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Mohamed le Suédois : "J’avais toujours ce rêve en tête"

Mohamed le Suédois ne vient pas de Scandinavie mais de Marseille. Après une formation au cours Florent, le comédien a un temps choisi de mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à la vente. C'est par le biais d'un ami qui l'a inscrit à un concours d'humoriste présidé par Patrick Bosso, que Mohammed est remonté sur scène pour notre plus grand plaisir. Entretien avec un humoriste chaleureux.

Comment vous êtes venu à la scène ?

Etant petit, j’étais fan d’Elie Kakou. A l’âge de 8,9 ans, je prenais la djellaba de ma mère pour rejouer dans mon quartier le sketch de Madame Serfati. Quand je faisais les ateliers théâtre en cours de français, le professeur me disait que je devais faire du théâtre. J’ai arrêté les cours en Terminale, pour moi c’était Terminus. J’avais 17 ans. Je suis monté à Paris et j’ai fait le Cours Florent pendant trois ans. J’ai toujours été passionné par le one-man show mais j’avais besoin d’apprendre les bases, comment se déplacer sur scène, comment tenir une scène, la diction. C’est là que j’ai découvert la scène, pas forcément comment jouer mais comment se tenir face à un public. J’ai joué des pièces comme Le médecin malgré lui.  

Comment avez vous enchaîné ensuite ?

J’ai tenté ma chance à la Deb Jam en 2011. J’avais la pression. Je me demandais comment j’allais faire pour écrire un sketch ? Dans la vie de tous les jours j’étais drôle et comment raconter un truc de A à Z ? Je savais gérer une situation où je pleure mais pas faire une blague. Finalement, j’ai laissé tomber et suis retourné à Marseille faire ce que je sais faire de mieux : la vente. J’ai ouvert une boutique de vêtements qui a cartonné. De 20 ans, jusqu’à 24 ans. Sauf que j’avais toujours ce rêve en tête dans un coin de ma tête.

Qu'est-ce qui a fait que vous aviez continué dans cette voie ?

Un pote à moi m’a inscrit à un concours organisé par Patrick Bosso. J’avais une grosse pression car jamais fait cela de ma vie. Quand je suis monté sur scène, j’ai gagné la finale. De ces 10 minutes, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive un spectacle. Cela s’appelait Le prix à payer. Spectacle ou je racontais ma vie. Il a bien cartonné dans la région PACA. C’est quand que j’ai écris mon deuxième spectacle De la main à la main, que j’ai commencé à pouvoir jouer en dehors de Marseille comme Lyon ou Perpignan.

Vous faites beaucoup de vidéos sur Facebook, d'ou vous est venu l'idée 

Nous étions en 2013. Un soir, je suis avec une copine à moi, je commence à raconter pleins de bêtises pendant deux minutes. Elle m’a filmé et mis la vidéo sur Facebook. En rentrant chez moi, je reçois 2000 de demande d’amis et 500 messages privés. J’y croyais pas. C’est là que j’ai commencé ma série de vidéos Remontées.  Les gens aiment bien que tu moques des autres mais pas d’eux. Cela m’a valu des problèmes, car les gens les gens s’identifiaient entre eux. Du coup, ils revenaient vers moi, parfois au sein même des couples.

Concrètement, cela s’est traduit comment ?

En deux ans, j’ai fait 200 dates dans des salles de 300 personnes minimum et c’était complet 4 mois à l’avance. J’étais devenu une star mais je le savais pas encore. C’est là que j’ai décidé de monter à Paris pour jouer au théâtre du Gymnase, c’était tout le temps complet pendant plus de six mois. Quand je retourne dans ce théâtre, je commence à faire mes vidéos et à cartonner. Avec ma série Famille de ouf, fin 2015, début 2016. Je commence à jouer dans des salles de 1200 places dans le Sud. Je descends à Avignon, été 2016 et fait 15 dates complètes, tout cela sans avoir fait de télé. Les familles maghrébines se sont reconnus à travers ce que je racontais. On a tous dans une famille rebeu, une soeur qui a 35 ans, encore à la maison. Un peu comme Anastasie et Javotte, les soeurs de Cendrillon.

Chez les rebeus, une fille qui passe la trentaine qui n’est pas mariée c’est suspect, d’où le succès rencontré avec mes vidéos, avec un gros succès au Maghreb. A Paris, il y a le bouche à oreilles,  les gens venaient voir Samia, un des personnages phares de mes vidéos. Dés que je le jouais sur scène, tout le monde applaudissait.  Ce personnage est inspiré de quelqu’un que je connais. Elle est fan d’elle même. Pour préparer mes vidéos, je fais tout de l’écriture à la réalisation. Parfois, je sollicite autres personnes pour jouer. Dans une mes vidéos par exemple, j’ai fait appel à quelqu’un qui n’est pas acteur mais serveur. Farid Allouache, c’est mon frère de coeur, un bon gars. 

Dans votre spectacle, vous faites des sketches, chose qui ne se fait plus trop…

Pour moi, c’est le vrai humour, dix sketches cela peut faire dix personnages différents. Le stand-up tout le monde peut le faire avec une bonne écriture. Jouer un sketch avec des situations et faire des voix, des accents c'est plus compliqué. C’est là, le véritable humour. Quand tu vois Chouchou de Gad Elmaleh, sur scène tu vois un travelo. L’accent, la façon dont il se tient sur scène, ce n’est plus Gad Elmaleh. Coluche le faisait bien. Certains vont trouver cela vieillot, pourtant ses sketches est toujours diffusé sur France 3. C’est pourquoi on le considère toujours comme le numéro un. 

Coluche fait partie de vos références ?

Coluche peut monter sur scène est partir en impro, juste en lisant le journal. Il a une force comique rien qu’en te parlant. Il a marqué toute une génération d’humoristes, tout en touchant des sujets sensibles. Tout était drôle chez lui, car il avait un comique naturel. Après, il y a Raymond Devos, avec un humour très pointu, j’ai du revoir ses sketches vingt fois comprendre ses blagues. Il y aussi Fernand Raynaud, très bon dans le faciès. Pierre Desproges. Guy Bedos qui jouait du stand-up. Pour moi, il y en aura pas d’autres. Ils ont marqué leur génération. Aujourd’hui sur 200 humoristes, les trois quarts font du stand-up. Celui qui m’a poussé à faire ce métier, c’est Elie Kakou. Sur la génération 90/2000 c’est Gad et Jamel, surtout son premier spectacle où il arrive tout en jean et en Air max. Je m’intensifiais à ce qu’il racontait. 

Votre anecdote la plus marrante sur scène ?

Lors d’une représentation, deux mecs arrivent avec une demi-heure de retard. Ils se mettent au premier rang avec leurs paninis. Je les charrie, sans calculer. L’un des deux pose sa barquette de frites sur scène. Le mec me regarde et me propose de partager ses frites. J’ai trouvé cela énorme, ce genre de réaction.

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Retrouvez Mohamed le Suédois ce soir et demain au Théâtre du Gymnase

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