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Umut : "Sur scène, c’est la vulnérabilité qui prime"

Il voulait être footballeur mais c'est finalement dans la comédie qu'Umut trace sa route. Depuis trois ans, micro à la main, il arpente les scènes pour "coucher" les spectateurs avec ses vannes. Sous ses airs de type froid et réservé, se cache quelqu'un de chaleureux et réfléchi. Rencontre avec un faux débonnaire.

À quoi ressemblait votre vie avant le stand-up ?

Je viens de loin. J’ai d’abord fait pas mal d’études : BEP puis Bac Pro Vente, BTS Communication pour terminer avec un Master (UX) Designer. Parallèlement à mes études, j'ai commencé la scène. Au départ, je voulais être footballeur professionnel mais j’avais aussi la scène dans un coin de ma tête. Je me disais que si je ne pouvais pas faire carrière dans le ballon rond, je me tournerais vers le spectacle.

Quand avez-vous abandonné l’idée de devenir footballeur ?

C’est arrivé suite à deux refus pour intégrer des clubs pro en Turquie. Une fois à cause des problèmes que le club avait engendrés quand j’avais 15 ans. La deuxième fois à cause d’une pubalgie. Cette blessure m’a empêché d’être prêt pour la journée de détection. Comme mes études se poursuivaient bien, ma mère m'a conseillé de continuer dans cette voie.

D’où vient cette passion pour la comédie ?

Depuis tout petit à la maison, j'ai été bercé par des films de Kemal Sunal, un grand comédien turc. Je m'amusais à l'imiter dans mon salon. Mes parents me disaient que j’étais doué pour la comédie et que je devais faire du théâtre. C’est resté dans un coin de ma tête et j’ai commencé à me passionner pour la comédie. La vie a fait en sorte que je découvre la scène via des rencontres. Quand j'avais 16-17 ans, mon prof de français qui donnait des cours de théâtre m’avait proposé de venir à ses cours, car il savait que j’étais passionné de comédie.

Je lui ai demandé : « Comment savoir si on est marrant ? ». Pendant un cours, il m’a appelé au tableau. Il m’a dit :  « Maintenant, vas-y, parle ! ». J’ai juste dit : « Bonjour, je m’appelle Umut ». Tout le monde dans le classe a rigolé. Il m’a dit : « Tu vois, tu es drôle. »

J'avais 24 ans. J’avais déjà vu plein de spectacles. Quand j’ai vu celui de Fary à Bobino en 2015, je me suis dit : « Si lui y arrive, pourquoi ne pas essayer ? »

Quels autres signes ont renforcé en vous l’idée de faire de la comédie ?

Par exemple, le fait que je travaille et que cela ne me plaise pas. J’étais en alternance et je ne supportais pas l’idée d’exécuter les ordres des autres. Ma mère a également insisté pour que je continue la comédie. Elle a vu que c’était pour moi. Tout a été aligné pour que je fasse de la comédie. Je me suis dit : « Quoi qu’il arrive, c’est fait pour moi et je dois y travailler pour y arriver». 

À quel moment avez-vous su que vous étiez fait pour faire du stand-up ?

J'avais 24 ans. J’avais déjà vu plein de spectacles. Quand j’ai vu celui de Fary à Bobino en 2015, je me suis dit : « Si lui y arrive, pourquoi ne pas essayer ? ». Voir quelqu'un du même milieu social capable de monter sur scène m'a motivé à me lancer. 

Quelles sont vos références en stand-up ?

Comme toute personne de ma génération, j'ai commencé  à découvrir le stand-up avec le spectacle 100% Debbouze. Ensuite, avec la première saison du Jamel Comedy Club. Aujourd'hui, je me tourne plus vers le stand-up américain avec des artistes tel que Dave Chappelle, Bill Burr, George Carlin... Sinon, en Turquie la référence reste Cem Yilmaz.

En quoi le stand-up turc diffère du stand-up français ?

Les Turcs ne dissocient pas le théâtre et le stand-up. Pour eux, le stand-up fait partie du théâtre contrairement à la France. De toute manière, le stand-up c'est exactement la même chose dans le monde. Il y a juste des expressions corporelles ou verbales, et les thèmes qui diffèrent selon les cultures.

Le stand-up, c’est aussi le mental. Quand tu montes sur scène, soit tu couches le public avec tes vannes, soit il te couche. Tout en restant humble et normal, bien-sûr.

En quoi le Umut sur scène est-il différent de celui dans la vie ?

Pour moi, il n’y a rien qui change. Ce côté froid fait partie de moi. Ce n’est pas un rôle que je joue sur scène. Je dirais que c’est une partie de moi qui est accentuée. Vis-à-vis de mes proches, je suis bien plus chaleureux. Cet aspect froid peut être une force. Sur scène, c’est la vulnérabilité qui prime. Plus tu es vulnérable, plus tu es beau à voir. Ce côté froid, ne fait pas partie de mon éducation. Mes parents m’ont appris à être chaleureux.

"Le stand-up, c’est aussi le mental. Quand tu montes sur scène, soit tu couches le public avec tes vannes, soit il te couche."

Vous travaillez en équipe, pourquoi ce choix ? Sachant que le stand-up est une discipline qui se pratique souvent en solitaire...

J’ai décidé de travailler avec mes amis d’enfance. Je suis entouré des personnes à qui je peux faire confiance. C’est un milieu où si on peut te mettre des bâtons dans les roues, on t’en met. Au final, c’est chacun pour soi. Mes amis ne sont pas avec moi par intérêt. Si demain j’arrête la scène, ils seront toujours là. C’est pour cela que je suis beaucoup en famille. En Turquie et dans la Méditerranée, on fonctionne comme ça. D’ailleurs, quand j’ai vu Le Parrain, je me suis dit que les Italiens sont comme les Turcs, sauf qu’ils mangent du jambon et nous du soudjouk.

Quelles sont les personnes qui vous inspirent ?

Chaque être humain que je rencontre dans ma vie m’inspire. Que ce soit en bien ou en mal. Il y a toujours une expérience à retenir. Cela peut partir de Bob Marley, en passant par Jacques Brel ou Ahmet Kaya, (un artiste kurde). Après, comme je compare le stand-up au sport, je me compare à des grands sportifs qui ont des mentalités de tueurs. Par exemple, Khabib Nurmagomedov, Cristiano Ronaldo, Anthony Joshua. Tout peut être source d'inspiration. Je peux la trouver dans la nature, une altère que je soulève. Je prends tout ce qu’il y a sur terre.

Votre anecdote la plus marrante sur scène ? 

Un jour, je jouais en Chicha. Comme par hasard, je devais monter sur scène après un concours de twerk. Il y avait une fille sur scène qui twerkait et tout le monde applaudissait. Le public était en fusion et quand je suis monté ensuite avec ma barbe plus personne ne m’écoutait, c’était très dur.

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Il joue actuellement son 30/30 avec Younes Depardieu au Théâtre Le Point Virgule

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