Vous connaissez sûrement Karine, Stéphanie, la maman de Lola,... Derrière ces personnages mythiques 2.0 : Diane Segard. A travers une riche palette d’émotions, elle dresse avec brio le portrait de toutes ces personnes qui peuplent notre quotidien. Rencontre avec une comédienne aux mille visages.
Quel est votre premier souvenir lié à l’humour ?
Avec un ami, on apprenait par cœur les textes du spectacle Ils s’aiment de Pierre Palmade et Michèle Laroque. On jouait les sketchs devant nos parents dans le salon. J’adorais ! Surtout le fait d’annoncer : « Ce soir, on fait un spectacle devant les parents ». C’est le plus vieux souvenir que j’ai.
Et le dernier ?
Ma fille de 5 ans est fan de Ladybug, un dessin animé dont je n'ai pas toutes les références [rires]. Récemment, elle est venue me voir pour me dire : « Maman, je suis une super héroïne et je m’appelle Queen B ». Mais pour moi, Queen B c’est Beyoncé ! J’ai éclaté de rire.
Pourquoi avez-vous choisi de vous tourner vers la comédie ?
J’avais déménagé, je ne savais pas trop quoi faire. J’avais un peu perdu mes repères théâtraux, notamment avec la troupe avec laquelle j’avais des projets. Alors je me suis réfugiée dans la comédie pour continuer de jouer.
Je me suis réfugiée dans la comédie pour continuer de jouer
Je viens du théâtre, j’ai fait deux conservatoires d’arrondissement à Paris : le 15ème et le 10ème. On abordait des textes de genres différents. J’ai pu jouer plein de rôles ! Je me suis tournée vers la comédie -je ne m’en lasse pas et j’adore - mais j’ai envie de développer et de travailler d’autres pans : le drame ou la tragédie par exemple.
Que retenez-vous de vos études théâtrales ?
J’ai rencontré des personnes incroyables avec qui j’ai adoré jouer, comme Mathilde Guêtré-Rguieg. Elle m’a fait découvrir plein de textes. C’est un univers que je ne connaissais pas du tout avant de commencer ces études. J’ai aussi adoré aller voir des spectacles et surtout, prendre l’initiative de monter des projets ! Mathilde a monté des pièces dans lesquelles on a joué. C’était un peu la débrouille mais c’était très plaisant de partir de rien et de créer des spectacles avec cet esprit de troupe.
Vous avez d’ailleurs continué les projets avec Mathilde Guêtré-Rguieg que ce soit sur YouTube ou sur Instagram. Qu’aimez-vous dans votre duo ?
On se complète totalement. On travaille ensemble depuis 9 ans donc on connaît nos forces et nos faiblesses mutuelles. On peut se conseiller, c’est important d’avoir sa vision. Notre duo est complémentaire. J’aurais tendance à être le taureau fonceur et boulet de canon qui ne réfléchit pas alors que Mathilde prend plus son temps, réécrit, peaufine. On adore jouer ensemble et on est très attachées à nos personnages ! Mathilde est une collègue et une amie. C’est une force de l’avoir à mes côtés. Je le souhaite à tout le monde !
Dans la première vidéo que vous avez postée, vous jouez une embrouille avec Marjorie dans un salon de thé. Que représente cette vidéo pour vous ?
J’aimais déjà les personnes qui ont des petites névroses, un petit grain et surtout le côté double discours de cette nana un peu crue mais très gentille avec la serveuse. Les filtres me faisaient rire aussi. J’en utilisais beaucoup.
@dianeseg Savoir faire la part des choses 😻 #embrouille #engueulade #nana #meuf #lol #videodrole #comedienne #amitie #amie #bio #huilesessentielles #bobo ♬ son original - DianeSeg
Pourquoi avez-vous arrêté d’utiliser des filtres ?
Les filtres transformaient ma voix et les gens ne comprenaient pas forcément ce que je disais. Ils enlevaient un aspect qualitatif à la vidéo. Aujourd’hui, le fait de changer ma façon de parler en fonction de mes personnages est déjà une sorte de filtre. Il n’y a que Karine avec sa tête carrée qui est restée.
