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Nailia Harzoune : "Tout ce qu’on voulait, c’était être crédibles"

Débarquée dans la capitale pour faire des études de sciences-po et médaillée d'or de danse, Nailia Harzoune a longtemps vu la comédie comme un loisir. Jusqu'au jour où un agent la repère et l'oriente vers des castings. Après plusieurs essais infructueux, elle obtient des petits rôles, avant d'obtenir de plus en plus de répliques. Avec le film Patients, le film de Grand Corps Malade, elle a même passé un cap. La Pyrénéenne y joue, avec beaucoup de justesse, le personnage d'une jeune paraplégique qui essaie de se reconstruire dans un centre de rééadaptation. Entretien avec une étoile naissante.

Comment vous est venu le gout de la comédie ?

J’ai grandi dans une toute petite ville à Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées. Je faisais beaucoup de danse contemporaine, jusqu’au jour où j’ai rencontré une prof qui s’appelle Marie-Elisabeth Waechter qui nous a vraiment fait partager sa passion et son amour pour la danse, la chorégraphie et la création artistique. A partir de cela, j’ai commencé à faire un peu de théâtre et j’ai découvert que j’aimais beaucoup cela. Notamment que cela m’avait libéré de plein de choses et une fois que j’ai eu mon bac, je suis venue à Paris faire sciences-po. A côté je prenais des cours de théâtre.

La comédie n’était donc qu’unE passion pour vous ?

Je n’ai jamais vraiment rêvé d’être actrice parce que j’étais aussi à la Fac et je ne me posais aucune question. C’était une période tellement cool. Je faisais ce que j’avais envie quand j’en avais envie. J’ai décidé d’en faire mon métier le jour où un agent m’a repérée au conservatoire du dixième arrondissement de Paris. On faisait des petits ateliers ouverts au public et là, il y a un agent qui est venu et qui m’a dit : "J’ai envie de travailler avec toi". J’ai passé plusieurs castings, jusqu’à obtenir un rôle. Je me suis retrouvée sur la plateau de tournage du film de Malik Chebane. J’ai trouvé cela assez jouissif et j’ai voulu continuer. 

De là, vous avez fait plusieurs apparitions au cinéma, avant de vous retrouver sur le film Patients ?

C’est David Bertrand, un directeur de casting que j’aime beaucoup qui a appelé mon agent en lui disant "Je veux voir Nailia pour ce rôle". Au début, quand tu passes un casting, tu as juste deux feuilles de texte à apprendre. Tu ne sais pas trop pour quoi c’est. Tu n'as pas le scénario. On nous a juste dit que cela se passait dans un centre de rééducation et que c’était l’adaptation d’un roman de Grand Corps Malade. J’ai passé les essais devant lui et Medhi Idir qui ont réalisé le film. 

Le film se passe dans un centre de réadaptation, comment a-t-il été préparé ?

C’était dans le centre de Couvert. Celui où Grand Corps Malade a fait sa rééducation après son accident. Ce n’est un pas un décor et tous les figurants sont des vrais patients du centre. On est allés travailler là-bas, avec des kinés du centre, qui étaient nos coachs et bien-sûr Grand Corps Malade qui supervisait tout cela. On a beaucoup travaillé en amont, sur les postures à avoir en fauteuil roulant, avec notamment des exercices réalisés par les patients du centre. Pendant trois jours, on s’est déplacés uniquement en fauteuil. Je suis celle qui a le plus galéré, par rapport aux mecs, vu que c’est physique. 

Vous échangiez avec les patients du centre ?

Oui car nous avons passé sept semaines de tournage sur le centre. On dormait sur place. On a pu faire connaissance avec eux, ils nous racontaient leurs vies et comment ils en étaient arrivés là. Surtout, ce que cela nous a le plus appris, cela concerne l’humour. Quand j’ai lu le scénario, je l’ai trouvé très drôle. J’ai trouvé qu’il y avait un humour très incisif. Je ne m’attendais pas à voir autant d’humour sur place, un humour qui peut être parfois très violent.

Quels rôles ont joué les deux réalisateurs ?

