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Rencontre avec Arezki Chougar : « J'aime l'humour sarcastique et absurde »

Stand-upper, auteur, maître du podcast, Arezki Chougar quitte Toulouse pour s’installer à Paris et arpenter les différents comedy clubs de la capitale. Il présente son nouveau spectacle Presque humain tous les jeudis à La Petite Loge. Pour ce nouveau seul-en-scène, il convoque l’absurde et le sarcasme. Rencontre avec un jedi de l’humour. 

Vous écriviez des blagues dans la gazette de votre fac. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce journal ? 

Ce journal s’appelait L’amalgame. Il sortait tous les mois. C’était la gazette de ma fac dentaire à Toulouse. A l’intérieur, il y avait des petites news, des articles d’étudiants ou de profs et des vannes. On inventait des faux QCM avec des blagues sur ce qu’il se passait à la fac ou sur les étudiants dentaires. On partageait aussi des photos de la vie étudiante du mois passé. En dessous de chaque photo publiée, on ajoutait des commentaires drôles. 

C’était le début de Facebook mais ce n’était pas encore un réseau social. Il y avait les tests que tout le monde faisait comme « Quel X-Men êtes-vous ? ». J’avais toujours eu envie de faire des vannes. Je pense que cette gazette était une soupape pour en faire comme les blagues que j’écrivais en commentaires sous des photos de la fac publiées sur Facebook. 

Je signais toujours mon édito en écrivant Arezki Chougar et à côté, j’insérais une photo d’Alain Chabat [rires]. D’ailleurs, des gens pensaient qu’Arezki Chougar n’existait pas, que c’était un pseudo. Ils se demandaient : « Mais qui s'appelle comme ça ? Personne ! ». J’avais choisi Alain Chabat parce que j’adore cet acteur et qu’on m’avait dit que je lui ressemblais un peu [rires]. 

Comment avez-vous connu le stand up ?

J’ai toujours aimé le stand up. Je regardais beaucoup de spectacles américains. Quand j’étais petit, j’ai piraté Canalsat pour voir la série Seinfeld. Au début et à la fin de chaque épisode, il y a des extraits de Jerry Seinfeld sur scène. J’adorais ! 

Ensuite, j’ai téléchargé beaucoup de spectacles américains de stand up. Pendant que mes amis regardaient uniquement les programmes qui passaient à la télévision française, je faisais les deux. Très vite, je me suis fait une culture stand up. 

Vous souvenez-vous de votre première scène ? 

C’était en mars 2016. Un mois avant de monter pour la première fois sur scène, un pote me propose de m’inscrire sur un plateau. Je lui réponds littéralement : « Jamais de la vie ». Et puis, je ne sais pas, un jour j'envoie un message au Comptoir du rire, un plateau créé par Haroun à Toulouse. On me donne une date. Le lendemain, je pars en vacances en Ecosse. C’est parfait ! Si je bide, je quitte le pays [rires]. Mais finalement, je me suis aussi inscrit à un open mic en Ecosse. Les blagues étaient presque les mêmes, je les avais traduites dans l’avion. J’ai d’ailleurs gardé cette habitude : traduire toutes mes vannes en anglais. Ça me permet d’inventer d’autres blagues que je n’aurais pas forcément trouvées en français. Et inversement. 

 

Ces deux scènes se sont bien passées. Ce n’était pas ce vieux stéréotype de la première scène où tu bides. Au contraire, j’ai pris la confiance en mode : « Pffff trop facile, d’ici trois mois je fais l’Olympia » [rires]. Mon premier vrai bide, je l’ai pris à ma huitième scène. Tu as le temps de te croire invincible donc tu tombes d’encore plus haut lorsque ça arrive. 

Vous habitiez à Toulouse, pourquoi êtes-vous venu à Paris ?  

Pour le stand up. Je voulais faire plus de scènes et avoir plus d’opportunités. A Toulouse, avec Emma de Foucauld, Fabien Guilbaud et Gabriel Francès, on a créé notre propre scène - la Toulouse Comedy Night - pour pouvoir jouer. Mais, même en organisant ce plateau, notre temps de jeu était assez limité. On ne jouait que 10-15 minutes les mercredis et notre spectacle les week-ends. En une soirée à Paris, tu peux jouer quatre fois sur différents plateaux. 

Dès que je finissais au cabinet, je courais pour jouer sur un plateau. J’écrivais des vannes entre midi et deux ou entre deux patients.

A Toulouse, dès qu’il y avait un événement de stand up, on rayonnait sur la ville et les alentours. On programmait beaucoup d’humoristes. En arrivant à Paris, il a fallu tout recommencer à zéro. Personne ne te connaît donc il faut montrer que tu es drôle sur scène et que tu peux faire rire. Alors, tu commences à jouer où tu peux et puis, tu fais tes preuves. 

