Disparu des radars médiatiques après son rôle dans la série Seconde B, Pascal Jaubert n'a pas chômé. Entre apparitions à la télé ou au cinéma, le comédien a même co-écrit un scénario pour le cinéma. De cette période où il est passé inaperçu, il a préféré prendre cela avec ironie, en montant sur scène, pour présenter un one-man show intitulé Pascal Jaubert est Has-been. Has-been comme le nom de la web-série qu'il a réalisé et diffusé sur la plateforme Viméo. Une production où il revient habilement sur cette période de galère. Entretien avec un comédien qui est passé avec brio derrière la caméra.
Pourquoi avez-vous lancé ce projet de série Has been ?
Quand j’arrive sur scène, c’est ce que je dis et c’est comme cela que j’ai appelé mon spectacle. Je trouvais que cela me définissait bien. Après, je me disais qu’il y avait de la matière pour faire un truc marrant. Je voulais raconter une histoire tout en restant dans mon univers.
Has Been, la série from Pascal Jaubert on Vimeo.
Comment s’est mis en place le projet ?
Tout a été écrit en trois semaines. J’avais l’idée depuis un moment. Le premier épisode, je l'ai écrit il y a trois ans. Il était cool. J’ai écrit une petite histoire pour les autres épisodes. J’ai écrit des pitchs mais quand j’ai commencé le tournage, je n’avais pas tout écrit. En fonction des épisodes, j'étais plus ou moins en improvisation.
Dans votre série, vous faites un clin d’oeil au film Birdman. C’est un film qui vous a marqué ?
En tant que réalisateur, c’est un film qui m’a marqué. Je suis un fan de plan séquences, je trouve que c’est un art hyper intéressant. Birdman au niveau du plan séquence c’est fou, même si ce sont des faux plans séquences, cela nous met dans une atmosphère. J’ai trouvé beaucoup de thématiques communes avec mon parcours. Sur le parcours de quelqu’un qui essaie de faire un retour après 15 ans. J’aime bien mettre des références. Cela me faisait marrer de le faire.
Quelle est la part d’autobiographie ?
C’est vraiment moi mais je ne vais pas voler les chansons des mes copains dans la série. Je ne suis pas capable non plus de tirer 200 balles au distributeur pour dépanner un pote. Du coup, la part d’autobiographie n'est pas importante, même si j’ai vraiment fait un shabbat pour séduire une juive sur qui j’avais trippé. J’ai même appelé un pote juif qui m’avait filé des tuyaux là-dessus.
Quel était l’objectif avec cette série ?
Au début, l’objectif c’était de faire de la promotion pour mon spectacle. J’ai mis tellement de temps à faire la série que j’ai commencé à tourner six mois après avoir fini de jouer mon spectacle. Ensuite, mon objectif c’est juste devenu de faire un truc bien. J’aime tourner et le « Do it yourself ». Je voulais faire quelque chose de cool et différent. Qui soit vraiment pas dans le ton de tout ce qu’on peut produire quand on va sur le web aujourd’hui. Quand je vais sur Internet je suis largué, je ne vois rien qui me parle. Tout le monde s’adresse à la même catégorie de gens. Je m’en fiche des jeunes, je vais pas faire genre je sais leur parler. Je vais juste m’adresser à moi et raconter ce que j’ai envie de voir moi. Mon objectif c’était de me divertir, comme si je me mettais à la place du spectateur.
Combien de temps a mis le tournage ?
Une dizaine de jours mais c’était étalé sur un an. Entre temps, je faisais mon spectacle et d’autres choses. J’ai écrit la série alors que j’avais déjà écrit le spectacle. Je devais gérer avec les disponibilités de chacun. Une fois que j’ai tout tourné j’ai commencé la post prod, tout en continuant à tourner.
Concernant la série Seconde B. Comment vous l’analysez avec le recul, êtes-vous toujours en contact avec des gens de la série ?
Ysa Ferrer et Hélène Rames sont venus assister à la première de mon spectacle. Je suis en contact avec Igor Butler que j’ai pas mal vu, pendant un moment. Il a même produit mon premier court métrage. A l’époque France 2 voulait faire un truc en réaction à Hélène et les garçons pour s’adresser aux jeunes qui sont dans la vraie vie. D’ailleurs notre série n’a pas eu le même truc sur lequel on se référence. Peut-être parce que l’autre série était naze et on a une culture d’aimer ce qu’il l’est. Je trouve que la série est cool, j’aimais bien la faire. Ce n’est plus diffusé aujourd’hui. C’était hyper cool à faire. Cela m’a appris à jouer quelque soit les conditions et le texte, même si on t’a donné le texte la veille et que tu ne l’aimes pas. J’ai aussi pu apprendre la magie de la fabrication et de la réalité. C’est là que j’ai appris la fabrication d’un film. Vu que je suis autodidacte, je m’intéressais à tout. Une semaine de tournage de seconde B, on tournait tous les extérieurs, le lundi et les autres jours en studio. Souvent le Lundi, j’allais en montage pour apprendre toutes les techniques, notamment le montage.
Vous êtes plus à l’aise devant ou derrière la caméra ?
Avant j’étais plus à l’aise devant que derrière la caméra. Après cela dépend pour qui je dois tourner. Je pense qu’il y a peu de gens qui savent vraiment diriger les comédiens. J’ai lâché l’affaire un moment car j’en avais marre des téléfilms où le réalisateur ne parle qu’à ses assistants. C’est pour cela que je suis à l’aise derrière la caméra. J’aime bien avoir le contrôle et j’aime bien diriger. Pour moi la matière première ce sont les acteurs qui te donnent l’impression que tout est réel.
Comment s’est lancé cette carrière dans le stand-up ?