Vous postez beaucoup de vidéos sur Tik Tok, même plus que sur Instagram. Comment appréhendez-vous cette plateforme ?
Je vois cette plateforme comme un laboratoire expérimental où je peux poster plein de vidéos. C’est un CV de jeux, une fenêtre sur de nombreux potentiels. Je n’ai pas de règles sur cette plateforme. Parfois, je poste trois vidéos le même jour, parfois aucune. Je fais des tests, je me plante.
@dianeseg Lolaaaaaa💜 #humour #pourtoi #omg #maman #sketch #fyp #foryou #viral #parents ♬ son original - DianeSeg
Pendant le premier confinement, vos vidéos dépassent les millions de vues…
Pendant le confinement, c’était un peu la dépression totale pour tout le monde. Je me suis lancée un défi : faire une vidéo par jour ! Et je n’ai pas lâché ce rythme-là. Tourner et poster une vidéo par jouer m’a tenu psychologiquement, ça m’a boosté et motivé ! J’avais besoin de ce moment de travail dans ma journée. C’était mon moment. Je n’avais plus mon noyau théâtral. Les personnages m’ont permis de jouer et de travailler. Ils m’ont fait beaucoup de bien moralement, ils me tenaient compagnie.
Le fait de changer ma façon de parler en fonction de mes personnages est déjà une sorte de filtre
Vous continuez à poster une vidéo par jour. Comment faites-vous pour garder ce rythme ?
Je ne sais pas. Ce qui m’aide c’est d’avoir des personnages récurrents. Je peux leur faire vivre plein d’histoires. Et puis, j’adore observer les gens, leur manière de bouger, de parler. L’humain est une source inépuisable d’idées à sketchs.
Pour l’instant, je tiens la cadence. Il y a eu un moment où je me suis mis la pression. Quand on donne un certain rythme de publications et qu’on ne le tient plus, les gens se demandent où tu es passée. Mais il ne faut pas se forcer à poster. Quand je n’ai pas d’idées, je ne poste pas. Il faut que je sois satisfaite de la vidéo et qu’elle me fasse rire. Il ne faut pas tomber dans cette névrose « je poste pour poster parce que sinon je n’existe plus ». Il faut faire ce qu’on aime même si c’est très difficile !
Avez-vous peur d’être en manque d’inspiration ?
Ça m'est arrivé ! Mais j’étais agréablement surprise parce que quand j’étais confrontée à ce manque d’inspiration, il se passait quelque chose dans la journée qui me donnait envie de faire une vidéo !
Qu’est-ce qui vous fascine chez les personnes du quotidien que vous imitiez ?
Les doubles discours, les sous-textes, les antagonismes profonds ou les non-dits qu’on comprend me font beaucoup rire. J’aime jouer des personnes qui ont de véritables névroses mais avec une profonde humanité. J’aime aussi les gens qui essaient et qui en font trop parfois.
Qu’aimez-vous dans le fait d’interpréter autant de personnages ?
J’aime raconter des histoires à travers des personnages totalement opposés, qui ne vivent pas du tout la même chose. J’essaie d’apporter des nuances à chacun d’eux pour qu’ils soient de différentes couleurs. Ce que j’aime le plus : jouer.
J’aime jouer des personnes qui ont de véritables névroses mais avec une profonde humanité
Parmi tous ces personnages, y en a-t-il un que vous aimez particulièrement retrouver ?
C’est assez cyclique. Je les aime tous mais je pense que j’aime beaucoup jouer Stéphanie qui travaille à l’EHPAD des Glaïeuls. C’est un personnage touchant et bienveillant mais qui a une vraie souffrance aussi. Et puis, je trouve qu’on aborde un sujet intéressant qui me touche beaucoup. Aujourd’hui, on parle de l’EHPAD comme d’un lieu où on ne souhaiterait jamais aller. Si un jour je dois être en EHPAD, j’espère que ce ne sera pas seulement l’endroit où je vais finir mes jours mais une fête, un autre moment de vie ! Je pense qu’il y a un soulagement à jouer Stéphanie. Je me dis que tout n’est pas perdu et qu’on va encore se poiler même à 95 balais [rires].
Quels sont vos projets futurs ?
Un spectacle mis en scène et coécrit avec Mathilde !
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