Connu pour sa fameuse chronique Les Orties sur la radio Couleur 3, Yann Marguet présente son premier seul-en-scène Exister, définition. Après une tournée flamboyante en Suisse, l’humoriste a joué à Paris pour un showcase exceptionnel au Théâtre du Petit Saint Martin. Fidèle à lui-même, l’artiste célèbre la vie avec humour et amour. Rencontre.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit ?
Égyptologue ! Précis hein ? C’est le fruit d’un esprit malade [rires]. C’était ma première passion. J’avais environ 10 ans et je lisais des gros livres sur Christian Jacques ou Ramsès. Du coup, tout le monde m’offrait des trucs en rapport avec l’Egypte, c’était assez fou. Et puis un jour, ça a complètement disparu. Comme tous les gamins, ça a dû être remplacé par l’envie de baiser, de fumer des clopes et de boire des coups [rires].
Quel élève étiez-vous ?
J’avais beaucoup de facilités. Mais paradoxalement, j’étais un peu à côté de la plaque. J’avançais étape après étape sans me poser de question. À la fin de l’école obligatoire, je suis allé au gymnase (l’équivalent du lycée en France), mais juste pour faire comme tout le monde. Et puis, même topo après le gymnase. J’ai été à l’Université parce que mes potes allaient à l’Université.
À l’Université de Lausanne, vous êtes passé par plusieurs facultés qui n’ont rien à voir avec votre métier d’aujourd’hui. Pouvez-vous revenir sur votre parcours universitaire ?
Je me suis inscrit en HEC et j’ai détesté, j’ai tout arrêté après un semestre pour rejoindre la Fac de droit. À la fin de ma licence, je m’ennuyais tellement que je me suis dit que je ne pouvais pas continuer. Alors, j’ai opté pour un Master en criminologie. J'imaginais les experts à Miami. Et bien sûr, ce n’était pas du tout ça ! Mais va savoir pourquoi, j’ai continué [rires].
J’ai opté pour un Master en criminologie. J'imaginais les experts à Miami. Et bien sûr, c’était pas du tout ça !
Vous avez même été jusqu’à entreprendre un doctorat. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Dans le cadre de mon Master, j’ai pu faire un Erasmus et partir à New-York. Là-bas, mon prof m’a proposé de faire un doctorat et j’ai accepté. Et puis j’ai commencé à me poser des questions. Je me rendais bien compte que je m’en foutais complètement et que je n’allais jamais finir ce doctorat. Après trois ans et demi, j’ai tout arrêté parce que je voulais me tourner vers l’enseignement sauf qu’il y avait deux ans d’attente pour s’inscrire à la formation. Je me suis retrouvé au chômage et j'ai fait quelques remplacements à l’école. J’ai vraiment fait n’importe quoi [rires].
Comment avez-vous intégré le monde de la radio ?
J’étais pote avec pas mal de gens dans le monde de l’improvisation dont l’humoriste Blaise Bersinger. Il animait la matinale dans une radio privée et il m’a fait savoir que l’équipe cherchait quelqu’un pour écrire des vannes pour certains chroniqueurs.
Jouer à Paris, c’était comment ?
C'était trop cool ! J’ai même eu une standing ovation donc ça m’a beaucoup rassuré par rapport au public français. J’imaginais bien que les gens seraient intéressés par la thématique. Mais je ne savais pas si mon personnage serait apprécié. En Suisse, les gens viennent parce qu’ils m’ont connu à la radio et sont habitués à moi. Ils connaissent mes mimiques, mon ton et ma façon de parler.

A Paris, c’est vrai que je ne savais pas comment les gens allaient réagir comme ils ne me connaissent pas. Et puis, ce n’est pas un seul-en-scène où j’enchaîne punchline sur punchline. Au contraire, il y a des moments plus posés et contemplatifs.
Finalement, tout s’est bien passé ! En plus, je suis vraiment content parce qu’il y avait une majorité de parisiens dans la salle. C’était pas que de la diaspora suisse [rires].
Quelles sont vos techniques pour gérer le stress avant de monter sur scène ?
Après ma première représentation, j’ai pris l’habitude d’arriver un quart d’heure avant pour ne pas devoir trop attendre. Mais pour cette date à Paris, je devais être à 15h00 au théâtre alors que je jouais à 20h00. C’était chaud ! Faudrait inventer un caisson de cryogénisation qui permet de se réveiller une seconde avant le spectacle [rires].
Ce n’est pas un seul-en-scène où j’enchaîne punchline sur punchline. Au contraire, il y a des moments plus posés et contemplatifs.
J’ai aussi appris à gérer les premières secondes sur scène. Au tout début de mon spectacle, je suis dans le noir, assis sur un fauteuil. Les gens terminent leur conversation et j’ai le cœur qui s’emballe. Avant, j’avais horreur de ce moment parce que j’avais une telle boule au ventre et on a vraiment ce réflexe de vouloir la chasser plutôt que d’expérimenter. Un jour, j’ai eu un déclic. Je me souviens m’être dit : "mais laisse-la exploser !" J’ai respiré et le stress est redescendu presque d’un coup, comme une sorte de shoot ! Depuis, j’aime bien ce moment.
Avant de conclure, avez-vous un message à adresser aux jeunes humoristes ?
Il n’y a que toi qui peux savoir ce que tu as dans le bide. Il faut le rappeler parce qu’on est vite corrompu par les avis des autres. On ne peut pas manufacturer le buzz, on essaie. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. L’important, c’est de rester intègre. Il faut aussi faire attention à ne pas essayer de faire comme les autres juste pour suivre une tendance. Le but c’est de célébrer ta bizarrerie donc il ne faut pas forcément prendre le train qui passe mais choisir celui qui te convient.
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©Photo de couverture : Damian Malloth