file.jpeg

Kamel Laadaili : l'homme aux mille talents

Vous l’avez certainement aperçu au moins une fois dans votre vie, dans une ferme d’un petit village du 77, sur les bancs de la fac de droit de Paris VIII, dans un ring de kick boxing repartant avec la médaille de champion de France, sur scène, au cinéma, ou encore à la télé, vendant des appartements.

Originaire de Clichy, de parents marocains, Kamel Laadaili est principalement connu pour son humour authentique et son franc parler. Force est de constater qu’il brille également dans d’autres domaines. L’équipe du We Love Comedy Magazine n’a pas manqué l’occasion de rencontrer cet homme aux mille aux talents !

Raconte-nous comment tu t’es retrouvé à embrasser une carrière artistique.
Ah bah, ça va durer un petit moment ! (RIRES) Avant de faire ma carrière artistique, j’étais journaliste. J’ai travaillé pendant 7 ans au groupe Hachette Filipaccchi. J’ai commencé en tant que pigiste, ensuite en tant que journaliste d’investigation. Ensuite, j’ai monté une agence de presse paparazzi. Puis, j’ai fini directeur du service photo de Entrevue. Et j’ai tout arrêté pour faire le mariole dans une école de théâtre. (RIRES)

L'humour t'a toujours intéressé ?

C'est le fruit du hasard ! Niveau études, j'étais à l’université Paris VIII Saint Denis, j’ai fait du droit et j’étais en cours avec Claudia Tagbo et le comte Bouderbala. On s’est tous rencontrés là bas ! Donc si vous voulez faire du stand-up, allez à l’université Paris VIII ! J’ai commencé par le cinéma. J’étais dans le tournage du film, la Désintégration, avec Rachid Debbouze, qui m’a présenté par la suite, son oncle, Hamed Debbouze. C’est lui qui m’a inscrit à mon insu, à une scène ouverte. Il m’a dit « T’es marrant, dans une semaine, tu passes sur scène ! " J’ai pris des cours au Studio Pygmalion, mais ce n’était que pour le cinéma. On m’a fait une crasse, et je me suis retrouvé coincé et après j’ai kiffé et j’ai enchaîné. J’ai continué, au début, par challenge, et après par envie.

Les thèmes qui te touchent le plus sur scène ?
Ce sont surtout les clichés. Sur l’affiche de mon spectacle, je suis en Hulk. Et le titre c’est incognito. Ça veut dire que j’ai beau être grand, voyant, finalement, je passe inaperçu. C’e sont les clichés et surtout et contre le communautarisme. Les clichés, on les a aussi bien des blancs envers les étrangers. Mais les étrangers en ont aussi. On en a tous. On est tous le con de quelqu’un.

As-tu été victime de clichés dans ta vie artistique pour tes origines marocaines ?

Pas en tant que marocain, parce que je fais antillais ! Pour le film Désintégration, quand j’ai fait le casting, ils n’ont pas voulu me prendre parce que je ne faisais pas suffisamment arabe, alors que le directeur de casting était lui même arabe.  

Jusqu’à aujourd’hui, on ne me propose que des rôles dans ce cadre. J’essaye d’en jouer. Par exemple, dans le film Paulette, j’étais un dealer, kaïra et abruti. Donc j’avais 3 en 1. J’essaye d’en jouer, alors il faut composer avec tous ces clichés. C’est le seul métier où la ségrégation est autorisée. Automatiquement on va te prendre par rapport à ton physique.

J’essaye de maigrir, je n’y arrive pas. J’ai deux solutions ou je maigris, ou je pars à l’étranger. Aujourd’hui, je suis obligé de composer avec ça. Ou je suis trop arabe, ou pas assez ou trop balaise. Je dois faire un régime, je vais essayer de me provoquer des gastro ou je ne sais pas (RIRES) Je n’ai pas la solution, je prends ce qu’il y a et je me débrouille.

L’humour,  une bonne arme pour lutter contre les clichés ?
C’est une bonne arme par essence, mais c’est à double tranchant. L’humour ne remplit pas son travail à ce niveau là. Même aujourd’hui t’as des cases humoristiques, t’as des gens qui vont te dire « Fais-ci, fais-ça, c’est marrant !" Ils vont te diriger. L’humour est en danger par rapport à ça.

Tu vises quel public ?
Je n’ai pas la prétention de viser tel ou tel public. Ils se présentent à qui veut bien l’entendre. Je ne vais pas viser les noirs, les blancs. C’est tout le monde ! Après d’un point de mercantile, je dirais les blancs, parce que les arabes et les noirs, à part partager mes vidéos sur YouTube, c’est compliqué. (RIRES)

On constate une belle ascension dans ta carrière ! Quels sont tes secrets de réussite ?
Le destin, la chance. Après il y a des opportunités qui vont se présenter et il faut les saisir. Toute ma carrière, ça a été ça ! J’ai joué de tout ce qui m’a apporté des problèmes, les clichés physiques par exemple ! Tout ce qui m’a été négatif, j’ai essayé de le positiver. Même là j’arrive, je te dis je suis humoriste, t’as un doute. T’es pas sûr au début, mais c’est ça qui est bien. Au début, c’est un frein. Mais une fois que j’arrive à dépasser ce frein, j’arrive en eaux troubles et plus claires.

