Monsieur Fraize avait une carrière toute tracée dans l'hôtellerie de luxe mais il a décidé de lancer dans la comédie. Après des années à barouder en province, il a décidé de monter à Paris. Dans son spectacle original, il campe un personnage complètement loufoque qui propose des gags insensés. Entretien avec un OVNI humoristique.
D'où venez-vous ?
Je suis né à Paris mais j’ai grandi à Lyon. J’ai commencé mon métier en région Lyonnaise, du temps où on était quatre à faire de l’humour. C’était il y a dix-sept ans. Maintenant, il y a beaucoup d’humoristes, dont pas mal jetables. Ceci vient du fait qu’on voyait beaucoup d’humoristes à la télé, ce qui a donné envie aux jeunes de faire ce métier. J’ai fait du théâtre en amateur pour découvrir, sans en faire de manière soutenue.
C’est un métier que vous avez toujours voulu faire ?
Pas du tout. Jusqu’à 26 ans, j'étais dans l’hôtellerie de luxe. Je portais des bagages en mode Spirou. Cela rapportait bien mais c’était pas un super plan de carrière. Un jour, je me suis dit je vais arrêter sinon j'allais péter un cable, car je considère que l’argent ne suffit pas. J’ai mis un peu de temps mais c’était un rêve que je m’étais jamais permis. On a fini par me convaincre que je devais essayer. Coup de bol, cela a marché tout de suite.
Vous êtes resté longtemps en Province ?
Cela a duré quinze ans. Pour la communication, j’avais crée mon propre site et j’allais dans des festivals, où j’étais invité en compagnie d’autres comiques. Du coup, cela a vite marché pour moi. Je voulais pas vraiment aller à Paris que je considérais comme une jungle. Le fait est qu’un production m’a proposé de monter. Finalement, je me suis adapté à cette ville, un peu trop même. Reste que je vis en Saône-et-Loire le reste de la semaine, cela me permet de rester à la campagne en famille et de garder mon équilibre.
Comment est venu cette idée de personnage ?
J’adorais l’idée de faire un personnage. A l’époque, c’était la mode des sketches avec pleins de personnages. On avait pas de personnage central comme pouvait se l’autoriser Coluche, Bourvil ou Raymond Devos qui étaient des monstres. Je n'y suis pas arrivé tout de suite mais c’était ma petite ambition. Quand je faisais des sketches cela marchait très bien. C’était plus facile à proposer que Monsieur Fraize fait aujourd’hui. Au bout de 800 fois où tu joues, tu sais exactement où cela va mener. C’est ce en quoi notre métier est dur, car il faut jouer chaque soir comme si c’était la première fois qu’on jouait. Pour le coup, j’avais le personnage de Monsieur Fraize qui faisait le lien entre les sketches. J’ai voulu arrêter mais j’ai finalement décidé de garder Mosieur Fraize.
Dans votre spectacle vous parlez peu et proposez un humour absurde. Cela fait penser à Mister Bean...
Cette comparaison est justifiée. Gamin, j’ai beaucoup mangé de Coluche, Raymond Devos et Mister Bean ou Benny Hill. Je voyais mes parents rire à cela et moi cela me faisait rire. Cela a du être mes influences.
C’est un style pas trop compliqué à proposer ?
Je me suis dit que si je voulais me démarquer je devais le faire à ma façon et être à contre-courant. Cela pourrait être dix fois plus hors piste. Pour avoir testé les possibilités très loin, il faut respecter certains codes. Au début, je voulais même proposer un spectacle où je venais pas et les gens auraient du attendre quelqu'un qui ne vient pas (rires)
Ce personnage serait comment au quotidien ?
Ce serait pas glorieux. Un vieux garçon avec pleins de peurs. C’est un gars surprotégé, qu’on a pas trop laissé sortir. Comme tout français moyen, il veut se rassurer avec des produits à consommer.
Vous fonctionnez tout seul pour la mise en scène ?
Non, je fais cela avec Papi. Je l'ai rencontré, il y a deux ans au festival d’humour de Montreux. C’est quelqu’un hors-normes et qui a vraiment l’intérêt du prochain, il ne voit pas le côté financier. On s’est reniflé. En plus, j’ai vu qu’il avait des miettes sur le ventre (rires). Il n'est pas du tout dans les codes du milieu, d’où peut-être son intérêt pour Monsieur Fraize.
On peut voir en ce moment au cinéma dans Problemos, comment vous êtes entré dans ce projet ?
A la base, j’avais plus d’attirance que cela pour cette discipline. Sachant que le théâtre m’avait déjà demandé beaucoup de travail sur moi-même. Après, je me suis dit pourquoi pas. En plus, il faut beaucoup attendre, même si je suis habitué à ce genre de chose pour vivre à la campagne.
Comment s’est faite la rencontre avec Eric Judor ?
Un jour j’entends un type rire grassement au fond de la salle. Il était venu me voir au théâtre avec pleins de ses amis. Il m’a découvert sur le net, via l’émission de Laurent Ruquier On ne demande qu’a en rire. Je pense qu’il a eu un coup de foudre. Il est même revenu. Maintenant, il m’associe à ses projets. Je connaissais pas trop ce qu’il faisait. J’ai pu découvrir l’artiste, et ágelement la personne un type hyper attachant mais j’ai aussi découvert qu’il avait envie d’autre chose. Avec Problemos, il voulait faire un truc en dehors des sentiers battus. Surtout que pour le casting, il a choisi des comédiens qui étaient pas connus comme Bun Hay Mean.
Quelle différence entre la scène et le cinéma ?
Là je ne joue pas seul. Je donne la réplique à quelqu’un. Tu peux jouer avec des acteurs ce qui ne m’étais pas trop arrivé durant mes dix sept ans de scène. D’ailleurs j’ai également tourné dans le film de Michel Havazanicius qui sort en septembre.
Enfin, quelle est votre anecdote la plus marrante sur scène ?
Un jour, il y a un type, visiblement éméché qui s’était endormi au premier rang. Il s’est réveillé en plein milieu pour me balancer « Mais changes de métier ». Il était arrivé plein au spectacle. D'ailleurs, je vois parfois des gens sortir de la salle au bout de cinq minutes. Quand ils sortent de la salle, c’est un signe que je fais un bon boulot, car il y a pas de concessions. Je pense que dans ce métier si tu veux plaire à tout le monde, c’est pas bon signe. La scène est un des derniers moyens d’expression libre. C’est pour cela que les humoristes devraient aller encore plus loin dans ce qu’ils veulent dire. D’ailleurs c’est un signe que la France est une démocratie quand tu vois cette liberté et le nombre de spectacles comiques proposés.
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