Le 22 mars à 14h30, le rendez-vous était pris avec Tristan Lopin. Nous décidons de partir tranquillement à pied pour le retrouver au Café Pause, rue de Charonne. C’est les premiers beaux jours de l’année, il fait bon, il y a du soleil, les terrasses sont bondées. Ahhhh Paris avec le beau temps… Nous arrivons au lieu de rendez-vous, on s’installe tranquillement à l’intérieur du café. Et voilà Tristan qui arrive…
Commence par nous parler un peu de toi, comment en es-tu arrivé là ?
Moi à la base j’étais costumier dans le cinéma et j’ai bossé également sur plusieurs courts métrages, longs métrages. J’ai fais un court-métrage avec Bérengère Krief, juste avant qu’elle joue dans Bref. À ce moment là, elle jouait dans un Pipe show à Pigalle, elle n’était pas du tout connue encore. En parallèle, j’écrivais une rubrique sur internet, pour un blog de pote, dans l’esprit un peu Sex And The City, proche de l’esprit de mon spectacle. Bérangère a lu certains de mes articles, et elle m’a dit « Avec ton tempérament, tu devrais essayer de monter sur scène ».
C’est venu comme ça, j’ai commencé à prendre des cours du soir à l’école du One Man Show, trois heures par semaine. La deuxième année, c’est là-bas que j’ai rencontré mon metteur en scène, qui était à la base le metteur en scène de Bérengère Krief. Il m’a dit « si tu cherches vraiment à monter un spectacle, sérieusement, moi ça m’intéresse de le mettre en scène. ». C’est comme cela que c’est venu.
Tu n’avais jamais pensé à faire de la scène avant ?
Non, je n’y avais jamais pensé. A la base, je voulais être réalisateur. Donc j’ai fait des études de cinéma pour ça. J’ai toujours voulu raconter des histoires, mais surtout des histoires tristes quand je voulais faire du cinéma. J’adore le cinéma Iranien par exemple, je suis un peu du genre prise de tête. Je voulais faire des films dans cet esprit là. Comme j’aime bien tout contrôler, sur les deux films que j’avais réalisé, je me suis aperçu qu’il y avait un truc d’un peu frustrant, parce que, tu ne contrôles pas tout.
C'est ainsi pour cela que quand j’ai commencé à écrire le spectacle, je me suis dit que c’était vraiment le seul moment où j’ai cette capacité de pouvoir tout contrôler. C’est moi qui écrit et interprète, donc je dis ce que je veux et si ça marche pas en tout cas, c’est moi qui suis responsable. Je n’ai personne à blâmer. Finalement c'est assez cool, même si je pense quand même à peut être réécrire des courts-métrages, à y retourner un petit peu.
Parles-nous de ta première scène.
C’était il y a trois ans. La première fois que j’ai joué un sketch en public, dans un truc où je ne connaissais personne, je crois que c’était à l’Underground Comedy Club, qui était avant près de Étienne Marcel. C’est des potes qui l’ont créé. J'ai pu venir tester mes premiers sketchs.
Ton premier spectacle Tristan Lopin pense comme une nana, le second Dépendance affective. Qu’est-ce qui a évolué entre les deux ?
En fait, c’est un peu une version améliorer maintenant. C’est un prolongement. Il y a beaucoup de texte qui a changé, il y en a que j’ai gardé, mais ça a évolué. La forme du spectacle a changé, l’affiche a changé et la fin aussi qui a un petit peu changé. Mais c’est chouette, c’est un prolongement, c’est le spectacle qui évolue, donc c’est cool.
Est-ce que tu penses que tes vidéos Facebook ont un rapport avec le succès de ton spectacle ?
Oui c’est sûr ! Ce sont les vidéos qui remplissent mes salles. Comme les vidéos ce n’est pas comme le spectacle, mais le personnage reste dans l’univers, les gens sont rarement déçus finalement. Ils retrouvent le personnage, des thèmes communs, ça me permet vraiment de faire un lien, c’est ça qui est cool.
