Après des études classiques de commerce pour satisfaire ses parents, Salomé Partouche est revenue vers sa passion première : la comédie. Son talent, son humour frais et naturel et sa spontanéité lui ont permis d’afficher très tôt un beau palmarès, en obtenant des premiers rôles ou encore en remportant plusieurs prix à des concours. Rencontre avec cette nouvelle pépite de l’humour, après l’avoir découverte à l’espace Rachi à l’occasion de l’édition d’humour « RIRES ».
Qu'est-ce qui t'a emmené à la scène ?J’avais un désir de devenir comédienne depuis assez jeune. A mes 20 ans, j’ai commencé à prendre des cours de théâtre à l’Atelier Juliette Moltes dans le 11eme arrondissement de Paris.
On avait un exercice qui s’appelait "La carte blanche". Il s’agissait de faire ce que l’on voulait en un temps imparti. Plusieurs personnes me disaient : « T’es super drôle Salomé ! Tu devrais faire des sketchs ! » J’ai donc écrit un petit sketch que j’ai joué devant la classe et à ma grande surprise ça a très bien pris. Et c’est là que ma prof de théâtre et directrice de l’école, Juliette Moltes, m’a dit : « Je pense que ça pourrait être ton métier, tu es faite pour ça. »
Un mois après ça, j’ai fait ma première scène ouverte. C’était le 1er avril 2014. C’était lors des Auditions Publiques du Café Oscar, un incontournable du lieu pour ceux qui débutent. J’ai eu des bons retours et ça m’a encouragé à continuer. A côté de ça, j’ai poursuivi ma formation à l’Atelier Juliette Moltes.
Projetais tu de devenir comédienne depuis ton enfance ?Je ne savais pas si c’était précisément la comédie qui me faisait envie mais ce que je savais c’est que j’avais une réelle envie de m’exprimer et de créer. Ça s’est précisé par la suite, plus tard. Après mon bac, je voulais m’inscrire en école de théâtre mais mes parents préféraient que je poursuive mes études, ce que je comprends maintenant avec du recul. Du coup, j’ai fait une école de commerce internationale pendant trois ans, puis j’ai arrêté pour faire du théâtre mon métier.
Comment tu t'es organisée pour écrire tes sketches ?Les sketchs que je joue actuellement sont un mélange de choses que j’ai écrites à différentes périodes, y’a du très récent et certaines choses qui datent d’il y a deux ans. L’année dernière, j’ai remporté un concours d’humoristes, le Talent de Ménilmontant et ma victoire m’a permis de jouer mon spectacle dans son intégralité au Théâtre de Ménilmontant pour 4 dates uniques. Quand j’ai gagné j’avais même pas la moitié du spectacle et ça m’a obligé à écrire pour avoir une heure.
Quels sont les thèmes que tu aimes aborder ?J’aborde ce qui me touche dans l’espoir que ce qui est propre à mon histoire fasse aussi écho à celle des autres. Je fais preuve de beaucoup d’autodérision. Il s’agit d’un spectacle très autobiographique. Les thèmes sont assez variés, le fil rouge c’est comment je vis les choses avec ma personnalité.
Peux-tu nous en dire plus sur les concours de talent que tu as remportés ?En 2015, une comédienne rencontrée à l’Atelier Juliette Moltes, Sylvie Desbois, est venue me voir pour me dire : « J’aimerais monter une pièce de théâtre : Toby ou le saut du chien. C’est une comédie dramatique de Fréderic Sonntag. J’aimerais la monter et que tu interprètes le rôle principal. » Elle m’avait envoyé le texte mais je n’avais pas eu le temps de le lire. C’était un petit secret mais elle le sait maintenant. J’étais tellement excitée à l’idée d’avoir un rôle que je lui ai dit : « Mais bien sûr que je suis partante ! Je le fais ! ». Puis j’ai lu la pièce et j’ai compris que j’allais jouer le rôle d’un comédien et chanteur sur le déclin, en proie à sa schizophrénie et suicidaire. J’ai beaucoup douté de ma capacité à relever le défi mais à force de travail, je me suis attachée au personnage.
