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Rencontre avec Louis Chappey : « J’ai toujours aimé l’exercice de la comédie »

Passionné d’humour depuis son enfance, Louis Chappey vit aujourd’hui sa best life : chroniques sur Clique TV, pastilles humoristiques sur Instagram et passages dans les différents comedy clubs. L’humoriste prépare la reprise de son spectacle Debout dehors la nuit au Point-Virgule. Rencontre avec un petit génie du stand up. 

Quel est votre premier souvenir lié à l’humour ?   

En maternelle, on avait le droit de ramener des petits gâteaux pour les partager au goûter. On se cachait derrière les chips Monster Munch en imitant les "ouhouhou" des fantômes et ça nous faisait rire. Une première vanne. On s’est amélioré depuis [rires]. 

Sinon, petit, j’ai assisté au spectacle de Gad Elmaleh, L’Autre c’est moi. Ce qui m'a le plus impressionné, ce ne sont pas les blagues mais l'énergie et l'électricité de la salle. Le public riait. Beaucoup. Ces rires traduisaient l’amour que les gens portaient pour cet artiste. D’habitude, pendant un spectacle, les adultes te disent de te taire quand tu es enfant. Là, pour la première fois, j’entendais des personnes hurler de rire. Ça m'a marqué. Peut-être que ce jour-là, j’ai réalisé que faire des blagues pouvait être un métier et que j’avais envie de faire la même chose : être humoriste. 

Lors de vos études d’anthropologie, vous découvrez le stand up via un concours organisé par les étudiant.e.s de la fac de Nanterre. Comment s’est passée cette première scène ? 

Ce concours m’a lancé. C’était pour les étudiant.e.s qui voulaient faire du stand up mais qui n’étaient jamais monté.e.s sur scène. On était une quarantaine à participer. Certain.e.s n’ont jamais continué, d’autres sont aujourd’hui stand uppeurs comme Yazid Assoumani, Bastien Morisson, Samy Bel, Boriss Chelin, Sylvain DK, PV ou Pierre Hertout.

Le stand up a été un soulagement.

Dans mon passage, je parlais déjà de musique : du rap et de ses variations comme la trap. Comme j’aimais l’anthropologie, je m’intéressais aussi au genre. Je faisais des vannes sur les gels douches genrés qui, en réalité, ne nous correspondent pas du tout. Je vannais ce que les titres évoquent comme les gels douche AXE : passions nocturnes, hangover, … 

Pourquoi avez-vous choisi le stand up ? 

J’ai toujours aimé l’exercice de la comédie : faire rire les autres ou raconter des blagues. Le stand up était un concentré de ces deux choses. Quand j’étais ado, j’avais beaucoup d’énergie à dépenser et je cherchais une discipline dans laquelle je pourrais me donner. Mais je me trouvais nul dans tout. Le stand up a été un soulagement.

 

Louis Chappey - Génération Paname à La Cigale © Benjamin Boccas / Kader Aoun Productions

Que vous apporte cet art aujourd’hui ? 

Le stand up m’a apporté beaucoup de recul sur les choses. Parfois, certains humoristes trouvent que ce recul peut être négatif parce qu'ils ne vivent plus pleinement leurs émotions. Ils analysent tout ce qu’ils font parce qu’ils s’inspirent de leur vie pour écrire un set. 

Quand on m’appelle pour un projet, je suis super content. Quand je raccroche je me dis : ok, c’est un problème. 

Mais, en même temps, je trouve que c’est aussi quelque chose de sain parce que, d’une certaine manière, ce recul aide à relativiser. Et dans ma vie personnelle, à ne pas sombrer dans le drama [rires]. Quand j’étais adolescent, j’avais une part de mélancolie. Je ne sais pas encore si cette mélancolie serait partie en grandissant ou si le stand up m’a totalement aidé à l'apaiser parce que je ne suis pas assez vieux pour m’en rendre compte. En tout cas, pour certaines choses, j’ai l’impression que cet art est cathartique. Si tu arrives à rire d’une chose relou qui vient de se passer, c’est déjà une première étape pour aller mieux. 

Vous avez commencé dans la troupe du Laugh Steady Crew créée par Thierno Thioune. Quels souvenirs gardez-vous de ces débuts ? 

