Observateur hors-pair du monde qui l’entoure, le journaliste David Castello-Lopes s’interroge sans cesse sur toutes ces petites choses qui peuplent notre quotidien : les gens qui disent « belle journée » et « bonjourann », les émojis ou encore les barrières bicolores de chantier. Créateur de la série Depuis quand pour Canal +, il réalise aujourd’hui une pastille intitulée Suisse ? pour RTS, Intéressant pour Arte et officie en tant que chroniqueur sur Europe 1 aux côtés de Stéphane Bern et de Matthieu Noël dans l’émission Historiquement vôtre. Interview.
En faisant des recherches pour préparer cette interview, je suis tombée sur votre Linkedin. Depuis quand n’avez-vous pas changé votre photo de profil ?
C’est une très bonne question [rires]. Je dirais que c’est depuis que je suis sur Linkedin donc environ 12 ans. Mais la photo est plus ancienne parce que je me souviens exactement quand et où je l’ai prise : c’était en septembre 2007, dans un miroir. Je me trouvais pas mal dessus donc je l’ai gardée.
C’est marrant parce que c’est un peu comme les photos sur Facebook dont la résolution était adaptée à la résolution des écrans de l’époque. Mais depuis, au fur et à mesure que la résolution des écrans augmente, la photo rétrécit, se pixélise et devient dégueu. Sinon, je n’ai pas tant changé que ça depuis 2007 !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du journalisme ?
Ce n’était pas du tout une vocation que j’avais depuis l’enfance. J’ai mis beaucoup de temps à savoir ce que je voulais faire. J’étais une sorte de dandy-branleur. Et puis, je me suis rendu compte que le journalisme me permettrait d’apprendre des choses différentes tous les jours, d’écrire et d’être un peu créatif.
Tous ces sujets restent « sexysables » parce que ce sont des sujets auxquels les gens ont déjà plus ou moins été confrontés dans leur quotidien
Mais je ne savais pas que je pourrais en faire quelque chose qui me conviendrait vraiment. Finalement, mes vidéos, aujourd’hui, je pense que ce sont à la fois des reportages mais aussi des petits courts métrages humoristiques. Si on m’avait dit que le journalisme ça pouvait être ça, j’aurais dit « oui » beaucoup plus vite !
Vous avez réalisé Depuis quand pour l’émission Les reporters du dimanche diffusée sur Canal +. Quand est née cette série ?
Je faisais déjà des blagues pour Canal +. Je m’occupais de deux chroniques dans l’émission L’effet papillon : Le Biopic (anciennement appelé Le Planétarium) et Le Chiffroscope, une série en dessin animé qui répondait à des grandes questions d’actualité.
Vous avez fait le buzz sur TiktTok avec votre chanson « Je possède des thunes ». Quelle reprise vous a particulièrement marqué parmi tous les tiktokeurs ?
Je dirais la première, celle de John Homer. J’avais mis la chanson « je possède des thunes » sur Instagram et je reçois un message de ce follower qui me dit : « haha j’ai fait une petite vidéo avec ta musique. Je l’ai mise il y a 3 heures sur TikTok et il y a déjà 400 personnes qui l’ont reprise ! Les gens croient que c’est de moi la chanson, mais je leur dis que c’est toi ! » C’est grâce à ce tiktokeur que cette reprise a fait le buzz !
Quand je regarde les choses autour de moi, je vois toujours le monde comme un enchevêtrement de décisions faites par des milliers de personnes
Et récemment, Téo Lavabo l’a reprise pour faire la promo de son disque. Il marche dans la FNAC avec sa combinaison dorée et il dit qu’avec les thunes que l’on a, il faut aller acheter son disque [rires].
Vous aimez beaucoup le stand upper Demetri Martin. Quelles sont vos autres influences humoristiques ?
Pour moi, personne n’est aussi fort que Louis C.K. Il est tout seul dans sa catégorie. Et Ricky Gervais ! Il m’a beaucoup marqué. En 2006, j’ai vu la version anglaise de The Office et j’ai adoré son jeu d’acteur, notamment ses mimiques avec sa cravate.
Je suis aussi de la génération des Inconnus. D’ailleurs, je trouve que ça a bien vieilli, à quelques exceptions près. Ils ont mis le doigt sur plein de choses qui sont encore justes, même 30 ans plus tard.
Et bien sûr, Edouard Baer. J’aime beaucoup son humour entr’autres parce qu’il maîtrise à la perfection les mecs qui s’écoutent parler, ces types complètement centrés sur eux-mêmes et qui ne s’en rendent pas compte.
Vos montages se rapprochent de ceux qu’on retrouve dans les vidéos de Bill Wurtz. Qu’aimez-vous chez cet artiste américain ?
Sa manière de chanter une partie d’un commentaire et de l’intégrer aussi bien dans le montage. Il tient un propos hyper précis et puis d’un coup, il se met à chanter, parfois avec des orchestrations. Je pense que c’est pour cette raison que j’ai intégré de la musique dans Depuis quand. Dans tous les premiers épisodes de la saison 1, je reproduisais même au synthé, la mélodie que faisait ma voix sur la question. Et ça Bill Wurtz, le fait tout le temps.
J’ai mis beaucoup de temps à savoir ce que je voulais faire. J’étais une sorte de "dandy-branleur"
Dans ses créations, il y a aussi une extrême laideur du graphisme mais tout est cohérent. Ça m’a beaucoup inspiré au départ.
Après la télévision et la radio, aimeriez-vous monter sur scène ?
Oui ! Le 13 juin à l’Olympia, Hector Obalk fait une représentation de son show Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures et il m’a proposé de faire cinq minutes entre les deux parties de son spectacle. Je vais parler de lui parce que ça fait très longtemps qu’on se connaît, faire des blagues et raconter des choses qui me concernent.
Je serai aussi sur scène à partir de septembre. J’ai écrit une demi-heure donc je vais faire un trente avec l’humoriste Guillaume Pouget-Abadie.
Retrouvez toutes l’actualité de David Castello-Lopes sur son compte Insta et Facebook. Pour écouter sa chronique Les origines, rendez-vous tous les jours de la semaine à 16h09 sur Europe 1 ou écoutez-les en replay.