Tu as publié une vidéo où tu indiques qu’on t’aurait menacé de violences physiques. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est la force d’internet. T’as des gens qui ont les c* qui poussent en wifi. Vu qu’ils rentrent chez toi à travers internet, ils ont accès à ta personne, ils pensent te connaître, ils pensent être tes copains, ils se permettent des choses qui ne sont pas possible.

J’avais fait un sketch sur les capverdiens. Déjà, je leur rends service, personne ne les connaît. (RIRES) Heureusement que je suis là pour qu’on parle de vous. Ils ont pété un câble ! J’ai reçu des insultes, des menaces de partout. Et c’est parti. Des mecs m'ont dit : « T’habites où tu vas voir ? » Je suis taquin, je leur dis : Pourquoi tu vas venir faire des travaux ?

J’ai refait une vidéo, je leur ai dit : Calmez-vous ! Venez voir le spectacle pour voir ce que j’écris ! Certains sont venus et finalement, ils ont rigolé. T’es là tu chauffes, ça sert à rien ! Sur internet, t’es assis, viens me voir debout, c’est différent ! Tu viens pour me taper, je ne suis pas sûr du projet, je viendrai avec une mutuelle. Ça part dans un délire de violence. Parfois, les gens s’approprient, s’accaparent des choses et ils oublient le côté marrant. Tu n’aimes pas, mets un message en indiquant que tu n’aimes pas. J’ai aussi des marocains ou des algériens, qui ont mal pris certaines choses. Le public est susceptible.

https://www.youtube.com/watch?v=EfUdcwxl7d8

Il t’arrive de t’autocensurer dans l’humour ?
Je ne me fixe aucune limite! Je me force à faire rire de tout. Si je ne fais pas rire, au moins, j’en parle. Pour moi, le travail, il est là. Si jamais, t’es pas là pour repousser certaines limites, et aller dans des contrées un peu sombres, si tu vas juste sur l’autoroute de l’humour, parce que aujourd’hui, les tendances, c’est un peu comme la mode. Si cette année, c’est le orange, il va falloir faire des trucs autour du orange. Je ne suis pas d’accord. Je fais ce que j’ai envie de faire.

J’avais parlé avec certains auteurs. Certains m’ont dit : « Tu vas trop loin, ton style est un peu dur ! Vas sur des sujets un peu plus simples. Parle du métro, parle de twitter ! » Aujourd’hui, je ne vais pas me forcer à me dire : Tiens, je vais faire ça parce que ça marche ! Non, pour moi, soit ça me parle, soit ça ne me parle pas ! Je n’y arrive pas et ce n’est pas à mon âge que je vais changer !

Tu comptes te lancer dans les vidéos YouTube ?
Les vidéos, j’ai essayé, ça ne me parle pas ! Mon fils s’est pas mal foutu de moi, comme ça. J’ai essayé parce que c’est un bel outil de promo, mais ce n’est pas mon truc ! Je ne me force pas, je sais quand ce n’est pas pour moi ! Par exemple, quand j’étais plus jeune, je voulais être chanteur, j’ai très vite arrêté ! Donc, je sais ne pas insister, quand il ne faut pas insister ! (RIRES)

Quand tu n’es pas derrière la caméra, sur scène, ou dans l’écriture, où sors tu le plus souvent ? Un conseil à nos lecteurs ?

Je leur conseille d’aller au Paname, c’est l’endroit où je vais tout le temps ! J’y vais une fois par semaine !

Un conseil de film ?
Un de mes films : Paulette ! C’est bien ! Je boycotte tous les films, pour lesquels, je n’ai pas été pris ! (RIRES)

Ou un film qui t’a marqué. Pas forcément récent ! Tu peux même citer un film des années 90, 80 ou même 70 vu que tu es né en 1976.

Parle bien ! (RIRES) Tu m’as posé une colle !

Tes actus du moment ?
J’ai joué en showcase le 3 mai au Théâtre de Dix Heures. Actuellement je me produis au Paname-Art Café, tous les mercredis à 21H30. Sinon niveau projets, dont je peux parler, je suis en train de finir un film, qui s’appelle 304, avec Pascal Luneau. Il fait son premier long métrage. On est en train de le finir. Je suis aussi sur l’écriture de mon film ! Ça va parler de moi, comment je suis passé de la Presse People à la scène. C’est autobiographique mais selon une version romancée.

Tu as déjà commencé ton casting ?
J’ai déjà le non casting ! Je sais qui je ne vais pas prendre ! Ça je le sais ! J’ai fait ma blacklist vu que j’ai été blacklisté, je ne vais pas me gêner !

D’autres rêves non réalisés que tu te fixes?
Plus tard, quand je serai plus vieux, je me dirigerai probablement vers la réalisation.

Si par le bais d'une baguette magique, tu pouvais retourner 15 ans, en arrière, que changerais-tu à ta vie ?
Il y a 15 ans, on était en 2001 ! Je ne changerais strictement rien ! Si j’avais une baguette magique, je demanderais à ce que la baguette magique, disparaisse d’elle même ! Je suis très content de ma vie, à deux trois détails près ! Artistiquement, il y a 15 ans, je n’étais pas dedans. Je ne pense pas que je n'avais pas la maturité pour commencer plus tôt. Je suis arrivé à cet âge là un peu tard. Mais je laisse ça, comme ça !

kamel 2

Suivez toute l'actualité de Kamel Laadaili, sur Facebook, Twitter et Instagram. Il compte également bientôt tester Périscope. Mais ne le cherchez pas sur snapchat :  "J'en ai fait deux, ça m'a saoulé!" a déclaré l'artiste. 

 

Retour au blog