Il y a encore trois mois, vous étiez dentiste. Comment parveniez-vous à jongler entre le stand up et les caries ?

Parce que je devais y arriver. Mais je courais tout le temps. Dès que je finissais au cabinet, je courais pour jouer sur un plateau. J’écrivais des vannes entre midi et deux ou entre deux patients. Maintenant, comme je ne suis plus dentiste, ça me permet de prendre le temps de me consacrer à d’autres projets que je peux mener à bien. 

Avez-vous déjà testé des blagues sur vos patients ? 

Jamais. Je ne suis pas drôle du tout avec mes patients [rires]. Pour être un bon praticien, il faut être sympa mais il faut aussi que les patients t’écoutent sérieusement quand tu leur expliques quelque chose. J’essayais de bien séparer ces deux disciplines. Certains patients m’ont reconnu sur un plateau mais c’est rare, c’est peut-être une personne par an. Et encore !

 

Dans votre spectacle, vous posez la question « si les hamsters venaient à disparaître du monde, en combien de temps s’en rendrait-on compte ? ». D’ailleurs, avez-vous un hamster ? 

Non, j’avais une tortue. Elle s’appelait Léonardo évidemment. Je l’ai ramené d’Algérie dans une petite boîte avec des trous. Personne n’a demandé à ouvrir ce carton. Elle est restée sur mes genoux pendant tout le vol. 

Avez-vous trouvé la réponse ? 

En étirant cette interrogation, je me suis rendu compte que ce n’était pas la réponse qui comptait mais la question. Et surtout, le fait que l’on ne se pose jamais cette interrogation-là [rires]. Après, il faut voir le spectacle pour comprendre les répercussions de cette question. 

En une seule phrase, comment décririez-vous votre humour ?

Sarcastique et absurde avec une volonté de trouver des points de vue originaux. A postériori je me rends compte que j’aurais dû faire cette interview avant d’écrire mon synopsis sur Billetreduc. C’est mieux que ce que j’ai écrit ! [rires].  C’est difficile de se décrire. Quand on te demande de te décrire et que tu as du temps, tout de suite, tu te dis que tu vas faire cette phrase, que tu vas devenir Proust [rires]. En fait, c’est mieux d’avoir quelqu’un qui te pose la question directement sans que tu aies à trop réfléchir. C’est plus spontané ! 

 

Vous êtes un peu le jedi des podcasts. Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans ce format audio ? 

Que le contenu compte : ce que tu vas dire prime et pas comment tu es habillé ou si tu es joli sur le moment. Il n’y a pas de fioritures. Dans les podcasts, j’apprends plein de choses juste parce que les gens discutent ensemble. Ça fait moins exposé. 

Je passe quasiment ma vie à écouter des podcasts. Principalement américain et anglo-saxon. J’ai commencé par des podcasts comiques comme You made it Weird with de Pete Holmes. Comme la plupart des comiques qui réalisent un podcast, ils invitent un autre humoriste pour discuter de choses ultra profondes ou personnelles. Et comme c’est un comique, c’est drôle. 

Vous êtes fan de Star Wars. Quelle est la meilleure punchline de Star Wars

La princesse Leia qui dit : « Je t’aime » à Han Solo. Et lui qui répond : « Je sais ». Quatre secondes après, il se fait congeler [rires].

Si les acteur.rice.s de Star Wars étaient des stand upper.euse.s, qui serait qui ?

Yoda serait Richard Pryor. Obiwan Kenobi, peut-être Louis C.K. Pour Dark Vador, c’est plus difficile. Je dirais Bill Burr. Han Solo, Cedric The Entertainer. Princesse Leia, Sarah Silverman. Luke Skywalker, Jerry Seinfeld parce que ce serait lui qui m’a permis de rentrer dans la saga. Tous les autres stand-uppers seraient des Ewoks [rires]. 

Votre chat s’appelle acab, a-t-il le sens de l’humour ?

Je pense que oui parce qu’il fait des blagues. Il est capable de cacher des choses sous ton oreiller sans que tu t’en rendes compte et tu te demandes pourquoi il vient te poser ça juste à côté de ton oreille. 

Quel est son style d'humour ?

Avec un nom pareil, il fait forcément de l’humour politique et se moque surtout du gouvernement.  

Allez-vous monter un duo comique ?

Non, je n’ai pas envie qu’il me fasse de l’ombre. 

Quels sont vos projets futurs ?

Mon spectacle, mes podcast et des projets d’écriture : écrire pour les autres comiques et une série ! 

Pour suivre l'actualité d'Arezki Chougar, rendez-vous sur sa page Facebook, Instagram et sur son site internet. Pour assister à son spectacle, Presque humain, cliquez ici

 

©Photo de couverture : Maoulé 

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