Elle a voulu présenter cette pièce dans le cadre de la seconde édition du Festival Le Printemps des Arts. Le projet était assez ambitieux et particulier puisque nous n’étions que des femmes sur le plateau à jouer notamment des rôles d’hommes. Il y avait un vrai parti pris dans la mise en scène. Nous sommes finalement reparties avec le Prix du Jury. J’ai même remporté le Tennessee Williams du Meilleur Espoir Féminin. La direction de l’Auguste Théâtre a souhaité programmer la pièce sur plusieurs dates, à partir de septembre 2015. Ce fut une réussite.
En 2016, j’ai remporté le Talent de Ménilmontant aux côtés de Soulaymane Rkiba. Passer des scènes ouvertes où on joue 10 minutes à 1 heure de spectacle, cela n’a rien à voir et c’était très formateur.
Quelles sont tes influences ?J’aime beaucoup ce que font Mustapha El Atrassi, Fary, Gad Elmaleh ou encore Florence Foresti. Ne m’attendant pas à me tourner vers l’humour, je n’y connaissais pas grand-chose avant de démarrer. J’ai découvert le stand-up il y a peu et me suis régalée devant les spectacles de Dave Chapelle ou Amy Schumer. On a aussi de vrais talents en France. Je suis très admirative du travail de beaucoup d’humoristes que je croise en scènes ouvertes et dont l’écriture et la présence m’impressionnent.
Pour ce qui est du cinéma, il y a une multitude d’acteurs et de metteurs en scène avec lesquels je rêverais de travailler. J’aime les acteurs qu’on ne reconnait pas d’un film à l’autre, tels que Marion Cotillard ou Di Caprio, ainsi que ceux qui bouleversent le paysage audiovisuel, tels que les actrices de la série Orange is the New Black ou celles du film Je danserai si je veux de Maysaloun Hamoud.
Une anecdote sur scène ?
Je devais jouer lors d’une scène ouverte au Théâtre Le Bout, il y a quelques années. J’arrive un peu en avance et je demande qu’on m’indique les loges. J'ai du mal comprendre. Pensant me rendre dans les loges je fais irruption sur scène pendant le spectacle d’un humoriste. Le public et l’humoriste n’ont rien comprisJ’en ris encore.
Quels sont tes projets du moment ? Je reviens tout juste du Festigital, un festival d’humour en live sur les réseaux sociaux qui a été créé par Camille Lellouche. On a joué à Hyères sur la plage dans des conditions de rêve. C’était l’occasion pour moi de rencontrer le public hyérois mais aussi d’être plus connectée que jamais. J’en garde un excellent souvenir et espère être de retour l’année prochaine. On pourra également me retrouver le 3 juillet pour la troisième édition de RIRES à l’Espace Rachi. Je travaille actuellement sur mon spectacle que je jouerai à partir de mi-septembre, jusqu’à début janvier à la Comédie des Trois Bornes. J’ai également tourné dans un long-métrage qui s’appelle Madame, réalisé par Amanda Sthers, avec notamment Rossy de Palma, Harvey Keitel et Toni Colette. Le film, au casting international et en langue anglaise, sort en France le 22 novembre. Comment te vois-tu dans 10 ans ?Je me vois épanouie dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée. C’est très important d’avoir un bon équilibre. J’espère avoir de beaux rôles à défendre que ça soit en France ou à l’étranger. Je parle anglais et espagnol couramment. Ma première expérience dans le film Madame était en anglais. J’adore le cinéma espagnol, italien, américain ou encore israélien.
Je ne me vois pas oublier la scène pour autant. Je pense qu’une fois sur scène on a beaucoup de mal à la quitter. Ensuite pourquoi pas écrire ou réaliser, j’ai cet amour de la création qui ne se cantonne pas à un seul domaine.
Je fais ce métier par passion, ce que je veux c’est toucher les gens, leur faire du bien et me faire du bien. Si je peux aider d’une manière ou d’une autre en véhiculant des messages qui me tiennent à cœur, j’aurai tout gagné.
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