C’était comme des guides. On flippait avec les autres acteurs sur le fait qu’il y ait deux réalisateurs. En fait, on s’est rendus compte qu’ils étaient pas complémentaires mais que c’était les mêmes personnes. Ils ont tellement travaillé, qu’ils savaient exactement ce qu’il voulaient. De manière assez instinctive, ils avaient les mêmes envies et les mêmes idées. 

Quels ont été les retours des personnes handicapées ?

On est trop contents. Tout ce qu’on voulait c’était être crédibles, parce que cela peut-être vite ridicule de jouer des handicapés. Soufiane Guerrab et moi on joue des paraplégiques. On peut jouer avec le haut du corps. Pablo Pauly lui joue un tétraplégique, c’est un vrai challenge d’acteur. Quand on a présenté le film au personnel soignant des handicapés et aux patients et tous s’accordent pour dire que c’est très crédible.  

Quelle fut votre première réplique ?

Mon premier film, c’était une scène où je jouais une petite jeune qui avait 17 ans et qui avait piqué plein de CDs et qui disait « J’ai piqué tous les CD, J’ai piqué tous les CD ». C’était la seule phrase que je devais dire de toute la journée (amusé)

Vous préférez jouer au cinéma ou au théâtre ?

Cela n’a rien à voir. J’adore les deux. Au cinéma, il y a quelque chose de moins stressant et de  magique. Quand tu entends action et que tu as tous les postes qui sont en suspens et retiennent leur respiration. C’est quelque chose de magique, cela me galvanise. 

Quels sont ceux qui vous ont donné envie de faire ce métier ?

Il n'y en n'a pas vraiment, même s'il y a des personnes que j’admire. Quand je vois Patrick Dewaere, je suis comme une folle, Vincent Cassel je le trouve incroyable. Je suis une grande fan de Golshitfeh Farahani, elle amène un jeu que personne n’a. Elle dégage une violence et une brutalité et en même temps, tout en sensibilité. Il y a aussi Béatrice Dalle. Mais si il y a une nana qui m’a donné envie de faire cela c’est Isabelle Adjani ! Je m’identifie à fond à elle. Elle peut faire tout ce qu’elle veut et je la soutiendrai à fond. Je l’ai croisée à un festival à Angoulême, je n’ai même pas osé lui parler. 

Quels sont vos films références ?

Old Boy, pfff tu te prends des claques, Vol au dessus d’un nid de Coucou. Sinon j’ai deux films de déprime, c’est Certains l’aiment chauds et Quand Harry rencontre Sally.  

Quelle est votre méthode pour travailler vos rôles ?

C’est la méthode de Karine Duris,  ma coach qui est devenue une amie. Elle me fait beaucoup travailler  sur la respiration. Par exemple quand tu pleures, la respiration change. En prenant cela en compte, cela fait quelque chose à ton corps d’assez mécanique. C’est pareil pour le rire.  

Quels sont les projets ?

Je vais tourner un film, avant l’été, qui s’appelle Macadam, sur des nanas qui traversent le Portugal en voiture. Ce sera un road movie, un peu drôle. Ensuite, je serai au théâtre dans une création de Baptiste Amann en septembre. Cela va être ma première expérience professionnelle sur les planches après le conservatoire. J’appréhende beaucoup mais je travaille en lisant beaucoup de classiques. Corneille, Racine, c’est intemporel.

Enfin, quelle est votre anecdote la plus marquante ?

Sur le tournage de Geronimo, de Tony Gatlif. J’ai une grande phobie des serpents. Un moment on est la plage et il y a un énorme bout de bois. Il veut qu’on tourne la scène dessus. Ce qui est génial avec lui, c’est qu’il sait improviser. Du coup, on prend la caméra on y va. Il me dit « tu montes dessus et tu sautes », j’adore cela me fait rire. Je saute et je m’assois et là il y’a un serpent qui sort. Là j’ai crisé, j’ai pété un plomb. J’ai couru comme une folle dans l’eau. Sur le coup, j’ai eu peur mais c’était drôle.

Retrouvez Nailia Harzoune dans le film Patients, dès aujourd'hui, dans toutes les salles de cinéma ! 

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