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Rachid Badouri : "J’ai besoin d’être à l’affut"

Six ans après son succès en France pour son spectacle Arrête ton cinéma, Rachid Badouri est de retour pour présenter Rechargé, son second spectacle. Dans cette nouvelle production, l'humoriste parle des relations hommes-femmes mais aussi pas mal de sa vie privée. Entretien avec un humoriste branché sur 300.000 volts.

Comment êtes vous rentré dans le monde de l’humour ?

Je crois que la personne qui n’a jamais pensé à cela et qui pense à devenir humoriste se plante royalement. Tu es forcé de reconnaître que Dieu t’as donné un don. C’est le destin. J’imitais les humoristes français que je voyais grâce à ma famille en France. Ils nous envoyaient des K7 des Inconnus ou le premier spectacle de Gad Elmaleh. Pour moi ce sont des Dieux en humour. Je me nourrissais de cela et quelques humoristes québécois. Je me voyais pas forcément faire de la scène au Quebec, car je me retrouvais pas dans les sujets abordés et en pensant que cela n’intéresserait personne.

D’où venait cette gêne ?

Au Québec, comme tout époque, que cela soit les années 80 ou 90, il y avait pas encore cette culture de donner à quelqu’un d’une origine différente de s’exprimer. Je viens d’une quadruple culture. Quand je ramenais des amis à la maison mon père me disait « Mais tu bosses pour l’O.N.U ou quoi ?». Chaque semaine c’était soit un pote Portugais, un Haïtien ou un juif Libanais, un grec. Quand tu arrives dans la vingtaine, tu peux faire tous les métiers du monde. Et j’ai fait pleins de métiers. A un moment donné, tu es poussé à comprendre que tu dois faire ce métier, sinon tu seras malheureux toute ta vie.

Quels métiers alimentaires tu faisais avant ?

J’ai été stewart, commercial dans un comptoir de compagnie de téléphones mais aussi vendeur de noix, et d’arachides. Comme j’avais le badge avec mon nom, j’ai eu droit à toutes les blagues faciles. Un moment, j’avais trois emplois à temps partiel. J’étais workaholic. Le soir, je travaillais à l’aéroport, comme agent d’accueil. Ensuite, je partais dans une station essence comme pompiste.

A cette époque vous écriviez ?

Même pas. Je faisais le clown de service. Je sortais beaucoup chaque fin de semaine. J’étais le mec qui faisait rire tout le monde. Je faisais les mêmes sketches à chaque fois. Je travaillais comme cela, à l’arrache. J’ai commencé à appliquer une méthode de travail, lorsque j’ai eu mon déclic.

Quand a eu lieu le déclic ?

Il est venu vers 27 ans. A l’époque, je vivais encore chez mes parents et travaillais comme vendeur dans un magasin d’électronique. Ma copine de l’époque m’avait quitté pour le manager du magasin. J’avais déposé des DVD de mes sketches à pleins d’endroits, jusqu’au jour où je suis contacté par le Festival Juste pour rire, pour faire une audition devant public. J’ai amené tous mes potes et je leur ai fait le spectacle de la mort. Quand c’est ton temps, c’est ton temps. Il y a pas d’effort à faire. C’est comme si j’avais été transporté par un vent.  Il y a même des journalistes qui n’étaient pas spécialisés en culture qui ont fait un article sur moi. Pendant cette année, il y a même un gars qui est venu cogner à la vitre de ma voiture, il m’a dit : « J’allume la TV, c’est toi qui est là. Je regarde dans le journal, je te vois. Peux-tu prendre des vacances un peu ? ».  

Quelle utilisation faites-vous des réseaux sociaux ?

A la base, c’est pas quelque chose que j’affectionne. J’ai pas trop envie qu’on rentre dans ma vie privée mais je les utilise, du mieux que je peux. On est tout le temps à la recherche de la vidéo virale. Dernièrement, j’étais au jardin d’acclimatation, j’en ai profité pour passer mon temps libre avec ma femme et ma fille. On s’est promené, il y avait personne. Pourtant quand je promenais, je me disais, si tu vois un truc louche bizarre, filmes-le cela peut faire le buzz. J’ai fait une vidéo, je lai montée à la maison. J’ai fait un million de vues. Du coup, cela m’a mis un autre stress pour la semaine prochaine pour faire une autre vidéo. J’ai besoin d’être à l’affut. Cela représente le fait qu’il faut toujours travailler. Cela me rappelle une phrase de mon père "Il y a que dans le Dictionnaire que le mot « Succès » vient avant le mot « Travail »". Beaucoup de gens peuvent être au sommet grâce aux réseaux sociaux mais garder le succès c’est pas donné à tout le monde. Même un mec comme Gad, continue de travailler.

Gad Elmaleh c’est votre référence ?

Absolument. Quand sa première K7 vidéo est sortie on me l'avait prêté. Je regardais tellement les sketches, que celui qui me l’avait prêté m’avait dit de pas trop rembobiner pour ne pas user la bande. C’est devenu un ami. Je peux me la péter un peu en disant cela car j’ai réalisé un rêve. Si je lu envoies un texto, il répond direct. C’est une fierté pour moi, car peu de gens arrivent à devenir ami avec une personne, dont il étaient fans. Il m’a donné ma chance en 2006, au Québec. Il avait prévu deux dates, c’était complet. Les gens se battaient à l’entrée du théâtre.

Vous revenez en France pour jouer votre deuxième spectacle, qu’est-ce vous appréciez ici ?

Ce que j’aime dans les pays francophones, c’est la chaleur que je reçois sur scène. Je voulais conquérir le public de Gad Elmaleh. C’est ce que j’ai eu et c’est une belle preuve de confiance du public. Quand je fais le numéro sur ma mère (un sketch où il évoque le décès de sa mère ndlr), c’est un numéro qui a beaucoup touché les gens ici, limite tu as l'impression que les gens du public veulent me prendre dans leurs bras. Cela m’a surpris, surtout quand on parle de la froideur des gens ici. C’est pas forcément le public qui est fautif mais peut-être à nous humoristes de se remettre en question.

Sur scène vous vous donnez beaucoup. Vous faites du sport ?

Je fais de la callisthénie. C’est de la musculation au poids du corps. Je suis pas mal un athlète qui s’appelle Franck Medrano. Il a les poses les plus parfaites. Je suis un programme en ligne. L’erreur que j’ai faite avant, c’est que je n’allais pas au sport pensant que j’étais fatigué. Il faut continuer à s’entraîner. Plus tu fais de la scène, plus tu dois t’entraîner. Quand je sors de scène, je suis fatigué mais j’enchaîne plus facilement le lendemain. Plus besoin de me lever à midi pour récupérer.

Quelles sont vos références ?

J’étais un grand fan des Inconnus quand j’étais petit et Roland Magdane. Les films de Jacques Veber avec Pierre Richard. Gad Elmaleh, Jamel Debouzze. Actuellement, j’apprécie beaucoup Bun Hay Mean, Jason Brokerss, Claudia Tagbo, Yassine Belattar, Blanche Gardin, le Comte de Bouderbala, Matthieu Madénian, Nadia Roz. Je suis aussi Pierre Croce comme Youtubeur. Au Quebec, Courtemanche et Antony Kavanagh. Aux Etats-Unis, Dave Chapelle qui est la référence, Kevin Hart. Enfin, il y a Hélène DeGeneres, j’attend son nouveau spectacle avec impatience.

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