Cauchemar de beaucoup d'étudiants mais incontournable pour les présentations, le Power-point peut aussi être une arme humoristique. L'humoriste Pierre Croce ne lâche plus ce logiciel qu'il utilise astucieusement sur sa chaîne YouTube mais aussi sur scène. Un format qui lui permet de jouer avec les graphiques et vous redonnerait presque envie de balancer du slider.
Comment était votre enfance en Lorraine ?
J'étais dans une région pas très dynamique, d’ailleurs lors d’une de mes représentations à l’Européen, il y avait des gens de Lorraine dans le public. Quand ils m’ont dit d’où ils venaient, je leur ai dit ironiquement « Désolé ». C’est une région qui a été touché par la fermeture des industries minières et sidérurgiques.
Vous voyez faire de l’humour lorsque vous étiez enfant ?
C’est un truc que je regarde depuis que j’ai l’âge de 14 ans. Je regardais beaucoup de spectacles. Il y avait pas beaucoup d’artistes qui passaient dans ma région. Quand ils passaient, j’essayais d’aller les voir. J’ai vu Dubosc, Eric & Ramzy, Gad Elmaleh, des personnes que je consommais beaucoup. Sur ma chaîne Youtube, on peut voir des vidéos que j’avais faite quand j’avais quinze ans. La qualité n’était pas forcément au rendez-vous mais l’envie était là.
Vous avez un concept c’est le powerpoint, d’où vient cette idée ?
J’étais en école de commerce à Lyon. Un jour, pendant une présentation de groupe, chacun avait sa partie à présenter, j’essayais d’animer un peu le truc et de rajouter des vannes dedans. J’ai vu que cela marchait bien, ce qui m’a donné envie d’en faire un sketch. J’ai étudié un moment aux Etats-Unis, je devais faire beaucoup de Power-points en classe. Cela me permettait de faire une bonne présentation pour le prof sans avoir une mauvaise note, tout en faisant marrer l’auditoire. Je faisais des petites sketches.
Les profs réagissaient comment ?
A partir du moment ou tu fais rire les professeurs en plus des élèves, ils aiment bien. J’avais pas des super notes mais j’avais des bonnes notes tout en racontant des blagues.
C’est un concept que vous avez continué à faire…comment sont préparés vos représentations ?
Un pote qui travaille avec moi depuis le début m’aide sur la partie production. Il se met dans la salle et analyse les réactions du public pour voir les passages qui réussissent plus ou moins bien. Sur un spectacle d’une heure et demie, je teste de temps en temps, deux,trois minutes pour voir si cela marche ou pas. Je prévois toujours plus pour garder le meilleur.
L’humour qui vous caractérise est l’absurde, pourquoi cette voie ?
Quand je commençais à regarder les spectacles, c’était un type d’humour que j’appréciais. ce qui est pas très facile quand on a 13, 14 ans. Par contre, quand j’ai commencé à m’intéresser à cela et vouloir faire de l’humour écrit. J’ai commencé vraiment à approfondir. C’est là que j’ai commencé à consommer de l’absurde : Pierre Desproges, François Rollin, Ben, Alexandre Astier. Tous ces gens qui sont dans ce type d’humour. Je ne suis pas entièrement porté là-dessus mais j’essaie d’y incorporer quelques touches, un peu comme un musicien qui pourrait être influencé. J’ai pas envie d’être considéré comme un humoriste absurde même si c’est un humour que j’affectionne.
Votre spectacle a été joué au festival d’Avignon, comment cela s’est passé ?
C’était une période où je voulais sortir d’Internet. Cela a prouvé que je voulais vraiment faire cela. Parce qu’il y avait un public qui venait dans les salles. C’était quelque temps après une vidéo que j’ai fait « Ce qu’on reverrait d’entendre dans l’avion » qui avait fait plus de 12 millions de vues sur Facebook. Quelques semaines après j’avais posté la vidéo « Tester Tinder avec un enfant ». Les gens sont venus grâce à cela, j’avais envie de prouver que cela marchait sur scène, alors que j’hésiter à transposer mes sketches à la télé. Je me voyais pas trop faire de la télé, car c’est quelque chose que je consomme pas trop, contrairement à Internet. J’étais dans une salle de 65 personnes mais il y avait pas beaucoup de spectacles, parfois du théâtre classique, Finalement, j’ai réussi à attirer un public qui ne serait pas forcément venu à Avignon.
Quels sont les Youtubeurs que vous suivez en ce moment ?
Ceux que je regarde et qui sont vraiment très bons, ce sont McFly & Carlitos. C’est un duo qui vient de Golden Moustache et leurs productions sont très intéressantes. Aux Etats-Unis, j’apprécie beaucoup ce que fait Casey Neistat, il scénarise bien sa vie au quotidien sur son blog. Il parle beaucoup d’entreprenariat, cela montre bien la maturité des Youtubers aux Etats-Unis.
Quels sont vos projets ?
Déjà baisser le rythme de production de mes vidéos pour privilégier la qualité. Avant, je prenais une demi-journée pour filmer, maintenant cela me prend une journée entière. Cela me permet de faire des choses plus ambitieuses, comme lorsque j’ai fait le « Où est Charlie ? » géant dans les rues de Dijon, avec 200 étudiants déguisés en Charlie. J’ai pas d’ambition particulière, je veux continuer à m’amuser sur Internet et sur scène. Après je sais pas combien de temps on va durer. Est-ce qu’on va tenir jusqu'á 50 ans ? C’est à nous de montrer qu’on peut toujours être créatifs et regardé par les jeunes. Dans les cinq prochaines années, on va arriver à un moment charnière, soit les premiers Youtubeurs disparaissent, soit l’audience va vieillir sur Youtube.
Enfin, quelle est votre anecdote la plus marquante sur scène ?
C’était lors mon plus gros bide sur scène, alors que mes parents étaient venus me voir. Il a eu lieu lors d’une soirée privée organisée par un casino. Le souci, c’est que moyenne d’âge très élevé dans la salle. J’ai joué une demi-heure. J’ai rapidement compris que j’avais rien à faire ici. C’est un bon moment car j’avais un collègue humoriste qui jouait. Finalement, cela m’a appris à gérer ce genre de situation.
Retrouvez Pierre Croce à l'Européen tous les soirs jusqu'à Samedi à 20h
Vous pouvez le retrouver aussi sur sa chaîne YouTube et sur Facebook