C’était intense et marrant. Chaque semaine, on écrivait un texte sur un thème imposé par le public. On devait faire  4-5 minutes. Ça me paraît fou aujourd’hui. Je serais incapable de faire autant  de « tests » qu’à l’époque. Cet exercice m’a appris à écrire vite et à la demande, ce qui m’a aidé pour les chroniques dans Clique cette année. J’avais une semaine pour écrire un texte. 

Faire des chroniques pour la télé était-ce quelque chose qui vous faisait peur ? 

C’était intense. Évidemment ça me faisait peur mais ce n’était pas une peur paralysante. Souvent, quand on m’appelle pour me proposer un projet, je suis super content et je me dis que c’est une occasion incroyable ! Quand je raccroche, je me dis : « Ok, c’est un problème » [rires]. On se souhaite d’avoir ce genre d’opportunité et quand on l’a, on a peur de ne pas être à la hauteur. En même temps, c’est parfois bien de ne pas être prêt parce qu’on apprend en le faisant. A force de faire des chroniques, j’étais moins stressé. J’ai réussi à normaliser l’exercice. 

On se souhaite d’avoir ce genre d’opportunité et quand on l’a, on a peur de ne pas être à la hauteur. 

Cette période, entre novembre et mars, a été charnière. C’était une transition dans la diversité des choses que j’avais faites jusqu’à présent. Et puis, ces chroniques étaient une validation supplémentaire. 

Dans chacune de vos chroniques vous répétez « Ça va aller ». Pourquoi avez-vous choisi ce gimmick ? 

Quand quelqu'un te dit « ça va aller », ça implique que ça ne va pas [rires]. Quand j’ai eu l’opportunité de faire ces passages télé, j’avais pris le parti de dire « ça va aller ». Entre tous ces discours un peu dramatiques et pessimistes, je voulais faire de l’humour sur les choses qui ont été compliquées comme vanner le covid ou la division que ça a créé, les addictions, le capitalisme, l’écologie,...pour appréhender les choses avec légèreté. 

 

Louis Chappey - Génération Paname au Paname Art-Café © Benjamin Boccas / Kader Aoun Productions

Après toutes ces chroniques sur Clique, est-ce qu’on peut dire que « ça va aller » ? 

Je ne sais pas si ça va aller mais il vaut mieux se le dire. Je crois d’ailleurs que c’est ce que je dis dans ma dernière chronique… Je me cite moi-même [rires]. 

 

Côté scène, vous reprenez votre spectacle Debout dehors la nuit le 2 septembre, comment vous sentez-vous ? 

Impatient ! J’appréhende aussi cette reprise parce que c’est un nouveau cycle mais c’est positif. 

Pourquoi avez-vous choisi ce titre de seul-en-scène ? 

Ce titre évoque mon train de vie. Depuis quelques années, je rôde mes blagues en comedy club le soir et après les scènes, je ne rentre pas tout de suite. Je me pose avec d’autres stand uppeurs pour rigoler et discuter. Parfois, on note ce que l’on dit. C’est dans ce contexte-là que j’ai écrit ce premier spectacle. Pas devant un ordi à 8h. Mais peut-être que cette méthode de travail changera avec le temps et que ce sera le titre de mon prochain spectacle : « Assis devant un ordi à 8h » [rires]. 

La best life est un équilibre idéal impossible à atteindre.

J’ai trouvé ce titre avec Thierno Thioune, le metteur en scène du spectacle. J’avais évoqué cette phrase au détour d’une conversation et il l’avait notée. Une fois trouvée, c’était comme une évidence. On aimait ce que ce titre évoquait avec poésie. 

Qu’est-ce que symbolise ce spectacle ? 

Je l’ai écrit entre mes 18 ans et mes 24 ans donc il y a quelque chose d’un peu adolescent. Pas adolescent dans les références mais dans les questions que je me pose autour du bonheur, comment tu gères les émotions ou comment tu deales avec ton présent et ton passé. 

Sur Instagram, votre devise est « la best life ». Selon vous, c’est quoi la best life ? 

L’équilibre entre son travail et sa vie personnelle, entre les différentes émotions que l’on peut vivre. Un équilibre idéal impossible à atteindre. J’ai fait une réponse hyper premier degré [rires]. 

Pour assister au spectacle de Louis Chappey, cliquez ici. Pour suivre son actualité, rendez-vous sur Instagram. Une soirée sera organisée La Chap’party pour fêter les 10K de l’humoriste sur Instagram. 

© Photo de couverture : Benjamin Boccas / Kader Aoun Productions

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