvait pas tourner dehors. Mais ça aurait été mille fois moins bien !

Et pour l’épisode 4, il y a des séquences où ils chantent autour du feu. Et personne ne chante joyeusement autour d’un feu sous la pluie. S’il pleuvait, c’était catastrophique mais on a eu de la chance, on a pu passer entre les gouttes !

Si vous deviez teaser en quelques mots cette série à quelqu’un qui ne l’aurait pas vu pour lui donner envie de regarder, que diriez-vous ?

J.N : Eh bien je suis sûre que t’as regardé tout Netflix depuis le début du confinement alors je crois que tu peux t’atteler à cette magnifique série haute en couleur ! Et puis si tu as envie de golri avec des personnages complètement décalés, un humour et un ton bien particuliers qu’on ne retrouve pas dans une quelconque série, Groom est fait pour toi.

A.M : Oui, souvent on nous dit que cette série a un ton de comédie qui n’existe pas forcément en France et qui serait plus proche de certaines séries américaines comme Community ou Brooklyn Nine-Nine. Alors on n’essaie pas de faire une série à l’Américaine, et je suis très fier de porter une singularité française mais de ce qu’on nous dit c’est que cette série est différente de ce qu’on a l’habitude de voir.

Et pour le pitch de la série, il faut imaginer que le personnage de Jérôme c’est Paris Hilton qui bosse tout en bas de l’échelle dans un hôtel Hilton. 

© Laura Gilli

Une saison 3 est-elle prévue ?

J.N : Nous, on aimerait bien mais la saison 2 a mis du temps à se faire donc on verra. Je crois qu’Axel a déjà quelques pistes.

A.M : Oui, ce n’est pas nous qui décidons s’il y aura une autre saison. C’est YouTube qui nous dira. S’ils en ont envie, nous on sera bien sûr partants. On a encore des choses à raconter ! S’il y a plein de gens qui l’aiment et qui la regardent, il y aura peut-être une saison 3 !  

Quels sont vos prochains projets ?

J.N : Avec Axel et Sarah Gélin, on a ouvert une boîte de prod et on voudrait développer différents programmes, plus ou moins longs. On a rencontré Sarah quand on était à Montreux en 2013 pour le tournage de Groom Service. Elle travaillait dans l’équipe du festival.

A.M : Oui, elle est ensuite venue au Studio Bagel avec nous. Elle a notamment travaillé sur Les Tutos et elle était directrice de production sur Groom saison 1. Ça fait longtemps qu’on travaille tous les trois alors on a eu envie de créer cette boîte qui s’appelle « Bellboy », ce qui veut dire groom en anglais. On veut réaliser de la fiction longue principalement, c’est-à-dire des films et des séries. On avance sur les différents projets mais ça prend du temps. Et il y a potentiellement Groom entre temps qui chamboulera les choses s’il y a une saison 3 !

Merci à Jérôme Niel et Axel Maliverney d’avoir répondu à nos questions. Tous les épisodes sont disponibles gratuitement sur YouTube en cliquant là

© Laura Gilli

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