Je venais souvent au Paname, voir les spectacles et aussi voir les projections de courts-métrages organisées par un ami qui s’appelle Sergio. Un soir, les films qu’il avait choisis me soulaient. Je suis allé voir les mecs en bas qui faisaient du stand-up, comme Norman alors qu’il n'y avait pas autant de monde qu’aujourd’hui. Cela m’a plu, donc je venais beaucoup. J’aime même vu des potes à moi qui en faisaient comme Lamine Lezghad. C’est quelque chose que je connaissais de loin sans le faire. J’étais près de la scène. Ensuite je me suis dit que j’allais y aller et j’ai réussi à faire sauter le blocage que j’avais. J’avais écrit des textes mais je n’avais pas le courage de les défendre sur scène, j’avais peur. Je me suis dit après tout, je me fous de tout. Finalement, je suis allé sur scène sans avoir écrit quoi que ce soit. Ma première, c’était un pote Alex Skarbek qui avait organisé un plateau. Il me prévient cinq jours avant et là j’ai dit ok, alors que je n’avais pas le temps de préparer quoi que ce soit. Je suis resté vingt minutes sur scène et les gens ont rigolé. Après j’ai tout filmé pour peaufiner mon passage. Un jour au Paname, j’avais un texte et c’était pas pareil. Jusqu’au jour où j'ai fait la première partie de Max Boulbil au Bataclan.
Cette première partie a-t-elle été réussie ?
Quand j’ai fait la répétition, Max rigolait à mes blagues. A partir du moment où je monte en scène sans texte, j’ai jamais été stressé. J’ai distancié le fait d’être drôle. Si ça ne l’est pas, au pire je rentre dans ma loge et je me cache la tête dans mes mains mais je vais pas en mourir. Avant de monter sur scène je n’étais pas du tout stressé. Ma première blague a été gâchée par un mec du public. Pourtant j’ai enchaîné et finalement cela s’est bien passé. J’ai pu faire un spectacle, même s'il vaut ce qu’il vaut, au moins je peux me dire que je l’ai défendu sur scène.
Vous remontez sur scène du coup ?
Oui mais je veux d’abord faire des passages de cinq minutes. Il y a pleins de gens qui disent que monter sur scène c’est dur. Je ne trouve pas que c’est le cas. J’ai envie de continuer sur scène pour tenter de nouvelles choses, sans avoir l’objectif de faire un spectacle d’une heure tout de suite. Là je me dis que je vais prendre le temps de consolider mon texte, pour être plus efficace.
Quels sont vos autres projets ?
Maintenant que j’ai fait la série, je vais essayer de la promouvoir. Tout en me posant un peu et continuer à faire des scènes ouvertes. Je vais faire une liste des projets que j’ai. Je vais en choisir un que je ferai l’année prochaine mais je ne sais pas encore lequel. J’ai des envie en théâtre ou cinéma mais je ne sais pas encore dans quoi je vais mettre toute mon énergie.
Quelles sont vos références en série ?
J’ai beaucoup accroché sur Breaking Bad que j’ai regardé en entier. House of Cards, je n’ai pas aimé et j'ai rapidement lâché. La première saison de Platane, pour moi Eric et Ramzy ensemble ou séparément sont énormes. Il y a aussi Entourage que j’ai adoré. Californication aussi que j’ai beaucoup aimé. Je suis aussi un gros fan de Seinfeld et des Simpsons, notamment de la saison 5. Je m’en suis inspiré pour ma série notamment le fait qu’un épisode va dans une direction totalement opposée à celle qui était prévue.
Et en cinéma ?
J’ai des références assez contemporaines comme Les fils de l’homme avec Clive Owen. Je suis très cinéphile, je vais voir une soixantaine de films par an en salles. Je vais dans les grosses salles pour avoir mon petit confort. Par contre quand je vais au Festival de Cannes j’aime bien voir des petits films. Mes réalisateurs de référence sont Tarantino, De Palma. Polanski, même si je déteste l’homme. J’aime bien les comédies américaines de Seth Rogen ou bien Idiocracy. Mon film préféré de l’année qui vient de s’écouler c’est Grinzby, c’est un film à la Austin Powers mais les scènes d’action sont premier degré. Je ne suis pas très comédies françaises mais j’ai beaucoup aimé le film d’Edouard Baer Ouvert la nuit, même si je ne sais pas si c’est vraiment une comédie. J’ai bien aimé Five avec Pierre Niney. Sinon, il y a eu le film Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ou Intouchables et Nos jours heureux. Après, certains films sont des comédies sans l’être, comme Pulp Fiction ou They live de John Carpenter.
Quelles sont les anecdotes qui t’ont marqué ?
En tournée avec le Capitaine Brackmard. Un jour devant 250 personnes j’ai un trou de mémoire sur scène et je dis « J’ai oublié les paroles » et là le public fait« ouaisssss ». Après quelqu’un jouait avec nous et deux gamins discutent et l’un deux dit « T’as raté », c’était trop fort à un moment le mec a fait semblant d’oublier les paroles. J’ai fait tellement de choses cela passe par plein d’événements. Sur le spectacle « Has been », c’est moi qui louais le théâtre avec mon argent. En janvier, un vendredi, j’ai eu une personne. Deuxième vendredi il n'y a que trois personnes alors que jeudi et samedi il y avait du monde. C’était une expérience géniale car les trois personnes étaient gênées pour moi. Heureusement, cela m’a permis de me blinder. Une fois j’ai joué pendant une heure et personne ne rigolait alors que les gens avaient kiffé le spectacle. Comme je ne voyais pas le public, je ne savais pas ce qu’il se passait. J’ai demandé donc qu’on m’éclaire les gens car je vois que j’ai l’attention du public. Même s' il ne rigole pas, au moins je sais que je pourrai le faire rire plus tard.