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Melha : "Hollande me suit sur Twitter"

Melha est sans aucun doute l'une des futures stars de l'humour. Cette demoiselle du 92 est pourtant en mode hyperactive. En effet, outre son spectacle au théâtre du Marais, la comédienne qui a tourné avec José Garcia est en pleine écriture d'un long métrage. Rencontre avec une championne de la répartie.

Pourquoi faites-vous de la scène ?

J’ai eu mon bac à 16 ans comme je suis née en fin d’année et que j’avais un an d’avance. Le souci est que c’est un âge où tu ne sais pas quoi faire. Comme je connais Diam’s, vu que c’est une amie de la famille, elle m’a dit « Viens avec moi en tournée. Tu aimes bien les fringues et le stylisme. Cela va te permettre de prendre une année pour réfléchir. » J’ai accepté de la suivre, sauf que une fois sur place, elle me dit   « Tu vas aussi faire la première partie vu que t’es drôle ». A l’époque il y avait la polémique sur le voile, donc cela détendait l’atmosphère que je vienne balancer mes vannes. Je me suis donc retrouvée avec Ben l’Oncle Soul et Irma en première partie. C’est là que je me suis dit « C’est ce que je voulais faire mais j’osais pas ». Quand mon grand frère Ramzy a appris cela, il a réagi comme si je lui avais dit que je partais faire du strip-tease à Los Angeles. 

Pourquoi ce refus venant de sa part ?

Il faisait cela car c’est son côté protecteur donc je peux tout à fait comprendre. Ses arguments étaient que comme j’étais plutôt douée à l’école, il considérait que je pouvais faire une prépa HEC ou faire Science Po. Je lui ai dit  « Mais non je vais faire intermittente c’est trop bien, ils boivent des bières et tout ». Là il ne m’a plus parlé et il me mettait même des bâtons dans les roues. Je me rappelle même que Gad Elmaleh voulait me prendre en première partie. Lorsqu’il lui a demandé mon numéro il a refusé. Jusqu’au jour où il est venu me voir dans une des scènes ouvertes que je faisais. Là, il a compris que c’est vraiment ce que je voulais faire.

Comment se sont déroulés les premiers temps ?

Comme Diam’s a arrêté, elle avait laissé de l’argent sur un compte. Elle m’a dit en gros : « Bon j’arrête, je vais aider les orphelins et je vais lire le Coran » Elle a demandé à son manager de l’époque de me produire, sauf que comme c’était un mec de la musique on était pas préparés. J’ai eu des propositions et entre-temps j’ai tourné les Lascars sur Canal +. C'est comme cela pas mal de gens se sont tournés vers moi et m’ont fait des propositions. Donc j’ai continué à faire de la scène, parfois en impro, ce qui est mon pêché mignon. Même si cela peut bien se passer, ma productrice Emilie Kindinis n'est pas contente.  

Comment vous travaillez vos vannes ?

Je me souviens que Diam’s posait ses rhymes sur son téléphone, c’est pas mon truc. Quand j’ai une idée, je préfère la poser sur papier. Je n'aime pas l’idée de devoir se poser pour écrire de 10 à 12h pour être drôle. Cela me stresse. Il y a des sujets que tu as envie d’aborder ou pas. Par exemple, je parlais beaucoup des gros et plus j’avance moins j’en parle.  Après parler de la colonisation je trouve cela très intéressant. J’ai appris notamment que les Algériens ne pouvaient pas sortir leur drapeau jusqu’à l’indépendance, c’est peut-être pour cela qu’ils le sortent à toutes les sauces maintenant.

Vous en êtes où de l’écriture de votre spectacle ?

Pour l’instant, je continue mes scènes au Paname. Ce rendez-vous est parfait pour tester mes vannes. C’est marrant et j’en parlais avec Thomas VDB.  Par moments j’ai l’impression de reculer, d’autres soirs d’avancer c’est un casse tête chinois. Heureusement j’ai une productrice de talent. Ensuite, j’ai prévu de partir à Nantes et quelques villes de Province, pour voir si ce n’est pas le même humour. En fonction de la scène où tu te trouves, la réception du public n’est pas la même. D’ailleurs pour certaines salles faut savoir faire un accent mais je ne sais pas les faire, même si cela me fait rigoler quand j’entends les autres le faire. 

