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Aurélia Decker

Rencontre avec Aurélia Decker : « Je trouve magique de faire rire les gens sans dire un mot »

L’humoriste et comédienne Aurélia Decker revient sur le devant de la scène et présente aujourd’hui un nouveau seule-en-scène en rodage intitulé Femme toi-même !. Passée par la capitale pour jouer quelques représentations au théâtre Darius Milhaud, nous l’avons rencontrée pour en apprendre plus sur les coulisses de ce spectacle. 

Vous avez joué votre seule-en-scène Femme toi-même ! au Théâtre Darius Milhaud à Paris. Quels retours avez-vous eu ?

Tous les retours ont été très bienveillants et c’est encourageant car le spectacle est encore en rodage. L’idée maintenant, est d’essayer de tailler et d’affiner de nouveau, et de rendre encore plus clair mon propos.

Les parties visuelles ont beaucoup plu car c’est quelque chose qu’on voit moins chez les autres humoristes, et le public est toujours en recherche de singularité !

Vous dépeignez de nombreuses femmes dans votre spectacle…

Aujourd’hui, on en demande beaucoup à la femme ! Il faut être à la fois mère, pute, maîtresse, femme d’affaire … Et essayer de gérer sur tous les fronts !

Pour ce spectacle, l’idée était de proposer des portraits de femmes qui se sont affranchies de ces injonctions. Elles assument qui elles sont, elles avancent et nous montrent un autre style de féminisme.

Une de ces femmes vous ressemble-t-elle particulièrement ?

Je suis un peu toutes ces femmes et aucune à la fois ! Et à travers elles, je parle aussi de moi !

On nous demande souvent d’avoir un avis très tranché sur des faits de société ou une posture forte. En tant qu’interprète, je suis plus dans l’interrogation ce qui me permet de ne pas juger mes personnages et je prône le droit de ne pas forcément avoir un avis sur tout mais de m’interroger ! Un peu comme un enfant !

 

© Vincent Thomas

Parmi tous ces personnages, lequel préférez-vous interpréter ?

Je les aime tous mais j’avoue que le pétage de plomb de la femme de Benjamin Grivaux est jouissif à jouer ! Et je m’amuse beaucoup avec les parties visuelles ! 

Qu’aimez-vous dans ces moments de silence ?

Je trouve ça incroyable et magique de faire rire les gens sans dire un mot. Par les expressions du visage ou du corps, tu arrives à donner vie à la situation, les gens comprennent ce que tu es en train de vivre sur scène et ils s’identifient.

Pour ce spectacle, l’idée était de proposer des portraits de femmes qui se sont affranchies de ces injonctions

Tu peux même emmener les spectateurs vers quelque chose de plus engagé sans forcément parler. Quelqu’un qui est étranger pourrait rire de la situation qu’il voit sur scène.

Comment avez-vous appris ce jeu non verbal ?

Je n’ai pris aucune formation mais je me suis inspirée du travail de Patrice Thibaud qui a travaillé avec Jérôme Deschamps (un des créateurs de la série les Deschiens [n.d.l.r]). Il a fait un sketch dans lequel il interprète l’arbitre de football et où il refait toute une partie de foot. On a vraiment l’impression d’assister à un match !

Je lui avais demandé s’il y avait une formation à faire et il m’avait répondu : « Non au contraire, si tu arrives à faire du jeu non verbal, ne commence pas à faire du mime parce que ça va t’emmener vers autre chose ».

Comment avez-vous construit ce spectacle ?

J’ai commencé à écrire mon spectacle avant le premier confinement avec mon metteur en scène Philippe Ferran. J’avais quatre dates à Marseille dans un café-théâtre pour mars 2020.

Le fait qu’on ne puisse pas jouer pendant un an et demi m’a donné encore plus envie de lâcher prise

Au final, tout a été annulé. On s’est remis à écrire pendant le premier confinement. J’avais d’autres idées de sketchs et on avait un gros problème : on ne savait pas quoi faire des anciens sketchs.

A un moment donné, on s’est dit : « Pourquoi on ne prend pas la période qu’on est en train de vivre pour l’intégrer dans le spectacle ? ». On a pensé raconter l’histoire d’une meuf qui a écrit un spectacle et qui a été plusieurs fois reporté. Quand elle commence la représentation, elle s’emmêle les pinceaux et elle ne sait plus ce qu’elle doit jouer parce qu’il y a eu toute cette période, tout ce bordel. Elle ne sait plus aussi où elle en est dans son féminisme, qui elle est en tant que femme. Cette ligne conductrice nous a permis, dans un premier temps, de reprendre les anciens sketchs et de mettre un spectacle en place.

En tant que comédienne, j’avais envie de donner une grande place au jeu. Que ce soit le stand up mais aussi le jeu de personnage ou visuel. Je crois que tout ce qu’il s’est passé avec la pandémie, le fait qu’on ne puisse pas jouer pendant un an et demi, m’a donné encore plus envie de lâcher prise et de revenir à une idée de « show ». Je voulais explorer différentes formes d’humour.

Vous travaillez avec votre metteur en scène, Philippe Ferran, depuis dix ans. Qu’avez-vous appris à ses côtés ?

Un peu tout en fait : la sincérité du jeu, le rapport avec le public, la précision dans l’écriture et plein de petits « tips » pour rendre une situation parlée ou visuelle DRÔLE !

Il a travaillé 15 ans avec Jacques Villeret et m’a transmis beaucoup de choses de leur travail !

 

© Vincent Thomas

Ce que j’aime bien avec Philippe Ferran, c’est qu’on appréhende les sketchs comme les comédiens travaillent une pièce de théâtre. Après, contrairement aux pièces de théâtre, on a beaucoup travaillé le rapport avec le public. C’est un exercice très difficile pour moi. Il y a dix ans, je faisais des sketchs fermés. Je parlais avec des personnages. Alors casser le quatrième mur a été très long. J’admire beaucoup les stand-uppeurs qui parviennent facilement à créer le lien artiste-public !

Comment arrivez-vous à créer ce lien ?

J’essaie de me raconter des histoires, de me dire que je parle à des ami.e.s ou à des personnes de ma famille, qu’on est à la fin d’un dîner ou posé.e.s dans mon salon.

Quel.le humoriste avez-vous découvert récemment ?

Ali Wong ! C’est une américaine que j’adore, et que j’ai découverte sur Netflix quand j’étais enceinte. Dans ses deux spectacles, elle est aussi enceinte, et de 7 mois !

Je suis un peu toutes ces femmes et aucune à la fois !

Elle est vraiment délicieusement trash et maîtrise tellement son art ! Cela semble si facile pour elle !

Quels sont vos futurs projets ?

Je vais jouer Femme, toi-même ! au Festival de Tournon-sur-Rhône le 20 août. Puis, j’ai de belles dates de tournée dès le mois de Février. (Marseille, Rennes, Montauban…)

A Paris je reviendrai faire quelques show cases car vu la conjoncture actuelle, c’est un peu difficile d’envisager de s’y produire et il y a un embouteillage de spectacles !

 

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© Vincent Thomas