file.jpeg

Wary Nichen : "J’ai toujours été attiré par le côté artistique"

Il aurait pu faire carrière en tant qu'ingénieur dans les télécoms mais Wary Nichen a préféré se lancer dans le stand-up. Après des débuts réussis au Québec, l'humoriste d'origine Oranaise  est passé par Londres, avant de poser son Guembri à Paris. Rencontre avec un humoriste mélomane.

Comment avez-vous commencé la scène ?

Avant j'étais dans les télécoms. Tout d’abord, dans la recherche, après j’ai travaillé dans l’industrie sur des projets, en tant qu’ingénieur. J’aimais bien ce boulot, je ne me voyais pas à long terme dedans. D’ailleurs, j’ai commencé dans les bureaux et je suis parti sur le terrain. Je pouvais voyager et ne pas rester uniquement dans le monde du travail. Depuis tout petit, j’ai toujours été attiré par le côté artistique. Je ne l'avais jamais assez développé car je cherchais la sécurité. En 2011, je me suis dis soit j’arrête et je me lance dedans, sinon ce sera trop tard.

Et comment s’est mis en place le premier sketch ?

Je l’ai écrit dans un petit carnet. J’ai commencé à écrire et je trouvais cela bizarre. Je n'écris pas tout le texte mais plus des mots clés, des idées. J’avais beaucoup de mal à écrire quelque chose, je me demandais comment faire. Ma première scène a eu lieu dans des circonstances bizarres. L’organisateur m’avait proposé de faire une scène qui se déroulait sous forme de concours avec 3 humoristes, dont moi. Pour y participer il fallait acheter des billets et les revendre. Tu avais la possibilité de gagner 200 dollars. Je prends les billets et je parviens à les vendre, sauf que le jour J, une quatrième personne qui n’était pas prévue arrive et déchire la scène, puis gagne le concours. Je me suis rendu compte plus tard que la personne était déjà du milieu et connaissait l’organisateur. 

Pourtant cela ne vous a pas découragé...

Non, j’ai enchaîné d’autres scènes. Avec un pote, j’avais une astuce pour faire de la scène. On s’incrustait dans une scène ouverte de Slam où je jouais 10 minutes. Petit à petit le réseau s’élargissait et je commençais à être contacté par d’autres personnes. Puis j’ai commencé à organiser des soirées.  J’ai fait la connaissance du théâtre Sainte-Catherine de Montréal, où on a monté une troupe d’impro. Je suis revenu en Europe car j’avais une offre dans les télécoms très intéressante et il fallait que je gagne un peu ma vie à ce moment. 


Comment se passe ce retour en Europe ?

Je m’installe à Londres pour le boulot mais je venais souvent à Paris. Je n’ai pas lâché pour autant la scène, étant entre deux pays, j’en profitais pour jouer en Français et en Anglais. Londres m’a permis de tester certain type de vannes auprès du public pour voir ce qui peut etre universel et ce qu’il l’est moins.

Pas trop durs les débuts à Paris. Le public parisien étant réputé plus exigeant...

Ma première scène française, c’était en première partie de Bun Hay Mean, à la nouvelle Seine. On s’était croisé sur une scène Montréalaise avant ma venue et il m’a gentiment invité. Faire du Stand Up est un peu plus dur en France qu’au Québec c’est clair. Là-bas, ils sont déjà plus habitués au format, ils sont amateurs de vannes et pas besoin de relier les vannes. En France, il est important d’avoir un fil conducteur, apprendre à bien te présenter. Le parisiens peut apprécier mais il est moins expressif. 

Dans Diwan Man Show votre premier spectacle vous aviez ramené  un Guembri sur scène...

J’ai toujours aimé cette musique. Le Guembri est mon premier instrument. Je l’ai acheté sur eBay, sauf qu’au début je ne savais comment m’en servir. Je croyais que je m’étais fait avoir. Bon j’ai appris par le vendeur qu’il fallait chauffer la peau et la scratcher pour en jouer. Cela m’a pris du temps à apprivoiser mais cela m’a permis d’apprendre des choses sur la culture gnawa. Les chansons sont assez tristes, elles traitent d’exil, de la religion mais il y a un côté poétique. 

Quelles sont vos références ?

Au début c’était Fellag, Billa Houdoud qui était une émission de sketchs en Algérie. Cela a marqué toute une génération. Je suivais beaucoup l’humour français aussi, comme les Inconnus. Je suis un fan d’humour avant tout et je suis assez ouvert à tout. Il y a des choses que je ne pourrais pas faire sur scène mais que je peux apprécier en tant que spectateur. J’aime aussi bien-sûr le stand-up américain et les séries mais malheureusement, je n’ai pas beaucoup de temps d'être à jour. Je n’ai pas pu continuer Dexter, House of Cards, voire Game of Thrones.

 

Vous avez des origines Oranaises. Comment caractériser cet humour ?

A Oran on kiffe la vanne et on la pratique tout le temps : en famille, entre amis et toute la journée. J’ai grandi dans cela. On avait un prof qui était un des plus gros vanneurs que j’ai connus. L’Oranais quand il sort de chez lui, il pense que tout le monde veut avoir sa peau. Dès que tu lui poses une question, il essaie de te répondre en vanne. Sur scène, tout le monde t’attend au tournant, donc tu dois préparer tes vannes, voire ne pas hesiter à « s’autovanner ».

L’anecdote la plus marquante sur scène ?

Une des premières fois que je jouais en anglais, cela se passe super bien. La deuxième fois, je suis dans un pub et c’est un vrai carton. A tel point qu’une des comédiennes me propose de rejouer toute de syuite après dans un autre plateau. La fille arrive à me vendre et se porte garante. Je fais le même sketch qui avait cartonné et je fais un bide total. Et le Host a regardé la comédienne et lui un truc du style : " Tu t’es porté garante pour ça ?"

Vous pouvez également retrouver toutes les infos sur son site Internet.

 

Retour au blog