Vous aviez sous-estimé ce côté technique ?

Oui car j’ai grandi avec Eric et Ramzy, Gad, Djamel, Omar et Fred. Quand je les voyais ils étaient tout le temps drôles. Si je ne fais plus d’humour, je ferais toujours des vannes à un taxi ou à une dame qui traverse la route. Pour moi, l’humour c’est faire rire tous les jours, parce que tu kiffes et qu'on en a besoin. T’en vois certains qui parlent de la vanne comme une science, avec une technicité de la vanne. Ce n’est pas mon truc. Je remets pas en cause l’aspect technique mais si on y prête trop attention on peut perdre en saveur. 

Avec qui vous travaillez sur vos vannes ?

En ce moment c’est avec Emilie ma productrice. Un moment j’ai travaillé avec Fabrice Eboué que je trouve très drôle, il m’a appris énormément notamment à structurer. D’autres gens ont voulu écrire pour moi. Le fait est que j’ai du mal à jouer un truc qui n’est pas à moi. En fait, ceux avec qui j’écris le mieux, ce sont mes potes. Je l’ai compris au bout de quatre ans. 

Hormis à la scène, vous avez déjà eu des rôles au cinéma…

Mon premier rôle c’était sur le film A toute épreuve, je me suis retrouvée avec Marc Lavoine et La Fouine, casting très improbable. Ensuite, deuxième film sur Tout schuss. Ce film était nul mais il a marché. L’avantage c’était que j’étais avec José Garcia, c’est un roi de la comédie. Il est professionnel et toujours disponible, j’ai vraiment kiffé tourner avec lui. Là je prépare une comédie avec Quad productions. Je travaille actuellement sur le scénario et on tourne fin mars. Je peux pas trop en dire mais  cela parlera de la féminité et de confiance en soi.   

Quelles sont vos sources d’inspirations ?

Évelyne Dhéliat beaucoup (rires ndlr). Franchement, Florence Foresti, j’ai du mal avec les gens qui veulent direct aller voir ce qu’il se fait aux States. Je leur dis avant d’aller aux Etats-Unis, venez on regarde ce qu’il se passe ici. Juste elle a tout compris depuis très longtemps et elle ne m’a jamais déçue. Après il y a des trucs que j’aime aux Etats-Unis. J’aime beaucoup Sarah Silverman. 

L’actualité vous inspire ?

Cela va trop loin, j’ai été choquée quand Jean-Pierre Chevennement avait dit aux musulmans de se faire discret. Les politiques c’est de pire en pire, d’ailleurs ils vont tellement loin qu’ils sont devenus drôles malgré eux. En tout cas Hollande me suit sur Twitter depuis cinq ans. Pour la petite histoire, quand il y a eu la polémique avec le scooter et Julie Gayet, je lui avais envoyé un message et je lui avait dit « J’ai pas à vous juger mais faut faire quelque chose pour vos lunettes. Entre myopes, je peux vous dire que vos lunettes ne font pas Président de la République de la France. »  Je ne sais pas si cela a un lien avec moi mais la semaine d’après, il avait changé ses lunettes. 

Vous suivez les humoristes sur Internet ?

Pas tant que cela, de toute façon le jour où ils n'ont plus le Wifi, ils sont foutus (rires ndlr). Après blague à part, j’aime beaucoup Le Woop, j’aime bien aussi Norman. Ces gens là aiment rigoler en permanence. Par contre, j’en ai marre des Youtubeuses qui font des tutos sur le maquillage. L’autre fois ma nièce me parlait d’une meuf qui a 500.000 followers. C’est une star pour certains mais personne ne la connait. Je me suis demandé s'il fallait que je fasse des vidéos sur Internet mais tout le monde fait déjà cela, je vais dire quoi de plus ?

La différence entre l’humour français et américain ?

En France on a un héritage qui est très fort. J’ai un peu de mal avec les gens qui adorent les Etats-Unis, alors qu’il faut traduire les vannes. Foresti va faire rire ma tante ou ma mère, donc je pense qu’on a rien à envier aux Etats-Unis.

melha

 

 

 

Retrouvez Melha tous les mercredi à 20h au théâtre du Marais au mois de décembre. A partir de Janvier, elle jouera le Jeudi et le Vendredi.

Sa page Facebook et son compte Twitter 

 

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