Quelles sont tes références humoristiques ?
Muriel Robin, Elie Kakou, j’aime bien également Valérie Lemercier, et puis dans les séries, ce qu’on voit sur Internet, j’aime bien Le cœur a ses raisons (Une série Québécoise ndlr). Foresti aussi évidemment, enfin plus au début que maintenant.
Dans tes vidéos, tu parles beaucoup d’actualité. Tu essaies de faire passer un message avec humour.
J’essaie quand même de rester neutre. Je prends toujours un sujet et je me dis, pourquoi est-ce que moi je trouve ça ahurissant ? Je pose les problématiques à plat comme ça et je me dis, pourquoi je trouve ça complètement décalé. Du coup, j’en parle comme ça. Je pense que c’est ce côté très simple, ce postulat de base, qui fait que les gens s’y retrouvent. Genre Fillon… Pourquoi est-ce que tout le monde trouve ça hallucinant ? Juste le mec se vend comme hyper droit depuis Mathusalem, alors qu’en fait c’est la pire des enflures. Limite Sarkozy à côté, passerait presque pour un ange… Presque, on n’y est pas encore hein.
Quelle importance accordes-tu aux réseaux sociaux ?
C’est indispensable. En plus pour moi, maintenant les gens ont vachement besoin d’avoir un contact avec l’artiste quel qu’il soit. Les gens sont tout le temps dessus. Ils ont toujours besoin d’avoir ce sentiment qu’on est constamment en connexion. Cela crée des liens. De toute façon, maintenant, les gens créent des liens via les réseaux sociaux, c’est horrible, même ils se parlent beaucoup moins et échangent beaucoup moins dans la vraie vie. Attirer du public sans les réseaux sociaux, c’est devenu impensable.
D’ailleurs, qui est la personne à qui tu téléphones dans tes vidéos ?
Personne en particulier. Je pense que c’est mes copines. J’imagine que c’est un mélange de toutes mes copines, avec qui tu passes trois quarts d’heures au téléphone, à parler de tout et n’importe quoi et puis tu raccroches et tu la re-texte 10 minutes après.
Les personnages de tes vidéos ?
Tous ces personnages, que ça soit les nanas, les mecs, que je caricature un peu, c’est gens qu’on est tous un peu quelque part. Dans ma dernière vidéo, j’ai reçu un message d’un mec je crois, qui m'a dit « Ah oui, tu joues le rôle d’une blonde un peu écervelée sur le sidaction machin, pourquoi est-ce c’est jamais des mecs ?! ». Alors que ce n’est même pas vrai en plus. Cette nana là, elle n’est pas du tout écervelée, genre je la joue un peu Bourgeoise justement, un peu assoiffé de ragots etc... Juste après, il y a un type en blouson en daim, improbable, qui dit « évidemment qu’il faut accueillir les gens, les migrants, les réfugiés, qui fuient la guerre. » Finalement, personne ne fait rien autour de nous, même moi. Tous ces personnages, c’est nous.
Quels sont tes projets ?
Je continue mon spectacle jusqu’à fin avril. Il reprend mi-juin, jusqu’à la fin de l’année, toujours au théâtre du Marais. Sinon, je suis en pleine écriture d'un livre ! Ça va parler un peu des ruptures amoureuses, de la dépendance affective, ça va tourner un peu autour du spectacle finalement. Avec des conseils, les playlists à écouter, assez ludique... Je suis assez content, parce que je pense que ça peut être un truc que les gens vont kiffer. La sortie est prévue pour le printemps 2018 ! Enfin, je continue à publier mes vidéos sur Facebook.
Ça fait beaucoup de choses !
Ca fait beaucoup de choses ouais, mais tant mieux. J’adore être surmené. C’est très bien.
Retrouvez Tristan Lopin, du jeudi au samedi à 21h30 au Théâtre du Marais.